C’est la guerre. Hélas…

Je n’ai jamais rencontré notre auteur Michel Gorgel. Ce n’est pas sa faute mais bien la mienne.

Je suis, comme dirait un aviateur, « cloué au sol » par les saisies du fisc. Je ne dispose d’aucune trésorerie pour pouvoir voyager, louer des salles, rencontrer ceux qui souffrent des frappes fiscales, et cela depuis vingt ans.

J’aurais pu tenter de créer une association payante et avec le fruit des cotisations engager ce travail de rencontres, mais j’ai trop vu de ses associations, du fiasco économique que cela représente et des arrangements induits — voir Contribuables Associés qui passe plus de temps à faire la manche qu’à lutter – pour me lancer dans un tel scénario.

Effectivement, je suis sans doute un peu trop : « sans concession », sur ce point…

Donc je ne connais pas Michel Gorgel mais j’ai aimé lire ce qu’il écrivait, et surtout il est probable que sans lui ce blog n’existerait plus, Bercy l’aurait tué.

C’est en effet Michel Gorgel qui a trouvé la solution d’un hébergeur courageux, capable de faire face aux missiles du fisc. Merci donc à lui.

Aujourd’hui, Michel Gorgel m’adresse le mail ci-dessous :

« Ma démission

Monsieur,

Si je sais encore lire (mais est-ce si sûr ?), vous avez par votre billet en date du 11 mars, titré « Les limites de la liberté de penser », invité l’un de vos auteurs, Monseur Bukinov, à démissionner de son travail d’auteur sur votre blogue.

Si je sais lire encore, une démission rendue effective, par un commentaire à votre article de Monsieur Bukinov en personne.

Ce que vous semblez reprocher à Monsieur Bukinov : sa lecture des responsabilités dans le conflit Ukraine – Russie.

Pour le gouvernement français, comme pour les autres gouvernements dont les pays sont membres de l’Otan, le récit est simple : la Russie en général, et Vladimir Poutine en particulier sont les seuls responsables, coupable, condamnables et condamnés.

Pourtant, c’est un fait, depuis 1914, au moins, le gouvernement ukrainien, animé par les forces de l’Otan, se comporte de manière insupportable envers les populations russes de l’est de ce pays, tuant sous les bombes au moins 14 000 personnes.

Dans mon billet du 3 mars, je me demandais pourquoi, soudainement, la Russie avait décidé de mettre un terme aux exactions ukrainiennes. Pourquoi maintenant ?

J’avançais une hypothèse, qui s’est révélée finalement une erreur de ma part. J’imaginais que la Russie avait attendu une réelle mise au point de ses armes hypersoniques. Tout le monde connaît aujourd’hui la vérité : l’Ukraine, aidée et armée par l’Otan, était prête à une action militaire offensive contre les Républiques populaires de Donetsk (RPD) et Lougansk (RPL).

Dit plus clairement encore, la date son entrée en guerre n’a pas été choisie par la Russie, elle lui a été imposée.

La Russie avait-elle un autre choix ? La négociation, par exemple ? C’est exactement ce qu’elle essayait, en vain, depuis au moins 2014. Donc, non, la Russie n’avait pas d’autre choix.

Est-ce que j’ai le droit de dire cela sur votre blogue ? À vous lire, je pense que non, et que je dois m’appliquer le traitement de Monsieur Bukinov.

Ce que je fais par conséquent, aujourd’hui.

Je pense cependant, avec tristesse, que vous faites une erreur. Tout d’abord, non, il n’y a pas de limite à la liberté de penser. Mais plus : vous ne croyez pas du tout à une sorte de complot mondial et organisé de la malveillance. Pourtant, le rôle de McKinsey, décrit dans mon article « La faille McKinsey » du 9 février, est aujourd’hui clairement avéré, et cela non pas en France, mais dans plus de cent cinquante pays.

Monsieur Poutine est-il un monstre ? Pas plus, et sans doute beaucoup moins, que Monsieur Biden et beaucoup d’autres.

Comment officialiser ma démission ? À vous de voir. Vous pouvez en conséquence faire de ce texte ce que bon vous semblera. Bien cordialement, Michel Georgel « 

Que dire ?

Je suis affecté, c’est évident.

J’aurais pu répondre en aparté, mais Michel Gorgel me laisse le choix, alors j’aime autant éclaircir ma position et lui dire que comme les autres il a toute sa place ici, mais lui rappeler aussi que c’est la guerre, qu’elle est bel et bien mondiale, que ce qui est dit, écrit, engage gravement.

Ma position

Effectivement, il n’y a pas de complot mondial. Il y a des convergences d’intérêts, c’est évident, des dominants et des dominés c’est encore évident, mais il n’existe pas de personnage tirant les ficelles imaginaires de marionnettes que nous serions. Les interconnections entre les hommes sont beaucoup trop complexes pour que, même par la force ou la ruse, quelques personnes puissent les maîtriser.

Effectivement, il y a des gens bien et des pourris partout. Ce n’est donc pas la question. La question est structurelle. Dans quel type d’organisation l’homme peut le mieux se développer ? Être heureux, si cela est possible…

Par ailleurs, une organisation structurelle demande une croyance partagée, c’est incontournable, c’est le ciment.

Alors oui, je crois que le moins pire est la démocratie, c’est-à-dire le pouvoir obtenu par le vote accompagné de contre-pouvoirs efficients. Tout en restant conscient que les hommes peuvent la pervertir, que certains le font, mais qu’alors c’est normalement réversible.

Les démocraties ont rarement des objectifs de conquêtes territoriales, mais elles ont tendance au prosélytisme il ne faut pas le nier. Elles aiment séduire et elles séduisent.

Peu importe pour elle le territoire, ceux qui sont conquis oublient aussi la notion de territoire.

