Ce blog a généré des rencontres qui ont rompu mon isolement et me permettent aujourd’hui de continuer à le faire vivre, alors que je suis dans le plus grand dénuement et à quelques mois d’être entièrement dépossédé par les services fiscaux de mon entreprise et de tous mes biens acquis ou familiaux.
Parmi ces rencontres, une a débouché sur mon inscription au séminaire de réflexion du professeur NEMO, intitulé « La philosophie de l’impôt ». Le premier jour, le professeur NEMO a exprimé son attirance pour un prix Nobel d’économie, décédé en 1992, le professeur Friedrich A. HAYEK.
La semaine dernière j’ai lu un ouvrage de Monsieur HAYEK, « La route de la servitude ». Il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation politique qui parait isolé dans la production scientifique de cet économiste nobélisé. Mais sa cible, le grand public, me convient évidemment tout à fait. Je me permets, une fois encore, de vous conseiller de vous procurer cet ouvrage, toutes affaires cessantes.
La libre concurrence
HAYEK considère que le respect de l’individu, sa prise en compte comme référence absolue de l’organisation sociale est un acquis exceptionnel de la civilisation occidentale. Les deux signes distinctifs de la société induite par cet acquis sont pour lui la propriété privée et la libre concurrence. Il affirme que cette pensée « libérale » est la base même des progrès stupéfiants enregistrés en matière économique, scientifique et sociologique par le monde occidental. Il développe des arguments convaincants sur le fait que cette organisation sociale, même si elle génère des injustices apparentes, s’autorégule.
Il oppose à cette organisation « libérale » ce qu’il appelle le « planisme », en réalité les sociétés collectivistes, de type « socialiste », qui poursuivent un objectif prédéfini. Il prétend qu’elles ne peuvent qu’échouer à organiser la société du fait de la complexité effroyable de toute société, qu’en simplifiant les problèmes posés par la vie en groupe elles sont inévitablement amenées, d’abord à échouer, puis à brider les individualités et à devenir totalitaire: « L’interdépendance de tous les phénomènes économiques, nous l’avons vu, ne permet guère d’arrêter le planisme à un point voulu. Une fois le libre jeu du marché entravé, le dirigeant du plan sera amené à étendre son contrôle jusqu’à ce qu’il embrasse tout… »
Son analyse est stupéfiante de cohérence et probablement parfaitement vraie. Tout comme cela arrive si souvent à ATTALI, analyste fulgurant des problèmes actuels de notre société, HAYEK se fourvoie en s’essayant à prédire l’avenir. Il imagine une Angleterre terrassée par le socialisme et perdant ses valeurs centrées sur l’individu. Il écrit ce livre en 1944 et ne peut alors imaginer que la « guerre froide » va jouer le rôle de repoussoir des utopies socialistes et les brider dans le camp occidental. Cependant, clairement il explique que le planisme ne peut qu’entrainer à la disparition des classes moyennes, puis un jour au regroupement des classes extrémistes collectivistes de droite et de gauche pour une prise du pouvoir guerrière, telle que l’a connue l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, en l’absence de contre-exemple collectiviste, la chose devient parfaitement possible.
Il cite Benjamin FRANKLIN : « Ceux qui sont prêts à abandonner des libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté ni sécurité ».
Il écrit cette chose terrible de vérité: « Le principe selon lequel la fin justifie les moyens est considéré dans l’éthique individualiste comme la négation de toute morale. Dans l’éthique collectiviste; là il n’existe littéralement rien que le collectivisme conséquent n’accepterait de faire pour – le bien de la communauté – . »
Evidemment il est amené à conclure ceci: « Les leviers de commande ont, dans ces conditions, peut d’attrait pour ceux qui tiennent à une conception morale répandue chez les peuples européens dans le passé » Puis, évoquant ceux qui vont accepter de prendre les commandes, pour expliquer leur capacité à exécuter les ordres du planisme, quel qu’en soit le coût pour les individus, il cite un économiste américain dont il donne pas le nom: « Ils doivent remplir ces devoirs qu’ils le veuillent ou non: et le pouvoir a aussi peu de chances de tomber entre les mains de gens qui ne l’aiment pas que le poste de garde-chiourme dans une plantation d’esclaves d’échoir à une personne douée d’une vive sensibilité ».
