Le film est sorti en salle Mercredi. Le réalisateur Stephen Frears signe une œuvre exceptionnelle, fondamentale pour comprendre ce qui nous arrive.
Les faits sont réels. L’action démarre en 1952, en Irlande. Les bonnes sœurs du couvent de Roscrea, animées par le dogme et la frustration, ont ravagé la vie de Philomena. Non seulement elles l’ont dépossédé de ce qu’elle avait de plus cher, mais elles l’ont persuadé qu’elle est comptable d’une immense dette par rapport à Dieu et à la société. Dette qu’elles, les bonnes sœurs, ont la mission de lui faire payer. Au passage elles vont profiter de la situation pour l’exploiter économiquement.
En 2010, 58 ans plus tard, un journaliste, Martin Sixmith, au cynisme façonné par l’environnement des tenants actuels du pouvoir, se retrouve contre son gré impliqué dans la vie de Philomena.
Ensemble ils vont parcourir ce qui a été son calvaire, sa vie détruite par la pensée unique de l’Irlande de 1952, dont les bonnes sœurs ont été les exécutantes. Au terme de ce voyage dans le temps, la vérité apparaît dans l’esprit de Philomena et face à cette vérité le cynisme quitte celui de Martin.
Ce pose alors le problème du pardon ou de la vengeance.
Philomena choisit le pardon, comment se venger d’une pensée unique ? Ce que la société, avec un assentiment majoritaire, détruit chez l’individu peut-il faire l’objet d’une vengeance ?
Finalement Philomena se contentera de témoigner, ce sera sa contribution à l’espoir que de telles choses ne puissent plus se reproduire.
Vous ne sortirez pas intact de ce film.
Surtout si, comme beaucoup d’entre nous, le parallèle entre la vie cassée de Philomena et la notre vous saute aux yeux.
En ce qui me concerne, à vingt ans, tout comme Philomena, je suis rentré dans la vie par la porte de la joie. Imprévoyant, j’avais oublié de faire polytechnique ou l’ENA, l’aurais-je pu ? Mais j’avais un don certain pour l’économie, une attirance pour l’intégrité, peu de passion pour l’accumulation, par contre une passion totale pour la liberté et un respect réel, bien qu’un peu trop ciblé, pour les autres.
Je ne me doutais pas de la puissance des frustrations dont nous sommes entourées.
Payant impôts et charges je pensais avoir le droit de mener ma vie à ma guise. J’étais à mille lieux d’imaginer, tout comme Philomena, que les autres érigeraient une pensée unique qui me rendrait débiteur de leurs frustrations.
Lorsqu’ils sont venus frapper à ma porte pour me faire payer ma joie de vivre, j’ai cru un temps qu’ils avaient raison. Que peut-être j’étais trop heureux, privilégié, que les autres n’avaient pas ce qu’ils méritaient, qu’ils étaient en droit de me demander un effort.
Puis j’ai constaté la déraison de leurs prétentions. Ma ruine totale consécutive à la venue de ceux qui venaient me piller en leur nom. La ruine de toute ma famille, la destruction de tout mon travail. J’ai pu prendre conscience de leur totale absence de respect pour ma personne, pour le résultat de mes engagements, de mes prises de risques, de mes compétences, de ma vie.
J’ai pu constater aussi leur absence totale de scrupule, leur usage constant du mensonge, leur impunité à ce sujet.
Je connais maintenant la vérité. Je sais que je ne dois rien, que la dette collective est fictive, que derrière cette comédie se cachent des profiteurs aigris et frustrés.
Que ces gens, non content de me déposséder, vont déposséder plusieurs générations d’hommes honnêtes et joyeux qu’ils vont jeter dans le gouffre de la culpabilité pour les exploiter sans vergogne.
Alors, comme Philomena, je témoigne.
Y a-t-il une autre solution ? La vengeance ? Ce serait la guerre civile, ce n’est donc pas possible.
La fuite ? Oui bien sûr, mais il faudrait abandonner tout ce que j’aime, je n’en ai pas le courage. Et puis, ailleurs les hommes ne sont-ils pas tous les mêmes ?
Bien cordialement. H. Dumas
Tu vas te ruiner le moral à voir des films comme ça….
Vas donc voir des films de Dupontel !
Bises.