Trouvé sur Face Book.
Un scandale bien français crée par nos nombreuses et diverses administations parasites.
Mathieu Mauriès, 28 mai 2019
Dimanche 26 mai 2019 dans l’émission SEPT A HUIT de TF1 passe un reportage intitulé « Agriculteurs, des cagnottes pour éviter la faillite » dans lequel 5 minutes sont consacrées à mon cas personnel. Mon cas personnel c’est le harcèlement que me fait subir la MSA (la sécurité sociale des agriculteurs) depuis deux ans avec 14 passages au tribunal et une menace de liquidation judiciaire au prétexte que je devrais pour 27 000 € de cotisations pour trois années pendant lesquelles je n’ai eu aucun revenu agricole en raison d’épidémies ayant dévasté mon cheptel. Trois années pendant lesquelles j’étais par ailleurs assuré dans une mutuelle européenne comme l’autorise l’Europe. Après deux ans de lutte judiciaire cette dette qui n’est ni plus ni moins que du vol, de l’extorsion de fond selon la réglementation européenne, a été ramenée à 15 000 €. Mais comment payer des sommes pareilles quand on n’a pas de revenu ?
Ce très court reportage contient dans son commentaire quelques erreurs me concernant (alors non je n’ai pas fait abattre par deux fois mon troupeau). Mais surtout il n’a pas rapporté les origines du désespoir des agriculteurs français que j’ai pourtant largement abordées avec le journaliste au cours de la journée de tournage.
Aussi afin de partager avec vous ce que je pense de cette situation tellement injuste pour un très grand nombre d’agriculteurs, voici un texte que je viens d’écrire sur ce sujet afin de mettre les points sur les i.
Alors que le suicide dévaste nos campagnes, tout le monde le déplore mais personne ne cherche à en résoudre les causes. Elles sont multiples et je vais vous donner aujourd’hui mon point de vue sur ce sujet très douloureux pour moi et pour tant d’autres.
Trois causes principales sont responsables de cette situation intolérable qui conduit aujourd’hui la justice de ce pays à nous traiter comme des criminels alors que nous sommes des Faiseurs de Vie et que nous nourrissons toute la population et entretenons le jardin France : la rémunération de notre travail ou plutôt l’absence de rémunération, la Politique Agricole Commune et la MSA (Mutualité Sociale Agricole).
QUAND TU TRAVAILLES 10 HEURES PAR JOUR 7 JOURS SUR 7 POUR RIEN
Au premier chef, notre travail n’est pas rémunéré à sa juste valeur. Comment être rentable lorsque les prix de nos productions sont les mêmes qu’il y a 30 ans alors que les charges n’ont pas cessé d’augmenter ? La plupart d’entre nous vendent à perte. Nous sommes soumis au marché mondial mais avec des règles administratives françaises toujours plus lourdes et contraignantes, que ne connaissent pas nos concurrents.
L’agneau de Nouvelle Zélande se retrouve à 6 € le kilo dans les supermarchés. Si je le vends à 15 € le kilo chez moi, je couvre à peine mes charges. Pour sortir un petit salaire il faudrait que je vende ma viande d’agneau à 30 € le kilo, qui me l’achèterait aujourd’hui ? Personne. Je ne gagne pas d’argent mais les 67 000 € de charges diverses et variées que j’ai payées en 2018, elles, font vivre beaucoup de monde dont un bon paquet d’administratifs ! Ce n’est pas parce que l’on ne gagne pas d’argent que l’on n’est pas très productif et que l’on n’enrichit pas la nation.
AU ROYAUME DES TECHNOCRATES, LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE
Les aides apportées par la Politique Agricole Commune, la fameuse PAC, ne sont pas des cadeaux faits aux agriculteurs. Ces aides visent à compenser les bas prix qui nous sont imposés par le marché et les politiciens. En réalité elles sont maintenant loin de couvrir le différentiel. Qui plus est nous n’avons plus aucune visibilité sur les dites aides. Que va-t-on recevoir ? Quand vont-elles être versées ? On ne sait plus. Pire les services de l’état vont jusqu’à nous demander de les rembourser pour d’obscurs prétextes. Le cas des aides dues aux agriculteurs bio en est un parfait exemple. En 2019 ils attendent toujours le versement des aides de 2016, 2017 et 2018. L’état français n’est pas avare de promesses quand il s’agit de la PAC, pourtant son désengagement fait sombrer bon nombre de fermes et en l’occurrence les plus vertueuses.
