- Les origines de la solidarité fiscale
La solidarité fiscale, instaurée en France en 1938, trouve ses racines dans un contexte historique où la femme mariée était juridiquement considérée comme incapable. L’objectif était alors de responsabiliser les époux pour garantir le paiement des impôts familiaux, prévenant ainsi les stratégies d’insolvabilité du mari par le transfert de revenus à son épouse. Ce dispositif se voulait un outil d’efficacité administrative et de lutte contre la fraude, reposant sur une vision patriarcale et collective du couple.
Cependant, avec l’évolution des droits civils et fiscaux, la pertinence de ce mécanisme a disparu. En droit civil, la solidarité est une exception, non la règle. Pourtant, dans le droit fiscal français, elle demeure imposée aux couples mariés ou pacsés, quel que soit leur régime matrimonial, reflétant une anomalie persistante.
- Un outil détourné afin de garantir le recouvrement de l’impôt à tout prix
Bien que justifiée initialement par la lutte contre la fraude fiscale, la solidarité fiscale est aujourd’hui principalement un moyen pour l’État de maximiser le recouvrement des impôts. Le Trésor public peut demander à l’un des membres du couple, au choix, le paiement intégral des dettes fiscales du foyer. Cela transfère ainsi le risque d’insolvabilité d’un conjoint vers l’autre, souvent le plus vulnérable.
Ce dispositif fait primer les intérêts financiers de l’État sur ceux des contribuables. Il repose sur une logique d’efficacité au détriment des droits individuels, ignorant les inégalités économiques au sein des couples ou les situations particulières, comme les divorces conflictuels ou les cas de malversations commises par un conjoint.
- La réalité de la solidarité fiscale : injustice et violence pour les victimes
La solidarité fiscale a des conséquences lourdes et souvent dramatiques pour les victimes. Voici quelques exemples d’injustices :
- Charge financière inéquitable : Le conjoint le moins fortuné, souvent une femme, peut être contraint de payer les dettes fiscales issues des revenus ou du patrimoine de l’autre, sans en avoir bénéficié.
- Conséquences post-séparation : Même après une séparation, un ex-conjoint reste solidairement responsable des dettes fiscales contractées durant la vie commune, aggravant sa précarité.
- Atteinte aux garanties juridiques : Les actes fiscaux notifiés à l’un des conjoints sont opposables à l’autre, y compris en cas de non-communication, accentuant les situations d’injustice.
Ces situations, couplées à une inégalité structurelle entre les sexes (revenus, patrimoines), renforcent les discriminations économiques et sociales, et plongent nombre de victimes dans des situations de détresse.
- Les raisons qui justifient l’abrogation de ce dispositif
Plusieurs arguments plaident pour l’abolition de la solidarité fiscale :
- Absence de pertinence juridique : Ce mécanisme n’est plus adapté aux réalités des couples modernes, marqués par l’individualisation croissante des patrimoines.
- Discrimination entre contribuables : Les couples mariés ou pacsés subissent des obligations fiscales que les concubins notoires n’ont pas.
- Discrimination indirecte de genre : Les statistiques montrent que 92 % des victimes de ce dispositif sont des femmes. Cela reflète une inégalité économique structurelle entre les sexes, aggravée par un mécanisme qui expose les femmes à des charges financières injustes et disproportionnées. De plus, cette discrimination indirecte viole les engagements pris par la France en signant la Convention d’Istanbul, qui interdit explicitement toute forme de discrimination de genre. Par conséquent, ce dispositif est inconstitutionnel.
- Violation du principe de responsabilité individuelle, tel qu’exposé dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Nul n’est punissable que de son propre fait. » En appliquant des pénalités liées, par exemple, à l’origine de la fraude à un conjoint innocent, l’État viole ce principe fondamental. Une telle pratique impute des fautes individuelles à un tiers qui n’en est pas responsable, contrevenant ainsi aux droits fondamentaux garantis par la Déclaration.
- Protection insuffisante des individus : Le dispositif fait porter les conséquences des fraudes ou des dettes fiscales sur le conjoint le plus faible, au mépris des principes de justice fiscale.
- Exemples étrangers inspirants : De nombreux pays européens, comme l’Italie ou l’Espagne, ont opté pour l’imposition individuelle, évitant ainsi ces dérives. En Allemagne, le choix de l’imposition commune est laissé aux contribuables.
En bref
La solidarité fiscale, vestige d’une époque révolue, n’a plus sa place dans une société moderne et égalitaire. Elle constitue un outil injuste et violent, incompatible avec les principes fondamentaux de justice fiscale et d’égalité des droits. Il est temps de remettre en question ce dispositif et de plaider pour son abrogation au profit d’un système fiscal plus équitable et respectueux des individus.
