Les anciens pays d’Europe de l’Est, appelés « démocraties populaires » sous le communisme, connaissent un développement économique grandissant et une amélioration des conditions de vie de leur population. C’est un véritable boom. L’un des exemples les plus marquants est celui de la République Tchèque. En effet, les Tchèques deviennent plus riches que les Espagnols et les Italiens. Quelle est la recette de cette réussite ? La réponse est simple, c’est le libéralisme économique.
Plus de liberté économique…
Ayant connu le totalitarisme communiste, les pays de l’Est se sont empressés de rendre leur pays et leur économie plus libres. Dès la chute du mur, certains Etats se sont réformés en profondeur. Ce fut le cas dès 1995 de la République Tchèque et de l’Estonie qui figurent maintenant parmi les pays les plus libres d’Europe.
L’indice de liberté économique, créé en 1995 par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal, est un excellent outil permettant de mesurer la liberté laissée aux acteurs économiques. Il prend en compte 12 indicateurs, allant du niveau de dépense publique au respect de la propriété privée en passant par la santé fiscale ou encore l’efficacité de la justice.
L’Estonie se retrouve comme l’un des pays les plus libres en Europe, et même dans le monde avec une 10e position en 2020 dans ce classement. La République Tchèque est 23e, devant l’Allemagne 27e. La France, elle, est 64e…, loin derrière la Roumanie 38e, et la Pologne 46e.
Il y a un réel effort de libéralisation de l’économie à l’Est de l’Europe. Et quand on compare les indices de liberté économique, on découvre aisément que les pays de l’Est ont une dynamique dépassant celle de certains pays de l’Ouest, même de l’Allemagne.
Dans le prochain tableau, comme pour les suivants, apparaissent en rouge les deux plus mauvais classements, et en vert les deux meilleurs.
Si certaines nations se sont ouvertes plus tôt à des réformes libérales à la sortie des années communistes, comme l’Estonie et la République Tchèque qui sont les pays de l’Est les plus libres, d’autres accélèrent le mouvement depuis une petite dizaine d’années. C’est notamment le cas de la Pologne et de la Roumanie, qui sont passées devant la France dans le classement et se rapprochent de l’Allemagne. Ce sont les deux pays qui ont enregistré la plus forte libéralisation de l’économie entre 2009 et 2020.
L’opposition à ces réformes est mineure en Estonie et en République tchèque où les partis politiques, de gauche, de droite ou même populistes, ont quasiment tous insérés dans leur programme des éléments libéraux. Car les réformes ont permis une amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population, et elles portent aujourd’hui leurs fruits avec des résultats excellents.
… pour plus de croissance et moins de chômage
La liberté favorise une croissance économique et une chute du chômage. Sur le tableau suivant, on voit que la croissance des pays qui se libèrent économiquement augmente.
Mis à part la Hongrie, les pays où les acteurs économiques ne subissent pas le poids de l’Etat bénéficient d’une forte croissance, qui ferait pâlir toute l’Europe de l’Ouest et du Sud. La Roumanie et la Pologne, avec une évolution de l’indice de liberté de plus de 6 points sur les dix dernières années, connaissent une croissance moyenne de plus de 3% par an sur la même période.
Bons résultats aussi en ce qui concerne le chômage, dont le taux est relativement bas dans les pays de l’Est, par rapport aux pays du sud de l’Europe.
La République Tchèque cartonne avec un taux de chômage à 2 % ! Le plein emploi est une réalité également en Pologne, avec moins de 3 % de chômage. L’Espagne, l’Italie et la France, pays les moins libres de ce classement, sont ceux qui comptent un nombre de chômeurs massif.
La Hongrie pourrait à première vue faire figure d’OVNI, avec un indice de liberté faible, qui stagne depuis 10 ans (-0.4), mais un chômage très bas et une croissance proche de 5 % en 2019. Un examen détaillé des indicateurs de l’indice de liberté économique nous fournit l’explication : liberté commerciale très importante (86.4) tout comme la liberté des investissements (80.0), et niveau de taxation assez faible (noté 79.9, soit un très bon score). A l’inverse, en France, ces mêmes indicateurs sont respectivement à 81.4, 75.0 et 48.8 (soit très proche de l’enfer fiscal !).
C’est l’indicateur du niveau de taxation qui influe de façon importante sur les résultats économiques de la Hongrie. Celle-ci a supprimé l’impôt sur la fortune et institué un impôt sur le revenu à taux unique, 16 %. L’impôt sur les sociétés y est aussi très bas, avec deux taux à 10 et 19 %. Résultat, pas d’effet de seuil, et des entreprises qui peuvent prospérer.
Cette fiscalité permet à la Hongrie d’atteindre de très bons résultats en termes de croissance et de chômage. Pour autant, elle est le pays de l’Est affligé de la plus forte dette, alors que les pays plus libres ont une dette plus basse.
Les économies les plus libres ont les Etats les mieux gérés
La liberté économique permet aussi d’avoir un Etat bien géré, et donc peu endetté. Les pays de l’Est l’ont bien compris et leur endettement est faible par rapport à celui de la France, de l’Italie ou de l’Espagne. Dans le tableau suivant, on observe que les deux pays ayant le taux d’endettement le plus bas sont aussi les deux pays ayant l’indice de liberté économique le plus élevé, et inversement que les pays les plus endettés sont aussi ceux où la liberté économique est la plus basse.
Une gestion de la COVID-19 difficile à évaluer
En cette période de crise pandémique, les pays ont adopté des stratégies différentes. Mi-janvier, l’Estonie était l’un des pays d’Europe imposant le moins de restrictions. Avec seulement le masque obligatoire et des limitations dans les commerces, les seules fermetures d’établissements sportifs et culturels concentrées dans la région de la capitale, Tallinn. Et le pays s’en sort bien avec 321 morts par million de personnes depuis le début de la crise ce qui le classe dans les très bons élèves. En revanche, la situation est plus détériorée en République Tchèque (1509 morts/million de personnes) et en Hongrie (1245) malgré des mesures strictes (couvre-feu en Tchéquie, confinement partiel en Hongrie). La Pologne, confinée, obtient de meilleurs résultats (989 morts/million d’habitants) même si les mesures sanitaires annexes sont moins strictes qu’en Tchéquie et Hongrie.
Les stratégies COVID varient donc d’un pays à l’autre en Europe centrale et de l’Est, rendant les comparaisons hasardeuses.
En revanche, un consensus établit que le libéralisme permet un meilleur développement économique. Les années 2020 et 2021 vont ralentir cette expansion. Mais quand tout sera revenu à la normale, il est probable que d’ici 20 à 30 ans, les anciens pays communistes seront des puissances économiques régionales et des places d’échanges incontournables. Les pays du sud de l’Europe, dont la France fait partie, peuvent encore revenir dans le jeu. Mais pour cela, il faudrait avoir le courage de réformer en profondeur, de lutter contre l’endettement public et de libérer les forces vives de l’excès de réglementations, d’impôts et charges