Demain il va rester 200 000 agriculteurs en France. 0,3 % de la population pour nourrir 99,7 % des Français. Tous les voyants sont au rouge. Et tout le monde s’en fout.
LES CONTROLES OU LE REGNE DE LA TERREUR
En France un agriculteur peut être contrôlé dans son activité sur 24 domaines différents par 12 entités administratives différentes : DDTM, DDSCPP, ASP, DRAF, MSA, DIRECCTE, ONEMA, ONCFS, DGFIP, AUTORITE COMPETENTE, DGCCRF et les DOUANES. Nous sommes la profession la plus surveillée et la plus contrôlée.
A chacun de ces contrôles sont prévues des sanctions financières, administratives et judiciaires en cas de manquements (Source : Le guide des droits et devoirs en situation de contrôle – Confédération Paysanne). Comment échapper à un tel arsenal répressif ?
Une récente ordonnance du gouvernement Macron augmente la répression et la criminalisation des agriculteurs.
Alors que le climat est particulièrement entre contrôleurs et contrôlés, le gouvernement choisit de jeter de l’huile sur le feu via une ordonnance renforçant de manière démesurée les pouvoirs des agents du ministère de l’Agriculture chargés des différents contrôles dans le secteur agricole.
Ainsi, si auparavant les contrôleurs pouvaient demander la remise d’une copie de tout document professionnel utile à leur mission de contrôle, cette compétence sera désormais étendue aux documents de toute nature, professionnels ou non, quelle que soit la personne les possédant, du moment que ces éléments seront jugés « nécessaires aux contrôles » par le contrôleur. La séparation entre la sphère privée et la sphère professionnelle pourra donc maintenant être complètement ignorée lors des contrôles.
De plus, les prérogatives des contrôleurs sont également fortement renforcées à l’égard des tiers. Alors qu’auparavant il était simplement indiqué dans les textes de loi qu’ils pouvaient « recueillir les observations de toute personne présente », ils seront, grâce à cette ordonnance, en mesure de convoquer et d’auditionner toute personne « susceptible d’apporter des éléments utiles à leurs constatations ».
Ces formulations particulièrement larges laissent ainsi craindre une énième détérioration des relations entre contrôleurs et contrôlés et risquent de rallonger et complexifier les contrôles. On ne peut que profondément déplorer la prise d’une telle ordonnance par le gouvernement qui prouve par ailleurs une nouvelle fois sa méconnaissance du malaise grandissant des agriculteurs se sentant fréquemment traités tels des criminels lors de ces contrôles.
L’ANTI SECURITE SOCIALE DES AGRICULTEURS : LA MSA
Enfin la MSA (Mutualité Sociale Agricole) la sécurité sociale des agriculteurs termine de nous anéantir (Mort Suicide Agonie serait une bien meilleure définition de ce sigle) avec des prélèvements totalement disproportionnés par rapport à nos revenus. La MSA exige des cotisations, de plusieurs milliers d’euro, même lorsque l’agriculteur n’a aucun revenu. Comment les payer quand on n’a pas d’argent pour les raisons précédemment citées ? Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de revenu que nous ne sommes pas très productifs. Et nous le sommes, à travailler 7 jours sur 7 pour les éleveurs en particulier, sans compter nos heures, sans jours de repos, sans week end, sans vacances, sans jours féries et sans revenu. Nous sommes d’utilité publique, nous vous nourrissons trois fois par jour et nous mourrons les uns après les autres.
Lorsqu’un agriculteur ne peut pas payer les cotisations de la MSA s’enclenche alors un processus totalement dénué d’humanité : harcèlement téléphonique, menaces, huissiers, contraintes, mises en demeure, pénalités s’ajoutant aux sommes dues, passages au tribunal, et au final liquidation judiciaire qui anéantira toute la famille et sa ferme. J’en suis ce jour à 14 passages au tribunal grâce à la MSA Alpes Vaucluse (TGI Toulouse, TASS Toulouse, TGI Saint Gaudens). Une source de stress immense qui m’a déjà conduit deux fois aux urgences dans un état suicidaire. Quand je vais chercher mon courrier chaque jour j’ai une boule au ventre. Je suis rongé par l’angoisse permanente de perdre ma ferme pour une somme en définitive dérisoire. Le harcèlement de la MSA ne me laisse aucun répit et cela a des répercussions très négatives sur la qualité même de mon travail et ma santé comme sur le bien être de mes animaux.
