Archives de catégorie : Zap du Net
AVEZ-VOUS DÉJÀ OUBLIE?
La brasserie préférée des Macron ne déclarait pas toutes ses recettes en liquide
La désinformation de Bercy fonctionne à plein régime et pour les médias ( exemple avec cet article dès le titre) l’affaire est entendue et les Taffanel sont d’affreux fraudeurs fiscaux.
Ils sont englués par des affirmations considérées comme des preuves.
La machine à broyer et à faire des faux coupables est en marche.
Je vais faire un papier sur le « redressement » de la Rotonde car il y a une similitude certaine dans les fausses preuves et l’argumentaire erroné de Bercy avec le redressement de la Locomotive qui fut tuée de la même façon.
INFO CAPITAL. La Rotonde, prestigieuse brasserie parisienne où le président avait fêté en 2017 son succès à la présidentielle, dissimulait une partie des recettes perçues en espèces. Elle s’est vu notifier un redressement fiscal estimé à 1,6 million d’euros. L’affaire a aussi abouti à un procès pénal pour fraude fiscale.
La Rotonde est devenue célèbre dans toute la France (et même au-delà) le 23 avril 2017, lorsqu’Emmanuel Macron y a fêté les résultats du premier tour de la présidentielle avec Line Renaud, Stéphane Bern, Pierre Arditi, Erik Orsenna, François Berléand… Le président et son épouse, fidèles habitués de la brasserie parisienne, complètent une clientèle déjà prestigieuse. Hier, Picasso, Modigliani, Matisse, Chagall, Cocteau, Trotski, Aragon, Gershwin, Miller, Scott Fitzgerald… Et aujourd’hui, François Hollande, qui fêta ici sa victoire aux primaires socialistes en 2011. Ou le trio Eric Zemmour – Philippe de Villiers – Patrick Buisson, qui se retrouve régulièrement au premier étage. Ou les écrivains édités par Albin Michel, dont les bureaux sont à deux pas. Dominique Strauss-Kahn, Alain Souchon, Patrice Leconte, Sempé, Jean-Pierre Léaud, Mathilde Seigner, Laurent Gerra, Julian Draxler, Edgar Morin… figurent aussi parmi les habitués.
Mais, lorsque les clients réglaient leur addition en liquide, se doutaient-il que leur note n’était pas toujours déclarée dans la comptabilité de l’établissement ? C’est ce qu’a découvert le fisc lors d’un contrôle. Les inspecteurs des impôts ont notamment effectué un raid surprise le 19 novembre 2013 au petit matin dans la brasserie, ainsi qu’au domicile du propriétaire Gérard Tafanel. Ils ont d’abord demandé les sauvegardes informatiques des caisses enregistreuses, mais la direction ne leur a fourni un historique que sur onze mois, prétextant avoir récemment changé d’ordinateur… Autre surprise : les quatre caisses enregistreuses avaient été paramétrées pour que les tickets de caisse ne soient pas numérotés, ce qui empêche de vérifier que tous les tickets sont bien rentrés dans la comptabilité. Surtout, les limiers de Bercy, en fouillant l’ordinateur de la brasserie, ont découvert trois fichiers intitulés WebTable.exe, qui “permettent la suppression de recettes à l’aide d’un outil extérieur”. Conclusion de Bercy : “Les anomalies [découvertes] révèlent une manipulation destinée à dissimuler des suppressions de lignes” dans la comptabilité.
Suite à ce contrôle, le fisc a donc notifié entre 2014 et 2017 des redressements portant sur la TVA, la CVAE et l’impôt sur les bénéfices, plus des pénalités de 80% pour “manoeuvres frauduleuses”. L’addition se monte à 2 millions d’euros pour la Société de gestion de la Rotonde Montparnasse, plus une somme estimée à 660.000 euros pour sa maison-mère, Financière la Rotonde. Pour chiffrer le redressement, Bercy a dû reconstituer le chiffre d’affaires dissimulé, et l’a estimé à environ 5 % du chiffre d’affaires déclaré, soit 250.000 à 350.000 euros par an sur la période.