Note de l’auteur :
Cet article vise à contribuer à un débat public constructif et informé sur le dispositif de solidarité fiscale en France. Les arguments présentés reposent sur des faits vérifiables, des références juridiques et des analyses personnelles. Ils n’ont pas pour objectif de porter atteinte à l’intégrité ou à la réputation de l’administration fiscale ou de toute autre institution publique. Les propos reflètent l’opinion de leur auteur et n’engagent pas les responsables ou gestionnaires du forum.
Mots clefs :
Solidarité fiscale, Impôt sur le revenu (IR), Dette fiscale, Trésor public, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), Convention d’Istanbul, Discrimination de genre, Responsabilité individuelle, Couples mariés et pacsés, Imposition commune, Décharge de solidarité fiscale, Inégalité économique, Justice fiscale, Code général des impôts (CGI) : articles 1691 bis, 6, 220, Livre des procédures fiscales (LPF) : articles L. 54 A, L. 247, Décisions du Conseil d’État : CE, 5 oct. 2016, n° 380432 (solidarité des époux)
A trente ans Maxime a déjà vécu la torture fiscale, conséquence logique de la terreur fiscale.
Mais il est encore dans la grotte fiscale de Platon.
Il veut croire que c’est une erreur législative, que Bercy n’a sans doute pas perçu la violence du drame, son illégalité.
Il ne fait pas le parallèle avec les lettres de cachet, leur inhumanité.
Il est intelligent, il écrit bien, il pense que l’acharnement du fisc est dans son cas accidentel, irréfléchi, mais que le fisc est probablement plus juste, plus réfléchi, quand il détruit le monde des affaires, sans doute fait de beaucoup de tricheurs…
Je suis heureux d’accueillir Maxime sur ce blog, je lui souhaite une vie ouverte, de conquêtes et d’ambitions, où il prendra fatalement la mesure de ce qu’est la terreur fiscale…
Quant à notre ami Doremieu, que dire face à cette lucidité et à ce calme olympien liés à sa légitimité de médecin, sorcier de nos sociétés… fatalement au-dessus.
J’ai 85 ans. Je suis chirurgien urologue depuis 1960. J’ai donc exercé 65 ans dont 20 ans en tant que retraité actif, soit afin d’aider six fois mes jeunes confrères libéraux, soit deux fois sur réquisition préfectorale de remplacer au pied levé des chefs de service d’urologie dégoutés et devenus démissionnaires.
J’ai eu cinq redressements fiscaux en 65 ans tous remplis de surprises. Lisez !
Le premier, en 1974, a été établi par un douanier commettant une escroquerie tellement évidente que les juges l’ont immédiatement mis en prison. Les sommes perdues par 18 plaignants identiques n’ont jamais été retrouvées.
Le dernier redressement en 2001-2011 était également un vaste escroquerie mais, cette fois, appuyée sur des arguments nombreux quoique tous entièrement fallacieux. Mes comptes bancaires ont été saisis de sorte que je ne pouvais plus exercer mon métier de 2002 à 2012.
Un premier avocat fiscaliste m’a fait tout perdre en première instance et également en grande partie en appel. Le juge de première instance, un homme brutal (qui m’a fait expulser du tribunal) est venu vingt ans plus tard chez moi se faire soigner d’un cancer de la prostate. Je n’ai fait aucune allusion au passé.
Les trois derniers intervenants étaient tous des gens en fait pas à leur place au service fiscal.
Le premier Loc. m’a montré les nombreux oublis de mon comptable et m’a donné un cours de fiscalité. Il remboursé 30 000 francs au lieu de me redresser.
Le second Mal sur le point de démissionner voulait savoir si je pouvais le faire entrer à l’orchestre municipal de ma ville. Il s’est ridiculisé en commission paritaire; passons.
Le troisième était un client de mon cabinet soigné pour impuissance. Il ne pouvait pas refuser le contrôle demandé par son chef sous peine de dévoiler ses soucis. Il a fait comme on le lui demandait : de nombreuses erreurs, en fait de grosses escroqueries. Mais en même temps il me disait comment je devais combattre les escroqueries.
Avec son aide; de 2002 à 2012 j’ai fait seul sans avocats ma défense. J’ai fait appel au CE. Lequel non seulement m’a accepté mais en plus à demandé au fisc responsable de rembourser toutes les saisies frauduleuses. Je pouvais aller au pénal. J’ai choisi de ne pas y aller en échange d’une pénalité que le fisc devait me rembourser à raison de 4,8 % des montants saisis. Un beau placement !
J’avoue que c’est très spécial. Mais j’encourage les gens à lire le rackett fiscal.