Entre avantages fiscaux et soleil, la vie est belle pour nos seniors installés chez notre voisin. Témoignage d’une d’entre eux.
Très rapidement, elle décide, avec son époux, de partir en reconnaissance au Portugal pour vérifier que la quiétude fiscale existe bel et bien. Tout est vrai. Depuis 2013, une installation chez nos voisins permet aux retraités du secteur privé d’être exonérés d’impôts sur leurs pensions de vieillesse. C’est devenu possible grâce à des conventions internationales – signées entre le Portugal et à peu près le reste du monde – mises en place en pleine crise économique pour attirer des capitaux étrangers. Pour bénéficier de cet avantage, la nationalité importe peu. Il ne faut pas avoir habité au Portugal au cours des cinq années précédentes, il faut vivre au moins cent quatre-vingt-trois jours hors de l’Hexagone, y garder peu d’actifs – autrement dit, avoir la majeure partie de son patrimoine hors des frontières. D’après des données portugaises, 3 105 Français bénéficiaient de ce dispositif en 2017.
« En France, la mentalité ne me convient plus »
Où s’installer ? En voiture de location, Christine Joy et son époux sillonnent durant dix jours un pays qu’ils ne connaissent pas du tout pour chercher un point de chute. Porto ? L’Algarve ? Ce sera finalement la banlieue de Lisbonne, à 20 minutes, en train, du centre de la capitale. « Nous avons eu le coup de foudre pour cette ville et sa région. » En un mois, leur déménagement est bouclé. Ils passent par un avocat portugais pour obtenir le statut de résident non habituel (RNH), qui leur donne officiellement droit à l’exonération fiscale. Ils n’oublient pas également de transmettre leur nouvelle adresse au Trésor français. « Je continue de payer des impôts en France puisque j’y ai conservé une maison. J’ai bonne conscience », dit Christine Joy, qui a été maire de son petit village de montagne en Isère. Elle nous livre une astuce qui lui a facilité son installation : « Avant de quitter la France, nous avons ouvert un compte en banque dans un établissement portugais à Grenoble. Et, depuis ce compte, nous avons pu basculer une partie de nos économies au Portugal sans encombre. En passant par un établissement français, cela aurait été plus compliqué. »
Guère nostalgique de l’Hexagone, Christine Joy ne rentre en Isère qu’une fois par an. « On se sent en sécurité ici. Les gens sont gentils, polis. En France, la mentalité ne me convient plus. Je ressens beaucoup de jalousie. C’est aussi le climat social qui m’a fait partir. »
Golf
Peu à peu, grâce à une bonne pratique du portugais appris sur les bancs de l’école du soir, Christine Joy est arrivée à se constituer un nouveau groupe d’amis du cru. « Ils ne reçoivent pas à la maison. C’est, je crois, un héritage de l’époque Salazar. » Elle voit plutôt ses amis portugais au golf, où ils la taquinent. « Ils disent que je peux me payer de beaux clubs à la différence d’eux, car je ne paie pas d’impôt. En fait, cela ne me dérangerait pas d’en payer un peu. Ce serait même plus sain pour tout le monde. »
Dans son entourage, l’ancienne dirigeante d’entreprise compte aussi beaucoup de Français, car elle est présidente de l’association Lisbonne accueil – 400 adhérents. « On ne donne pas de renseignements sociaux ou fiscaux. On propose des balades, des voyages, des activités », décrit Christine Joy, qui pointe des « arnaques ». Selon elle, un business bien-être se développe autour de nos retraités français au Portugal – cours de yoga, de pilates, thérapies « psy », etc. qui fleurent, souvent, l’escroquerie. C’est bien un des rares points noirs qu’elle trouve à son pays. Tout est « fabuleux », sinon, ici, à l’entendre, surtout à Noël. « Il y a des crèches partout. Ils sont très chrétiens, cela fait plaisir à voir. »D’après les textes réglementaires, le droit à l’exonération fiscale au Portugal est limité à dix ans à compter de son installation. Que fera Christine Joy une fois ce délai expiré ? Elle ne préfère pas y penser.
sur le web: https://www.lepoint.fr/economie/la-fabuleuse-retraite-d-une-francaise-au-portugal-20-05-2019-2313786_28.php
Une réflexion sur « La « fabuleuse » retraite d’une Française au Portugal »