L’affaire a aussi un volet pénal. Le fisc a jugé l’affaire suffisamment grave pour la signaler en 2017 au parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire pour “fraude fiscale”. Cette enquête a abouti fin 2019 à une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel, selon des sources proches de l’enquête.
Furieux, Gérard et Serge Tafanel, les deux frères auvergnats qui gèrent et détiennent à 50/50 l’établissement après l’avoir racheté à leur oncle Georges en 1992, se sont lancés dans une guérilla juridique. Ils ont fait appel du raid devant la cour d’appel de Paris, puis la cour de cassation, puis ils ont contesté le redressement devant le tribunal administratif de Paris. Ils ont argué que les traitements informatiques effectués par le fisc violaient la déclaration universelle des droits de l’homme, et par là, la Constitution. Ils ont ensuite plaidé que le fisc, lors de son raid surprise, avait illégalement fouillé le sac à main de la femme de Gérard Tafanel, Sabine, qui est aussi la responsable de salle. Enfin, ils ont affirmé que le fisc s’est trompé en extrapolant leur chiffre d’affaires. La justice les a déboutés sur les deux premiers points, mais pas sur le troisième. En avril 2019, le tribunal administratif a jugé que la reconstitution du chiffre d’affaires était “excessivement sommaire”, et a annulé les redressements.
Mais Bercy n’a pas lâché l’affaire, et a fait appel, avec succès. La cour administrative d’appel de Paris vient de rétablir tous les redressements. “Au vu des éléments convergents en faveur de la mise en évidence d’un système généralisé de minoration de recettes, c’est à bon droit que la comptabilité a été rejetée comme étant dépourvue de caractère probant, et qu’il a été en conséquence procédé à la reconstitution du chiffre d’affaires, a jugé la cour. [L’administration fiscale a] démontré que la société, tout en donnant à sa comptabilité les apparences de la sincérité, a manipulé ses données informatisées, à l’aide d’un procédé qu’elle a elle-même décrit comme étant difficile à détecter, afin de ne pas déclarer une part non négligeable de son chiffre d’affaires”.
Toutefois, le fisc a fait une fleur à la brasserie en 2018. Bercy a renoncé à une partie (220.125 euros) du redressement sur l’impôt sur les sociétés, et à certaines pénalités. Reste que le fisc n’encaissera pas son redressement de si tôt. En effet, la Rotonde, conseillée notamment par l’avocat Maurice Lantourne, a demandé à se placer en sauvegarde, ce qui étale le paiement des dettes. Cette demande a été acceptée en décembre 2017 par le tribunal de commerce de Paris, qui a ensuite approuvé un plan de sauvegarde en décembre 2018.
Pourtant, les affaires de la brasserie (qui emploie 48 personnes) sont florissantes, faisant la fortune des frères Tafanel. Depuis 2008, son chiffre d’affaires a doublé pour tutoyer désormais les 10 millions d’euros par an, dopé notamment par une hausse régulière des prix (depuis 2012, le menu est passé de 42 à 48 euros). Elle a distribué 1,5 million d’euros de dividendes cumulés sur les sept dernières années. En 1998, son fonds de commerce avait été évalué à 5 millions d’euros.
Toutefois, le statut de “brasserie préférée des Macron”, dont les frères Tafanel étaient très fiers au départ, s’est avéré à double tranchant. Devenue un symbole, la Rotonde est la cible de moult opposants, notamment des Gilets jaunes. “A chaque manifestation, il faut le double de cordons de CRS pour protéger la brasserie”, a expliqué le maire de l’arrondissement Jean-Pierre Lecoq (LR). En janvier, l’établissement a été victime d’un incendie, apparemment criminel, à la suite de quoi le président de République a passé un coup de fil de réconfort. “Emmanuel Macron connaît tout le monde, du plus simple commis de cuisine au plongeur, au chef, à tous les gens de la salle, il a eu un mot pour chacun », a alors expliqué Gérard Tafanel sur LCI. La brasserie a rouvert depuis.
