La Sécu a détruit la Ve République !

La Sécu a détruit la Ve République !

Les régimes politiques durent en général le temps d’une vie humaine, c’est-à-dire environ 75 ans. La monarchie britannique est l’exception qui, bien entendu, confirme la règle. La Ve République française est aujourd’hui âgée de 67 ans et tout naturellement va vers une fin prochaine. Pourtant son créateur, le général de Gaulle pensait l’avoir dotée de mécanismes lui permettant une longue durée de vie. Mais il n’avait pas prévu les effets délétères de la Sécurité sociale. Il pensait que ce système « était bon pour un million de pauvres types ». A partir du moment où l’on avait étendu à toute la population, la règle de base était transgressée et cette république ne pouvait plus durer au-delà de la moyenne.

La Ve République a eu sa chance. En 1967, la Sécu accumulait les déficits et Georges Pompidou décida de confier à Jean-Marcel Jeanneney une mission de redressement. Il scellait ainsi non seulement le destin de la Sécu, mais aussi celui de l’Etat. A l’époque, on ne lisait guère Frédéric Bastiat. Dès le 19e siècle, celui-ci avait prédit que l’intrusion de l’Etat détruirait le caractère mutualiste de la Sécurité sociale en la coupant de ses adhérents. C’est ce qui s’est passé un siècle plus tard. Aujourd’hui, la Sécu n’est plus qu’un système étatique qui continue d’accumuler les déficits et qui détruit le pays.

Pompidou aurait dû laisser l’administration de la Sécu aux syndicats et la priver de son monopole. Elle aurait ainsi pu survivre ou disparaître, mais elle n’aurait pas détruit la République. De Gaulle était encore en fonction en 1967. Il n’aurait pas dû laisser faire Pompidou. Mais il était vieux et fatigué. Le destin de la République était scellé, mais le Général n’eut pas le chagrin d’assister à son agonie.

Le traité de l’Acte unique européen de 1986 fut la dernière occasion d’éviter la catastrophe. La création d’un marché intérieur dans l’Europe communautaire obligeait les Etats membres à supprimer tout monopole, y compris bien sûr celui de la Sécu, qui appartenait à la catégorie des services. Des directives furent prises par la Commission en 1992 et leur date d’application fut fixée deux ans plus tard. La France les transposa dans son droit interne à la date fixée. Tout se mettait donc en place pour la plus importante réforme sociale depuis 1945, mais un accident de l’histoire survint : la France ne pouvait se résoudre à se priver de la Sécu monopolistique. Notre pays mit en place un dispositif empêchant toute intervention de la Commission pour faire appliquer les directives en installant un Français à la tête du service juridique communautaire et en plaçant des fonctionnaires français à toutes les places décisionnelles de la direction du Marché intérieur à Bruxelles. Le dispositif était parfaitement bouclé, à la française, et il se compléta par la nomination de Michel Barnier, puis de Thierry Breton au poste de commissaire au marché intérieur.

Le président de la Commission européenne laissa faire, moyennant la promesse de la France de le reconduire à son poste. Depuis, il est parti, mais le pacte est resté vivant et peut se résumer ainsi : on ne touche pas à la Sécu. Parmi les derniers épisodes corruptifs, une Légion d’honneur attribuée à une fonctionnaire française de la Commission placée à un endroit stratégique pour bloquer toute application en France des directives de 1992.

La Sécu monopolistique a détruit l’économie française en raison des charges insensées qu’elle impose aux entreprises. C’est aussi simple que cela. Elle a provoqué l’idée folle d’une économie sans usines, permettant d’échapper aux charges en faisant fabriquer en Chine. Elle a multiplié les incitations à délocaliser les entreprises vers des pays plus accueillants que la France, c’est-à-dire des pays normaux. Et aujourd’hui on se lamente en France de la disparition du travail. Sans compter les millions de Français appauvris par des salaires misérables en raison des charges sociales et devenus des manifestants permanents contre les riches et pour l’instauration d’un régime collectiviste.

La représentation politique des frustrés a fait éclater la gauche, et la droite n’a pas davantage résisté à la montée du Rassemblement national dont la seule politique affirmée est la réduction drastique de l’immigration, qui est certainement nécessaire mais qui ne fait pas une politique à elle seule. Jetons un œil sur ce que serait une société sans Sécu monopolistique : des salaires augmentés d’au moins trente pour cent, une consommation renforcée, des retraites garanties, une compétitivité française rétablie, une société apaisée, des perspectives d’avenir pour notre jeunesse, une politique européenne renforcée notamment pour la sécurité du continent. Il s’agit bien de la plus grande réforme depuis la Libération et elle ne  présente aucune difficulté : les textes sont votés, il n’y a plus qu’à les appliquer.

C’est un véritable coup d’Etat que le peuple français a subi et subit encore de ses dirigeants. Dans un pays démocratique, ceux-ci seraient en prison. Et les deux pires comploteurs, Barnier et Breton y seraient depuis longtemps. La Ve République s’est montrée incapable de respecter ses propres lois et d’assurer la prospérité et le bien-être de ses citoyens. Il aurait pu en être tout autrement. Il n’y fallait que de l’honnêteté et du civisme de la part des politiciens. Au moment où la situation politique de notre pays est agitée par des courants malsains et violents, il faut appeler à sa tête des hommes et des femmes dignes de le gouverner. Il y en a. La démocratie joue une carte décisive en France.

