C’était au printemps, il me semble. Un jeune randonneur, dans les Pyrénées, se trouve nez à nez avec une ourse, à quelques mètres. Il ne panique pas, accepte le face à face. Il a ses bâtons de marche, il se dresse. L’ourse réfléchit, peut-être sait-elle – du fond des âges — que tuer un homme implique qu’elle sera abattue par les autres. Elle se détourne et suit son chemin. Ouf.
Une belle histoire où chacun se jauge, se mesure, se respecte, pour finalement ne pas combattre. Une histoire d’homme, semblable à celles que véhiculent nos légendes.
C’est ainsi que le monde libre a été formé, c’est ainsi que notre société est organisée, autour du courage, de l’honneur, de la raison, des miracles individuels.
C’était il y a peu, quelques jours, un agriculteur bouscule avec son tracteur un nid de frelons asiatiques. Ils l’attaquent et le tuent.
C’est la moche histoire d’une nuée dont chaque membre pique et fuit, où la victime n’a pas d’adversaire en face d’elle mais un groupe que la multitude rend aveugle, où la mécanique suppléait au respect, où rien n’est possible hors ce qui est, mécaniquement.
Ces deux faits-divers m’ont marqué tant ils symbolisent ce que je ressens profondément.
Nous avons quitté le monde que j’aimais, celui des affrontements entre hommes débouchant sur des luttes ou des alliances, mais toujours réfléchies, lucides ou rêvées mais intensives, quelquefois décisives, toujours compréhensibles, justifiables.
C’était le monde des ours et des brebis, des hommes aussi.
Nous sommes entrés dans le monde des frelons asiatiques.
Ces animaux qui se mettent en vol stationnaire devant les ruches pour couper en deux les abeilles sortantes et finalement aller voler leur miel.
Ils vivent en essaim, nul chez eux n’est responsable, nul n’affronte le danger, chacun frappe et fuit immédiatement, le cumul de leurs frappes tue, sans qu’un seul puisse être désigné comme responsable. Pour s’en défendre, il faut tuer toute la colonie avant qu’elle ne vous tue.
C’est une erreur de faire toujours référence aux Nazis, au fascisme, au communisme, tout cela est du passé. A la base de ces folies il y avait un objectif, un rêve ou un cauchemar.
Aujourd’hui, ni rêve ni utopie, juste une méthode, une organisation structurelle qui nous attaque, nous réduit : la fonction publique.
Le fisc, la justice qui le couvre, les égalitaristes qui les motivent, le fatras des fonctionnaires et des élus, sont tous des frelons asiatiques.
Comme eux ils attaquent sans autre justificatif que la défense de leur essaim, ils fuient dès après l’attaque, immédiatement d’autres leur succèdent. Nous sommes tués par le nombre anonyme, sans qu’un coupable puisse être désigné.
Je n’aime pas les frelons asiatiques. J’en ai dans mon jardin. Je les piège au printemps et à l’automne. Mais ce n’est pas suffisant. Heureusement, il reste l’hiver. Là j’ai la paix, ils se terrent.
Je vois arriver l’hiver de notre société à grand pas, les frelons vont morfler.
Bien à vous. H. Dumas
Je pense que face à l’ours la personne a osé l’affronter. Rappel: Sénèque “long time ago” disait “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles”. En fait ceux (Les politiques) qui dirigent n’osent plus, ils ne font que parler, ils ne savent plus agir, c’est agir qui a été notre moteur ainsi que du Général Charles de Gaulle et autres.