Contactés à plusieurs reprises, la brasserie, tout comme ses avocats Samuel Scherman, Pierre-Jean et Fabrice Piro, n’ont pas répondu.
Mise à jour le 3 août : la dissimulation des recettes en liquides « est un tissu de mensonges. Une pure invention », ont déclaré les frères Tafanel au Parisien. « Il n’a jamais été question de dissimuler des recettes. Il n’y a pas de démonstration comme quoi les frères Tafanel ont caché des recettes. Le fisc n’a pas prouvé les fraudes. Et la Rotonde conteste toujours. Les sommes litigieuses n’ont pas été versées sur leur compte personnel mais sur celui de la société », a ajouté leur avocat Antoine Vey. Pour mémoire, l’intégralité des redressements – notamment la dissimulation de recettes – a été confirmée le 10 juillet 2020 par la cour administrative d’appel de Paris dans des arrêts disponibles ici et ici.
Éoliennes, la face noire de la transition écologique Par Jean-Philippe Delsol.
Un ouvrage qui dénonce avec précision et efficacité l’inutilité, voire la nocivité des éoliennes.
Par Jean-Philippe Delsol.
Un article de l’Iref-Europe
Dans cet ouvrage, Fabien Bouglé ne se contente pas de déplorer les atteintes des éoliennes à nos paysages et au charme de nos campagnes, il ne remet pas non plus en cause l’intérêt possible d’un combat pour réduire l’empreinte carbone, mais il dénonce avec précision et efficacité l’inutilité, voire la nocivité des éoliennes.
Son analyse méthodique et percutante démontre que les éoliennes sont plus polluantes que ses promoteurs ne l’avouent. Leur construction est consommatrice de terres rares dont l’extraction est généralement outrancièrement dévastatrice de la nature et des ouvriers qui s’y consacrent. Leur durée de vie est courte et leur démantèlement à échéance de 20 ou 25 ans risque de produire des déchets difficiles et coûteux à traiter. Leur production intermittente d’énergie, dégressive avec l’usure du temps, oblige bien entendu à maintenir en activité des centrales consommatrices d’énergie fossile. Elles produiraient même un effet local de réchauffement…
Les effets sur la santé de ces nouveaux moulins paraissent également inquiétants. Les plaintes des riverains se multiplient contre les effets néfastes de ces engins qui produiraient des infrasons attentatoires à la santé des hommes comme à celle des animaux. Leurs pales tuent les oiseaux en série et font disparaître les chauves-souris qui pourtant jouent un rôle essentiel dans la protection de nos écosystèmes. Et leur implantation en mer nuit à la faune marine et à la profession des marins pêcheurs. Elle fait également fuir les touristes et donc globalement elle porte atteinte à l’emploi qui n’est pas compensé par celui que leur implantation suscite.
En outre, la politique française d’encouragement à l’installation d’éoliennes coûte une fortune. La politique publique a convenu de soutenir ces projets en subventionnant le prix de l’électricité éolienne à des niveaux très élevés et supérieurs à ceux de nos voisins. Alors que le prix moyen du mégawhattheure a été de 45 euros en 2017, les prix de rachat consentis aux producteurs d’éolien marin sont, après renégociation l’an dernier, encore très supérieurs aux prix de marché puisqu’ils ont été arrêtés par exemple pour le projet d’Yeu à près de 175 euros tout compris. Au total, les engagements pris par le gouvernement représenteront un coût pour les vingt prochaines années, à la charge des consommateurs électriques et des contribuables, d’environ trente à quarante milliards pour l’éolien terrestre et trente et un milliards pour l’éolien marin.
Alors pourquoi une telle gabegie, pourquoi un tel acharnement à vouloir installer des éoliennes non seulement peu utiles mais dangereuses, polluantes et ruineuses ? C’est là que Fabien Bouglé dévoile le dessous des cartes. Cette politique de destruction massive de l’environnement est soutenue par les écologistes parce qu’ils y ont un double intérêt idéologique et personnel.
