Exploiter des éoliennes en France représente une telle rente qu’une entreprise du secteur a tenté d’acheter des châtelains qui contestaient une implantation.
Éoliennes : le vent de la corruption
La scène se passe le 10 octobre 2014, en Haute-Normandie, à moins de 10 kilomètres des plages de la Manche. Le directeur du développement d’une société exploitante de parcs éoliens, filiale d’un groupe coté au CAC 40, se rend dans un petit village où il doit installer plusieurs éoliennes. Le projet n’avance pas à cause d’un château classé monument historique, dont les propriétaires veulent protéger l’environnement, et d’un groupe d’agriculteurs qui fait de la résistance. Ce directeur du développement a demandé à rencontrer les châtelains chez un voisin agriculteur. Une imprudence, puisqu’il y a plusieurs témoins de cette conversation.
Lorsqu’il a sollicité le rendez-vous, il a précisé qu’il avait des propositions à faire « de vive voix ». De quoi s’agit-il ? D’une « mesure compensatoire ». Mais encore ? « Une compensation qui permettrait de rénover une partie du château »… Les propriétaires du château sont outrés de cette démarche, qu’ils apparentent à une tentative de corruption. Plus choquant encore : les « compensations » ne s’adressent qu’à eux, pas aux autres habitants concernés, qui devront se contenter des nuisances.
Morale de l’histoire : que se passera-t-il le jour où un exploitant éolien voudra passer en force près d’un site classé au patrimoine de l’Unesco ? Un projet de « parc » dans la baie du Mont-Saint-Michel vient ainsi de ressortir des cartons. Quelles « compensations » sera-t-il alors question d’offrir ? Et à qui ? Les exploitants d’éoliennes, quand ils tombent sur un bon « gisement », sont prêts à (presque) tout pour que leur projet débouche. Pas par dévotion à l’écologie, non, simplement parce qu’il y a énormément d’argent à la clé.
Dans le rapport qu’elle a rendu au printemps 2014, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) souligne une rentabilité « excessive », qui peut aller jusqu’à 50 % après impôts. C’est la conséquence d’un tarif élevé de rachat garanti par EDF. Chaque abonné à l’électricité le finance, à la ligne « CSPE » mentionnée sur sa facture. Et il ignore qu’une partie de cet argent peut être destinée à de coupables « compensations ».
On peut dire la même chose du service de l’eau, de l’épuration, du service des ordures…, tout est corruption…