QUAND LA MSA SOUS TRAITE LE SUICIDE DES AGRICULTEURS
Alors que le suicide ravage les campagnes, la MSA a mis en place un service d’écoute pour les agriculteurs en situation de détresse extrême. Un numéro vert le 09 50 83 15 18 … Quand tu appelles ce numéro tu tombes sur un standard et ensuite un message d’attente en Français et en Anglais !!!! Oui un message en Anglais, on croît rêver, tu es au bord du suicide et on te balance un message en Anglais. J’ai appelé ce numéro d’urgence pour un ami. Je suis tombé sur un standard après de longues minutes d’attente. Il a fallu que je m’énerve vraiment pour avoir accès à un thérapeute qui m’a expliqué qu’il ne pouvait rien faire pour mon ami car c’est lui-même qui devait les contacter. C’est sûr tu es au bout du rouleau, tu as passé un corde sur la poutre et il faut encore que tu fasses un dernier effort avant de te pendre … mais de qui se moque-t-on ? J’ai insisté lourdement en demandant que la MSA soit prévenue de cette situation dramatique et là, surprise totale, le thérapeute m’explique qu’ils n’ont strictement aucun rapport avec la MSA et qu’ils ne peuvent faire remonter aucune information à la putain de MSA ! De la sous-traitance pure et simple. La MSA n’en a rien à faire des agriculteurs qui se suicident, voilà la réalité. Quant aux statistiques du suicide des agriculteurs, cela fait des années qu’il y a un agriculteur qui se suicide tous les deux jours, des années ? Alors que nos situations n’ont de cesse de se dégrader. Mais curieusement la MSA ne donne aucun chiffre récent … Bien évidemment la situation est bien pire et il ne faut surtout pas le dire.
Dans les situations dramatiques que nous vivons, la MSA nous pousse au suicide sans le moindre scrupule, elle nous broie. Elle m’a broyé et envoyé deux fois aux urgences. La MSA qui affiche comme je viens de le dire des mesures de soutien aux agriculteurs en difficulté est l’exemple même du pompier pyromane. Ces mesures ne sont qu’un sparadrap sur une jambe de bois. Elle n’améliore en aucune façon nos vies. Au mieux nous voyons nous accorder un échéancier pour payer, encore payer, toujours payer en contre partie de services d’une rare médiocrité. Mieux vaut ne pas avoir besoin de changer ses lunettes ou d’aller chez le dentiste. Et ne parlons même pas des retraites misérables de nos anciens contraints de vivre dans des conditions indignes après une vie de labeur à nourrir les Français. Ce qui par contre est loin d’être le cas pour tout le personnel salarié de cette même MSA …
La MSA ne nous laisse même pas de quoi manger. Elle saisit les comptes bancaires nous laissant sans rien. Et si nous demandons le RSA, d’une main elle le donne, de l’autre main elle le reprend sous forme de cotisations obligatoires, dans les 3000 € par an.
Dans un contexte totalement dramatique pour les agriculteurs, la MSA nous achève au nom de la solidarité nationale. Solidarité ? Vous avez dit solidarité ? Où ça ? Quand ? Comment ?
Les cagnottes qui apparaissent dans le monde paysan sont le signe d’une nouvelle solidarité entre Paysans et Citoyens. Je ne remercierai jamais assez Valérie, celle qui a mis en place une cagnotte pour moi. Et que dire de tous les contributeurs, hommes et femmes de tout horizons qui m’ont ému jusqu’aux larmes avec leurs encouragements et leurs dons financiers.
Je suis partagé entre la honte et l’émotion. Que dire de plus ? MERCI à vous tous.
Les agriculteurs ne se suicident pas, ils sont assassinés. Citoyens, nous avons besoin de votre soutien. NE RENTREZ PLUS DANS LES SUPERMARCHES. Achetez local, en direct auprès des producteurs, achetez BIO autant que peu se faire. C’est l’Avenir de vos enfants qui est en jeu.
Mathieu Mauriès, 28 mai 2019
On peut trouver un certain parallèle entre les paysans poussés à la faillite et au suicide et les contribuables décrétés « FRAUDEURS » par un dicktat de Bercy, ruinés eux et leurs familles pour les piller.
Pour le Bien Commun.
Si les paysans étaient aussi gâtés que les fonctionnaires . . .