Enfin je trouve une de ses conclusions très pertinente aujourd’hui, alors qu’elle a été écrite en 1943: « Nous nous flattons aujourd’hui d’avoir une conscience sociale plus sensible, mais rien dans notre conduite individuelle ne prouve que nous ayons raison….Nous ne saurions être altruistes au dépens d’autrui… »
Cette explication du planisme a été pour moi une évidence. Il y a effectivement deux types de sociétés, une libérale bâtie sur la confiance en l’individu, une socialiste bâtie sur des plans ou objectifs collectifs suffisamment séduisants pour s’imposer et dicter une organisation qui, je le pense comme HAYEK, ne peut que déboucher sur l’oppression.
Je trouve magique que la pensée, en 1943, d’un scientifique éclairé m’apparaisse comme naturelle au point que, sans le connaître, mon blog est depuis le début empreint de cette pensée. Je suis né en 1944, moralité: je crois que nous naissons pré-imprimé.
Plus sérieusement, il n’est pas douteux que nos dirigeants de gauche et de droite, tous formés dans nos belles écoles, et notamment nos inspecteurs généraux des finances sortant de la botte de la très réputée ENA, sont des adeptes convaincus du planisme. Ils ont évidemment lu HAYEK, mais je suppose que sa pensée ne fait pas leurs affaires. Cela explique que les individus que nous sommes sont impuissants à trouver leur bonheur dans une droite et une gauche adeptes du planisme. L’effroi peut raisonnablement s’emparer de nous devant la montée des extrémismes des deux bords, car la théorie d’HAYEK me paraît incontestable. Nous allons donc vers un régime totalitaire, sans doute plus vite que nous le croyons. En ce qui me concerne, je le subis déjà.
Avant d’en arriver là pour tous, rêvons un peu.
BERCY
Ce site et ses fonctionnaires hébergent à eux seuls toutes les tares du planisme. Alors que l’Etat devrait être notre associé, devrait tout faire pour favoriser l’enrichissement de ceux qui sont prédisposés à ce sujet et qui abonderont ensuite à la caisse commune pour financer ses services régaliens, celui-ci fait l’exact contraire. A partir de plans, tous plus fumeux les uns que les autres, établis en étroite collaboration avec les politiques au pouvoir qui sont leurs obligés et ne pensent qu’en terme de séduction électorale donc de mensonges, Bercy nous pille allègrement, sans scrupule, et nous dénonce à la vindicte publique.
Il est clair qu’il ne nous est pas possible de modifier la pensée commune que Bercy a imposée à tous, d’aller à contre courant, de faire comprendre au plus grand nombre la bêtise du planisme, d’en faire comprendre la transversalité politique, donc l’inévitable progression. C’est plus simple d’expliquer à un fumeur qu’il va probablement devenir un cancéreux des poumons et pourtant il ne s’arrête pas de fumer, alors le planisme….
Il reste cependant une chose possible qui pourrait retourner la situation et satisfaire tout le monde: La révolution pacifique: Bercy disparaîtrait.
Il s’agirait d’introduire la libre concurrence, chère à HAYEK, dans le prélèvement fiscal.
Le prélèvement fiscal serait confié à des organismes privés. Ceux-ci devraient présenter un profil type de clients contribuables, tant de hauts revenus, tant de revenus moyens, tant de petits revenus. A partir de ce profil ils seraient soumis à un résultat. Libre à eux de motiver leurs clients pour qu’ils s’enrichissent plus, payant ainsi l’impôt plus facilement et en plus grande quantité. La concurrence trouverait à s’exprimer à travers un nombre raisonnable de sociétés accréditées à prélever l’impôt. Placées entre le contribuable et l’Etat, ces sociétés éviteraient les rapports incestueux actuels entre Bercy et le pouvoir politique. Une nouvelle version des intendants du roi ? On peut le voir ainsi, mais c’est réducteur en 2011.
Ce qui est sûr, c’est que le pays échapperait à la prise de Bercy, terme inéluctable dans l’état actuel des choses, qui sera probablement aussi sanglante que celle de La bastille.
Cordialement. H. Dumas