Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Les résultats des élections sont connus, le premier ministre a présenté sa démission, qui a été acceptée par le président et comme on pouvait s’y attendre il n’en ressort rien !

E Macron a-t-il voulu provoquer un électrochoc au sein de l’électorat, en tout cas le président show man omniprésent sur les écrans se fait désormais plus discret ? Sans doute attend-il que la situation politique qu’il a provoquée se décante ou … s’aggrave pour apparaître comme le sauveur !?!

Tous les partis prétendaient avoir gagné mais en réalité personne n’a gagné puisqu’il n’y a aucune majorité ; même si le leader de LFI a prétendu, dès le soir du deuxième tour, pouvoir prendre le pouvoir alors que les élus de son parti sont ultra minoritaires.

En fait, la situation politique résultant des élections est complètement bloquée !

LR 69 sièges,

RN 143 sièges,

NFP 178 sièges,

Majorité présidentielle 162 sièges.

Aucun groupe n’a donc la majorité alors que l’assemblée nationale compte 577 députés et que la majorité se situe donc à 289 sièges.

Une coalition peut-elle se former comme c’est souvent le cas en Allemagne alors que cette pratique est inconnue sous la Vème République ?

Aucune combinaison ne fonctionne LR+RN ou LR+MAJ P. La seule majorité envisageable est une improbable alliance RN+NFP.

L’investiture d’un premier ministre « de consensus » va donc faire l’objet d’interminables négociations qui ne sont pas dans la culture française qui fonctionne par majorité alors que les négociations sont d’ores et déjà mal engagées avec une Sophia Chikirou, collègue LFI de Mélenchon, qui a insulté F Hollande en le traitant de « chef des punaises de lit » et que Faure, premier secrétaire du PS, et Mélenchon, ont hurlé à la fraude et au déni démocratique lorsque la macroniste Yael Braun-Pivet a été réélue, au 3ème tour, présidente de l’Assemblée Nationale.

Il apparaît dès lors évident que le NFP, qui détient le plus de sièges, n’a aucune réalité concrète et n’est qu’une alliance opportuniste entre des personnes qui se détestent !

Faute de majorité, aucune décision ne pourra donc être prise et nous allons donc tomber dans une phase de paralysie de l’exécutif qui est tout à fait inhabituelle dans la Vème République ; sauf à négocier au coup par coup des coalitions ou des alliances de circonstance. Seulement, à la première difficulté, une motion de censure sera votée provoquant la chute du gouvernement ou une nouvelle dissolution de l’Assemblée Nationale.

Or,  il est à la fois nécessaire et urgent de prendre les mesures qui s’imposent alors que la situation économique et financière de la France est fragile et se dégrade constamment avec une dette publique colossale, une fiscalité sur l’épargne, sur les successions, sur les entreprises les plus lourdes d’Europe.

La France est d’ores et déjà entrée en récession alors que les marges de manœuvre sont extrêmement faibles et les français ne vont pas tarder à le découvrir à leur grande stupeur après 45 ans de discours lénifiants de la part d’une classe politique et de hauts fonctionnaires totalement irresponsables ; au sens propre comme au figuré !

En France, l’activité économique est financée traditionnellement et artificiellement par la dette ; ce qui n’est rien moins qu’une technique pour améliorer le niveau de vie des français parce que la création de richesses, par le seul travail, est insuffisante.

Seulement, cela nous a amené à accumuler une dette de plus 115% de PIB, de 3.200 Milliards € (détenue à 57% par des prêteurs étrangers) dont on n’a aucune idée de la façon dont on pourra la rembourser …

Le constat est simple : La France est surendettée et vit au-dessus de ses moyens !

Or, que proposent les partis politiques candidats : encore plus de dépenses et de dettes !

Et personne ne se pose d’ailleurs la question : qui va payer ?

Parce que, dans la doxa française et l’imaginaire collectif, c’est : Personne bien sûr !

Cette technique de subvention de l’économie française est en fait devenue un piège car comment financer le train de vie dispendieux de l’Etat, les promesses électorales sans augmenter les dettes alors que toute politique d’austérité sera rejetée par les français qui ne comprendront pas que l’on fasse le contraire de ce qui leur a été promis ; ce qui peut d’ailleurs nous amener à des mouvements de contestation violente dans la rue ?

Or, la règle de base est que l’on ne sort pas du surendettement par toujours plus de dettes !

Le risque désormais, c’est une crise de la dette que le gouvernement ne pourra pas éteindre même à grands coups de matraquage fiscal : notamment parce que nous sommes déjà au maximum de la fiscalité acceptable et qu’une violente fuite des capitaux est toujours possible !

Notre situation est d’ailleurs à peu près la même que celle de la Grèce des années 2010 qui s’est retrouvée plongée dans une grave crise de la dette parce qu’elle vivait à crédit sur les dos des autres et finançait son fonctionnement entièrement par l’emprunt.

Alexis Tsipras, le premier ministre grec, tendance Mélenchon, nouvellement élu, avait promis aux grecs qu’il résoudrait la crise sans que ceux-ci aient à en subir les conséquences ; notamment en sortant de la zone €.

Discours populiste et démagogique relevant de l’idéologie voire du discours magique s’il en est et qui ressemble beaucoup aux récentes promesses faites aux français !

Et que s’est-il passé ?

La Grèce s’est heurtée au mur de la dette et à une augmentation phénoménale des taux d’intérêts parce que les prêteurs se sont aperçus qu’elle ne pouvait plus faire face à ses engagements financiers. Du coup, aucune des promesses faites n’a été tenue parce que Tsipras ne pouvait aller à l’encontre des règles économiques de base ; sauf à ramener la Grèce et les grecs 50 ans en arrière en terme de niveau de vie, ce qui aurait été évidemment inacceptable !

Les grecs ont eu droit à la place à une violente diminution des pensions de retraite et des salaires des fonctionnaires de 30%, une réduction du nombre de fonctionnaires, des privatisations massives ; parce qu’il n’y avait pas d’autre solution. Il fallait absolument diminuer la dépense publique pour pouvoir dégager des excédents budgétaires permettant de rembourser la dette !

Or, la France risque d’être confrontée assez rapidement à une grave crise de la dette de même nature ; laquelle pourrait prendre des proportions cataclysmiques eu égard à l’importance des sommes et des intérêts en jeu.

Aujourd’hui, il n’est pas possible de prédire ce qu’il va se passer mais ce qui est sûr c’est que si le gouvernement, quel qu’il soit, ne prend pas rapidement les mesures nécessaires au redressement du pays, ce sont le FMI, la BCE et la Commission de Bruxelles qui le feront comme ils l’ont fait pour la Grèce !

Les grecs l’ont subi, ils n’ont pas apprécié.

Je pense qu’il en sera de même pour les français !

Bien cordialement à tous !

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

Une réflexion sur « Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? »

  1. C’est un résumé correct de la situation, cependant il est peu évoqué les 5,7 millions de fonctionnaires qui sont certainement un peu trop nombreux et 2 millions de moins pour commencer pourraient trouver un job dans le privé et accroître la richesse nationale et ils pourraient même créer des emplois

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