Claude Reichman

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5 réflexions sur « La Sécu a détruit la Ve République ! »

  1. Jean Marie Le Pen voulait en sus de l’arrêt de l’immigration islamique, limiter les prérogatives de l’état au strict régalien, il voulait la privatisation de la sécurité sociale et même la suppression de l’impôt sur le revenu. Il rejoignait sur bien des plans Reagan et Thatcher.
    L’origine du mal n’est pas à situer en 1945 avec la création de la sécurité sociale mais bien avant avec Joseph Caillau inspecteur des finances et créateur de l’impôt sur le revenu, Paul Valery avait beaucoup protesté à l’époque. Entre autres nuisibles à l’époque : Jules Guesde, Roger Salengro, Jean Jaurès, Léon Blum, Paul Lafargue (qui militait déjà pour l’euthanasie bien avant les guignols actuels du GOdF)

    1. La Sécu est une entreprise privée avec délégation de service public. Ses employés ne sont pas fonctionnaires mais ont un immense pouvoir pour piller les entreprises avec ce bras armé qu’est l’URSSAF.

  2. La France disparaît peu à peu. Le déclin ne s’arrêtera pas, il a été un peu ralenti mais la fin est inévitable. Réfléchir c’est difficile , c’est pour cela que certains agissent hâtivement dans un monde où il faut penser global et agir local. La République Française et son administration sont un système qui permet à une petite caste d’irréfléchis , de privilégiés d’avoir du pouvoir , des privilèges abusifs , et de l’argent en dépossédant des richesses,
    le peuple du secteur privé est devenu esclave. Les esclaves du secteur privé produisent tous les jours et toujours plus taxés, imposés pour nourrir les administrations toujours + importantes en effectif, et rembourser une dette que des incompétents ont créée.
    Mais rappel de Frédéric BASTIAT avait très bien résumé la situation « Quand le pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes, qui vit au sein de la société , ce groupe finit par créer pour lui-même tout un système juridique qui autorise le pillage et un code moral qui le glorifie . «

  3. « Pompidou aurait dû laisser l’administration de la Sécu aux syndicats et la priver de son monopole. Elle aurait ainsi pu survivre ou disparaître, mais elle n’aurait pas détruit la République. »

    Georges Pompidou en 1973, s’est en quelque sorte rattrapé sur le désaccouplement des appels du Trésor Publique à la Banque de France pour le financement, sur ce que l’on pourrait appeler dans un jargon de traders, « a Margin Call ». Cette loi si décriée par notre Che Guevara, alias Mélanchon, ne laissait plus faire la planche à billets mais soumettait le financement du Trésor aux aléas du marché. Pourquoi ? Pour garantir la bonne tenue des finances publiques. Nous ne pouvons pas dire que cela a fonctionné en termes de bonne gestion puisque le budget de l’Etat n’a cessé de présenter un compte en déficit depuis. Notre bon ami Giscard’Estaing, issu des corps de l’Ena, a planté le décors de notre bonne administration. Il y a l’aléa du Serpent Monétaire européen qui essayait de circonscrire les fluctuations des monnaies européennes, principalement celles de la feu CCE avant le traité le Traité de Maastricht de 1992, qui a été soumis au peuple français par référendum. Le discours de Philippe Seguin du 5 mai 1992 à l’Assemblée Nationale mérite d’être ré-écouté dans le registre, car il ne prend pas une ride.

    « Le traité de l’Acte unique européen de 1986 fut la dernière occasion d’éviter la catastrophe. La création d’un marché intérieur dans l’Europe communautaire obligeait les Etats membres à supprimer tout monopole, y compris bien sûr celui de la Sécu, qui appartenait à la catégorie des services. »

    Quelle catastrophe ? Nous étions indépendants avec un pays industrieux qui savait tout faire et bien plus. Nous étions reconnus dans le monde pour cela, y compris par notre histoire et notre diplomatie qui se cultive à travers les siècles. Que voyez-vous aujourd’hui en termes de diplomatie ? Du bellicisme occidental qui est en fin de partie. La diplomatie, c’est écouter, comprendre l’adversaire et voir ensuite. Je vous pose la question : Que voyez-vous entre l’Occident et ce que nous pourrions appeler le Sud Global ? Je vais vous aider : faire la guerre ou du commerce ?

    « Jetons un œil sur ce que serait une société sans Sécu monopolistique : des salaires augmentés d’au moins trente pour cent, une consommation renforcée, des retraites garanties, une compétitivité française rétablie, une société apaisée, des perspectives d’avenir pour notre jeunesse, une politique européenne renforcée notamment pour la sécurité du continent. Il s’agit bien de la plus grande réforme depuis la Libération et elle ne présente aucune difficulté : les textes sont votés, il n’y a plus qu’à les appliquer. »

    Votre projection de société me plaît, sinon je vais devenir un « John Galt », c’est-à-dire un gars qui a créé de la richesse en faisant vivre d’abord mes employés, puis une micro société inscrite dans la macro-économie qui fédère et qui comprend que c’est inutile d’aller plus loin. Je ne me fais aucune illusion size France, le désastre économique doit se produire d’abords.

  4. Merci à vous Claude et à Philos de publier ici vos regards et solutions intègres, courageuses, logiques, accessibles à tous.
    En souhaitant que la cécité et le mensonge finissent par épargner le peuple de France, et qu’il finisse par voir et écouter vos constats et propositions. Bien à vous.

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