Je vous laisse le soin de définir, selon votre ressenti personnel ou à l’aide d’encyclopédies papier ou numériques, ce qu’est une secte. Je suppose que rapidement, si ce n’était déjà fait, vous allez prendre conscience que nous vivons dans une secte, qui nous est imposée, que nous ne percevons pas cette réalité, ce qui est le propre de toute secte : paraître naturelle, incontournable et nécessaire à ses membres.
Cela étant, essayons de jeter un œil hors de la caverne de Platon dans laquelle nous tient la Bureaucrature, notre secte bien-aimée.
Toute secte fonctionne à partir d’un gourou, et à l’aide d’un trésorier, de gardiens de la pensée et de gardiens de l’ordre. Les membres se divisent en deux, les actifs et les passifs. Reste enfin les non adhérents dont l’avenir n’a que deux issues : rejoindre la secte ou disparaître.
Le gourou
Dans les petites sectes, le gourou est souvent un individu. Mais dans une grande secte aux prétentions hégémoniques, le gourou est une pensée, divine ou non, révélée à certains qui sont les initiés et agissent comme autant de gourous, au nom de cette pensée affublée ou non d’un nom et d’une personnalisation.
Notre secte la Bureaucrature est ainsi faite. Une liste non exhaustive inclurait la tête de l’Etat politique, de la fonction publique et ses représentants par catégorie et par division territoriale.
Le trésorier
Ne perdons pas de vue que dans une secte un des buts est l’asservissement des membres par leur dépossession de tous biens au profit de la secte. C’est, en pratique, la réalité ultime de la secte : s’enrichir sans limite au détriment de ses membres.
Notre Bureaucrature est sur ce point particulièrement performante. Bercy est en effet un trésorier aux compétences de prédation hors du commun.
A ce niveau de résultat, on peut parler de compétence sportives. D’ailleurs, l’élite du pays participe activement à la compétition. On peut aller jusqu’à dire que la trésorerie est la colonne vertébrale et la garantie de pérennité de la bureaucrature.
Les gardiens de la pensée et de l’ordre
Ils sont en compétition, boostés par la pensée sectaire, ils ne font pas dans la dentelle et ne se font pas de cadeau. Ce sont les magistrats pour la face intellectuelle et morale, les forces de l’ordre pour la face physique et pratique.
Les premiers, les magistrats, appliquent les ordres, détaillés et omniprésents de la Bureaucrature, avec rigidité et de façon drastique, sauf pour les gourous ou faisant office, qui en sont dispensés en grande partie.
Les seconds, les forces de l’ordre, le bras armé de notre secte, font de même.
Tous deux sont si puissants, si sûrs de cette puissance, qu’ils n’hésitent pas, au travers de l’impunité que leur procure cette besogne essentielle à la secte, mais bien peu glorieuse, à la pimenter pour l’imaginer moins minable de coups de griffes mutuels, qui ne sont que des amuses-ballots.
Les membres actifs
Croient-ils en la secte ou tout simplement en profitent-ils ? C’est une question sans réponse, qui finalement n’a aucune importance.
Ils servent la secte, adhèrent totalement à ses principes et à ses actes, c’est-à-dire à l’idée d’universalisme de son organisation et à la légitimité de la dépossession morale et matérielle des membres de la secte, à son bénéfice. Ils sont donc, dans la pratique, contre la liberté de penser autrement que comme pense la secte, contre la liberté de posséder, voire de disposer de quoi que ce soit, hors les autorisations de la secte qui possède tout.
Les membres passifs
Ce sont exactement les mêmes que les membres actifs, en plus fainéants et plus lâches.
Les non-adhérents
Leur problème tient au fait que leur grande majorité n’a pas synthétisé leur situation de non-adhérent à la secte.
Formés depuis des siècles à vivre en marge d’une secte dominante, ils ont créé un espace de légendes, du type David et Goliath, qui leur fait croire à un destin possible face à ce qu’ils croient être des injustices, qui ne seraient que passagères.
Ils n’ont pas conscience que la secte les dévore et va dévorer leurs enfants de pensée, sans qu’il y ait un sens à ce massacre.
La secte ne connait pas le mal, puisqu’elle est le bien. Comment pourrait-elle prendre en compte le mal qu’elle fait aux non-adhérents ? Ils rêvent en croyant qu’une vie peut exister en dehors de la secte.
Ils appellent leur rêve la démocratie, quelle absurdité…
Il n’y a que deux façons de se débarrasser d’une secte : l’épuisement de ses ressources, sa faillite, ou son éviction par la force. Dans les deux cas, le résultat n’est pas assuré car l’expérience et l’histoire tendent à démontrer que : éliminée, la secte en place est remplacée par une autre.
Et les droits de l’homme alors ?
Vous pouvez répéter la question ?
Bien à vous. H. Dumas
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