Le chômage progresse, les faillites d’entreprises explosent, le marché immobilier est en crise…, et pourtant, on nous annonce une embellie économique !
Certains veulent croire que le ciel est toujours bleu, alors qu’une pluie de taxes leur tombe sur la tête. D’autres persistent à prendre en compte les promesses de nos bateleurs politiques nous annonçant un avenir rose, alors que des orages noirs continuent d’éclater autour d’eux. D’autres enfin, noyés sous une propagande étatique massive, pensent que les blocages se libèrent et que de réelles simplifications sont engagées puisqu’elles ont été annoncées. Il y en a même pour croire que les belles paroles de nos dirigeants, à commencer par celles du président, ont des effets bénéfiques sur notre vieux pays, perclus de rhumatismes, le dos voûté par les lourdes charges qu’il supporte et le moral à zéro pour ce qui concerne son avenir et celui de ses enfants.
La réalité est tellement différente ! Comme toujours en matière économique, seuls les faits comptent, et seuls les chiffres font foi. Il faut bien se résoudre à l’évidence : les choses vont de mal en pis. Qu’on en juge par ces divers constats.
Plus de 18 000 entreprises ont fait faillite au premier trimestre 2015, selon le cabinet Altares, spécialisé dans les données sur les entreprises. Par rapport au premier trimestre 2014, la hausse atteint 7,6 %. Ceux qui espéraient une nette reprise ont tout faux. Pis encore : le nombre d’emplois menacés par ces défaillances dépasse 66 000. Un record depuis 2009.
Le chômage a encore augmenté de 0,4 % au mois de mars, atteignant 3,51 millions de demandeurs d’emploi en métropole et même 3,77 millions en incluant l’outre-mer. On s’attendait à une accalmie après une amélioration en janvier et une moindre progression en février. C’est le contraire qui s’est produit.
Pause fiscale, nous a-t-on promis : les taxes foncières et d’habitation viennent d’être augmentées de 4 à 6 % à Lyon, de 3 à 5 % à Marseille, Bordeaux, Strasbourg et Nice et même de 10,5 % à Lille. Que les municipalités soient de droite ou de gauche, c’est la même punition pour les citoyens : au lieu de réduire leurs dépenses, elles augmentent les impôts, une fois les élections passées. Une sale habitude qui semble inéluctable.
Les effectifs de la fonction publique ont encore progressé en 2013 de 87 000, chiffre rendu public par l’Insee mi-avril. Comme d’habitude, c’est dans la fonction publique territoriale que ces effectifs ont le plus progressé. Depuis 2000, ils y auront ainsi augmenté de 550 000 environ, soit une croissance moyenne de 2,9 % par an ! Pour ce qui est des chiffres de 2014, il faudra encore attendre un an. Allons-nous battre un nouveau record ?
Les investissements des « business angels » auraient chuté de 13 % l’an dernier en France, alors qu’on nous rebat les oreilles depuis des mois avec le dynamisme des start-up françaises, lesquelles sont financées quasi exclusivement par des business angels ou des fonds d’investissement privés. Tant que Bercy continuera de taxer à l’impôt sur le revenu les plus-values en capital, il y a peu de chances que les investisseurs français se multiplient.
La loi Alur de Cécile Duflot a poussé le marché immobilier dans une crise noire. Sylvia Pinel qui lui a succédé a l’air de trouver normal de continuer à serrer le cou des propriétaires dans un noeud coulant de plus. À l’occasion de la fin de la trêve hivernale, elle a annoncé de nouvelles mesures de protection des locataires défaillants qui ne peuvent plus, ou ne veulent plus, payer leurs loyers, le résultat étant le même pour les propriétaires. Pour arriver aujourd’hui à expulser un locataire de mauvaise foi, il faut parfois attendre deux ans et débourser jusqu’à 3 000 euros de frais d’huissier et 2 000 euros de frais d’avocat, sans aucune garantie de récupération des loyers impayés. Or, le quart des bailleurs français, selon la Fnaim, ne sont pas imposables à l’impôt sur le revenu et les loyers qu’ils attendent leur sont parfois indispensables pour vivre. La ministre du Logement souhaite créer, de plus, « des logements très sociaux, à des niveaux de loyers et de charges inférieurs à ceux pratiqués dans le parc social ». On s’attend au pire ! Il n’est pas sûr que la jeune Mme Pinel soit plus compétente à ce poste que la jeune Mme Duflot.
Pour les entreprises françaises, la malédiction fiscale continue. Selon une étude de l’iFRAP parue la semaine dernière, « quand il faut plus d’argent pour la dépense publique, on va d’abord le chercher chez les entreprises puisqu’elles ne votent pas, et quand elles étouffent sous la charge et que l’opinion s’en rend compte, les allégements sont conçus de façon complexe et dirigiste ou assortis decontreparties pour éviter de faire un cadeau aux patrons ». Ainsi de ce suramortissement des nouveaux investissements industriels qui vient d’être annoncé. Cette nouvelle petite niche fiscale est tellement compliquée et comporte tellement de conditions qu’elle en devient inapplicable.
Prime d’activité des jeunes : François Hollande a voulu distribuer de nouveaux cadeaux aux jeunes et l’a annoncé l’autre jour à Canal+, sans même avoir prévenu son gouvernement ni son entourage. Au départ, il était prévu que cette prime d’activité remplacerait à la fois le RSA activité et la prime pour l’emploi, ce qui n’était pas idiot et allait dans le sens d’une simplification avec un coût global inchangé de l’ordre de 4 milliards par an. Hollande a voulu ajouter de nouveaux bénéficiaires, les apprentis et les étudiants salariés, à ce dispositif déjà onéreux. Coût supplémentaire prévisible : 1 milliard ! Pas grave : c’est l’État qui paye !
Droits de vote double : ça va mal finir entre l’État et Renault, entre Macron et Ghosn. L’État détient 15 % de Renault et veut y faire la loi avec ses nouveaux droits de vote double face aux autres actionnaires. Le PDG du groupe Renault-Nissan, Carlos Ghosn, n’est pas d’accord. Le conseil de Renault non plus, pas plus que celui de Nissan. Le jeune ministre de l’Économie a déclaré dans une tribune parue dans Le Monde du 25 avril qu’il irait jusqu’au bout, car, a-t-il précisé, « nous avons les moyens de façonner un capitalisme à l’image de nos ambitions », ajoutant qu’il « n’y aura pas de réindustrialisation française sans transformation du capitalisme français ». Le jeune freluquet inexpérimenté a décidé de révolutionner le capitalisme à lui tout seul ! Attention : risque de tsunami chez Renault et sans doute ailleurs…
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Pour clore cette litanie de mauvaises nouvelles, ce jugement d’un brillant entrepreneur irlandais, Michael O’Leary, le PDG de la compagnie low cost Ryanair qui a révolutionné le ciel européen. Dansune interview au JDD du 25 avril, il a fait une déclaration d’amour à la France, mais avec une réserve de taille : « J’adore la France et les Français. Je méprise juste sa classe politique qui détruit avec beaucoup d’application l’économie française en pensant qu’on peut répondre à la mondialisation par le protectionnisme. »
Qui sait jusqu’où ce protectionnisme pourrait nous conduire ? Une ligne Maginot économique pour protéger notre modèle social ? Ce serait un échec assuré avec des conséquences incalculables.