En revanche, les pouvoirs autocrates sont nationalistes, attachés au territoire qui enferme l’individu, où il est aisé de le retenir, de le contraindre.

Poutine est avide de territoire, il le dit et l’écrit depuis de nombreuses années.

Mon choix éditorial

Je suis amené à choisir, contre mon gré, mais c’est la guerre.

Donc je choisis naturellement la démocratie contre celui qui déclare la guerre. Même si la proximité de régimes démocratiques lui donne une sensation d’étouffement je ne lui reconnais pas le droit de raser le pays voisin, ni celui d’empêcher sa population d’être séduite par la démocratie.

Est-ce ce choix qui m’amène à dire à ceux qui pensent le contraire que je ne souhaite pas véhiculer sur mon blog leur vision ?

Peut-être ? Je n’en suis pas sûr, il me semble que c’est plus profond.

La similitude entre les souffrances que je subis de la part du fisc et celles que subissent les Ukrainiens — hors les blessures physiques — m’interpelle.

Voir que c’est Bercy qui répond aux canons de Poutine me dépucelle.

Je n’ai pas d’autre moteur que la liberté donc je ne peux pas raisonner mathématiquement, face au pouvoir des fusils ou des saisies je me révolte.

Ce blog est un site de révolte, contre la technocratie, le fisc, contre tout ce qui peut entraver la liberté. A ce titre doit-il inclure des excuses pour ceux qui tentent grossièrement de priver un pays du droit à la liberté par la force, au motif que sa population serait susceptible de faire un vilain usage de cette liberté ?

Ma réponse est non. Désolé.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

5 réflexions sur « C’est la guerre. Hélas… »

  1. Bonsoir,
    Me voilà dans une situation difficile.
    En apparence. Car en fait nous ne sommes plus en Ukraine dans la pensée, mais dans l’action.
    Et dans l’action de guerre où jamais la pensée ne devrait s’aventurer.
    C’est tout le problème de l’action qui à ce stade écrase la pensée.
    Il n’est donc pas possible de continuer à penser face à une telle action, puisqu’il faudra de toute façon agir., donc prendre parti.
    Je suis peut-être un peu en avance, mais nous allons tous devoir prendre parti.
    En ce qui me concerne ce ne peut pas être pour Poutine qui a déclenché cette catastrophe.
    C’est aussi simple que cela.
    J’ajouterai que je ne censure personne, je fais part de mon total désaccord, ce sont les auteurs qui, sans doute par respect pour ma position, décident par eux-mêmes de ne plus publier.
    J’ai peut-être tort, la suite nous le dira.
    Il est des fois où le mauvais choix entraîne de lourdes conséquences, je crois que c’est le cas aujourd’hui, je souhaite ne pas me tromper.
    Je n’ai aucune animosité pour ceux qui pensent différemment, j’espère pour eux que cela restera anodin.
    Bien à vous.

  2. Je crois comme M. GEORGEL que la liberté de penser existe.
    C’est à mon sens, la seule liberté qu’il reste dans toutes les dictatures :
    Celle d’avoir le droit de penser ce que l’on veut et l’obligation de se taire lorsque les pensées menacent le pouvoir des dictateurs.

    M. DUMAS,
    Vous qui êtes tant attaché à la liberté, moi, lectrice, je m’attends à ce que vous défendiez la totale liberté de pensée et/ou d’expression.

    « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » a dit Voltaire

    En effet, selon moi la liberté est, ou n’est pas. Par conséquent, il m’est inconcevable d’envisager une liberté partielle de penser ou de m’exprimer

    Vous ne pouvez encourager certains de vos auteurs à démissionner parce qu’ils ont une opinion différente de la votre sans subir les conséquences de votre intolérance.

    D’abord M. BOLLING quitte le blog pour des raisons que seuls vous et ce dernier connaissez dans le détail.

    En effet, et sauf erreur de ma part, les membres de ce blog n’ont pas été associés à la préparation de vos vidéos* postées en ligne.
    Ils ont eu l’intelligence de ne pas s’en mêler au travers de commentaires sans intérêt pour la cause.

    Ensuite, c’est au tour de M. Burkinov qui nous présente sa vision sur le conflit Ukraine- Russie sans pour autant, me semble t-il nous l’imposer.
    Libre aux lecteurs d’adhérer ou non à son interprétation des faits de l’histoire

    Peu de temps après, c’est M. Georgel qui nous quitte… qui seront les suivants ?

    Bercy ou le fisc doit se réjouir de voir autant de divergences et de chicaneries entre membres de votre blog.

    Diviser pour mieux régner est la devise de tout oppresseur.

    Je peux me tromper, mais il me semble qu’en agissant de la sorte, vous vous tirez une balle dans le pied.

    Souhaitez vous finir seul avec votre combat ? c’est, en tout cas, l’impression que vous donnez.

  3. Merci d’avoir diffusé ma démission ; votre réponse le confirme, vous et moi ne partageons pas la même réalité. Je ne peux pas plus continuer de publier sur votre site que de votre côté vous ne pouvez accepter mes billets. Il me reste à vous remercier de m’avoir hébergé depuis bientôt deux ans, et à vous souhaiter « bon vent » pour la suite… Cordialement, Michel Georgel

    1. Je suis scandalisée. Je croyais que ce blog était un lieu où les débats étaient possibles. Et il n’y a pas de débat sans liberté d’expression. De plus, j’ose croire que la France n’est pas (encore ?) en guerre. Mais puisque la décision de vous exclure a été prise, j’en déduis que ce blog ne m’intéressera plus, puisqu’il sera un nouveau lieu où règnera la pensée unique… Quelle qu’elle soit, elle ne m’intéresse pas. Cordialement. Dominique Mandereau

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