La droite a tué la France !

La droite a tué la France !

Dans quelle société voulons-nous vivre ? Une société où l’on décide de ses choix en toute liberté, ou une société où il faut se battre en permanence pour ne pas subir les choix de majorités diverses et fluctuantes ? La première hypothèse est évidemment celle d’une majorité de Français, mais c’est la seconde qui règne dans le pays. La faute en revient à nos institutions, qui ne savent plus faire respecter les principes démocratiques et laissent s’installer le chaos. On a pu croire que la Ve République, telle qu’instaurée par le général de Gaulle, saurait durablement maintenir la France en démocratie. On s’aperçoit aujourd’hui qu’il n’en est rien.

La raison de l’échec démocratique de la Ve République se lit très simplement dans deux chiffres. A sa création, et sous le règne du général, les dépenses publiques françaises représentaient le tiers du produit intérieur brut. Soixante-sept ans plus tard, elles en représentent les deux tiers. Et c’est l’envolée des dépenses sociales qui est cause de cette augmentation. La gauche a toujours poussé dans ce sens. La droite n’a jamais su s’y opposer. En France aujourd’hui il n’est plus possible d’entreprendre avec des chances de succès, les charges dévorant tout l’actif des entreprises. Le mal français est donc là.

En 1995, j’ai publié un ouvrage intitulé « Sécurité sociale, le vrai mal français ». J’y détaillais la maladie et son traitement. Trente ans plus tard, rien n’a changé. Tout ce que l’Etat compte d’officiels s’est ligué contre mes solutions. L’Etat s’est même mobilisé pour empêcher, en toute illégalité, les dispositions européennes, qui instauraient la concurrence, de prendre effet. Et la France se débat désespérément pour échapper à l’étranglement social, sans y parvenir. Le triste spectacle actuel du parlement, qui ne parvient pas à faire émerger des solutions à l’effondrement du système de retraite, est une illustration de plus de ce mal français.

L’émergence de forces politiques d’extrême gauche est également une conséquence de l’appauvrissement du pays. Cet appauvrissement est constaté par tous les indices officiels, mais le plus parlant est celui de la radio RMC qui, chaque 10 du mois constate ce qu’il reste dans le portefeuille moyen des Français. Le dernier chiffre connu était de 53 euros. Ce qui signifie que le Français dispose de 2,65 euros par jour pendant les derniers vingt jours du mois ! Allez créer une entreprise avec des moyens aussi modestes. Les adeptes de Mélenchon s’ébrouent avec bonheur dans tout ce malheur !

Vous voulez des noms ? En voici. Pierre Suard vient de mourir. Il fut le plus grand industriel français, à la tête d’Alcatel Alsthom. Les terroristes d’Action directe le menaçant, Charles Pasqua, ministre de l’intérieur, lui donna le choix d’une protection policière permanente où de dispositifs de sécurité installés à son domicile. Suard fit ce dernier choix et un juge d’instruction nommé Jean-Marie d’Huy le mit en examen pour de prétendus abus de biens sociaux. Comme si Suard s’était emparé de biens de son entreprise ! Empêché de rencontrer ses collaborateurs, Suard dut démissionner de ses fonctions. Son entreprise ne s’en remit pas. Il bénéficia par la suite d’un non lieu pour toutes les accusations dont la justice l’avait accablé. Le juge d’Huy termina sa carrière dans le confort de la cour de cassation. Serge Tchuruk prit la suite de Suard à Alcatel et inventa « L’entreprise sans usines ». Succès complet : il n’y a plus d’usines en France !

La pièce que nous venons de représenter devant vous a été écrite par tous les politiciens français. Elle a été jouée par tous les acteurs de la sinistre comédie française. Après ses représentations triomphales dans tous les théâtres subventionnés de notre pays, elle partira en tournée en Corée du Nord, puis à Cuba et au Venezuela où le plus chaleureux accueil lui est réservé. En France la chasse aux patrons est ouverte en toute saison. Le rabattage du gibier est effectué par la Grande Veneuse Elise Lucet et son équipe de sonneurs de trompe. Nul ne doit en réchapper. Parole de démocrate !

Pour ne pas vous laisser sur votre faim, voici encore quelques noms. Quand mon ouvrage sur la Sécurité sociale fut publié, j’eus l’honneur d’être interviewé par de nombreuses télévisions mondiales, dont celles de la Chine et de l’Inde, et le Wall Street Journal me demanda de rédiger son éditorial. En France, l’enthousiasme fut bien moindre, mais j’eus la visite de deux journalistes du Point, Philippe Manière et Romain Gubert. Ils passèrent près de trois heures avec moi et quand leur article parut dans leur hebdomadaire, il ne restait qu’une ligne de mon interview. J’appris qu’Alain Juppé, alors premier ministre, avait appelé François Pinault, propriétaire du Point, pour lui demander de ne pas parler de mon livre, car Juppé préparait alors le plan de sauvegarde de la Sécu qui allait tout changer…comme d’habitude. Romain Gubert m’appela pour s’excuser et me dit « On n’est pas fiers de nous ! »

Juppé était le premier ministre de Chirac. C’était donc la droite qui gouvernait. Elle n’en faisait pas moins la chasse aux libéraux, montrant ainsi sa duplicité fondamentale, qui est la cause profonde du mal français. Jamais une droite libérale, comme toutes les droites du monde occidental, n’aurait laissé le cancer social ronger l’assise de la France. Ce fut un crime. Un vrai crime. Nous le payons tous ensemble aujourd’hui.

Claude Reichman

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