Les apologistes de l’énergie du vent sont des idéologues étatistes. Ils veulent que l’État nous gouverne en tout.L’auteur note :
« C’est sous le prétexte de la transition écologique que les États occidentaux se sont mis à dépenser des centaines de milliards d’euros, accentuant les déficits publics des pays concernés au détriment de citoyens rackettés via leurs factures d’électricité ou d’essence. »
Et via la fiscalité. Ils en font une religion pour sauver la planète et ils désignent leurs prophètes que des enfants incarnent jusque devant les instances onusiennes plus ébahies qu’elles ne le seraient devant Bernadette Soubirous. Et pour eux, ce combat justifie tous les reniements de la démocratie élémentaire : ils permettent aux commissaires enquêteurs d’être rémunérés par les sociétés éoliennes dont ils doivent apprécier les projets ; ils ont supprimé les recours devant les tribunaux administratifs pour gagner du temps dans la procédure ; ils ne suivent jamais les avis des consultations publiques, même très majoritaires ; quand une association dont la consultation est obligatoire donne un avis hostile au projet, ils suppriment cette obligation de consultation….
Mais ils n’oublient pas leurs intérêts personnels. Les cas de prises illégales d’intérêt des élus ne se comptent plus. Les sociétés de production éolienne « arrosent » largement les associations, les élus, les professionnels… pour gagner leur adhésion. Des ONG comme Greenpeace ou WWF ont elles-mêmes des intérêts dans des sociétés éoliennes qui permettent de mieux comprendre leur volonté de favoriser à tout prix cette politique dans une totale ambiguïté. Fabien Bouglé note encore :
« La vérité est que l’industrie éolienne n’est pas du tout écologiste mais répond à une logique de profit exclusif en faveur des promoteurs éoliens par des montages financiers couverts par la politique écologique des États. »
Les liens entre les élus, parlementaires, ministres écolos et les promoteurs éoliens sont fréquents. Cosa Nostra serait même lourdement impliqué dans nombre de projets financés par l’Union européenne. Là où il y a de l’argent public et des affaires, les profiteurs sont toujours à l’affût. C’est ce qu’on peut appeler le socialisme de connivence.
Heureusement, certains pays commencent à comprendre les dangers de cette folle politique en faveur de l’éolien. Les États-Unis, qui ont déjà plus de 14 000 éoliennes hors service dont ils ne savent que faire, et la Russie expriment désormais leur scepticisme. La Pologne a annoncé avoir mis fin à l’installation d’éoliennes sur son territoire. L’Allemagne commencerait à en démanteler. Puisse cet ouvrage ouvrir les yeux des Français et de leur gouvernement.
DARMANIN le ministre « présumé » innocent. Le feuilleton de l’été par Médiapart par Iréna Mathilde.
Retrait de plainte et nouveaux SMS : Mediapart révèle de nouveaux éléments sur l’affaire Darmanin
Mediapart révèle que le ministre a discrètement retiré sa plainte pour dénonciation calomnieuse contre une femme qui l’accusait d’abus de faiblesse, et que les SMS présentés par ses proches pour le dédouaner semblent montés de toute pièce. Une tentative pour étouffer l’affaire après sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur ?
Crédits photo : REUTERS
Le 13 février 2018, une habitante de Tourcoing attaque Gérald Darmanin pour “abus de faiblesse”, racontant comment ce dernier aurait promis d’appuyer sa demande de logement en échange de faveurs sexuelles, profitant de sa position d’élu à la mairie de Tourcoing. Un mois plus tard, en mars 2018, il porte plainte pour “dénonciation calomnieuse”, avant de discrètement la retirer en octobre 2018, soit à peine cinq mois plus tard, comme le rapporte Mediapart.
Cette affaire, classée, ressurgit alors quand Darmanin est nommé au ministère de l’Intérieur. Récemment, l’entourage du nouveau ministre a dévoilé des SMS qu’aurait envoyé la plaignante au ministre. Le premier SMS, lu à voix haute par un des avocats de l’accusé sur Europe 1, dirait : “Toutes mes félicitations, je vous souhaite toute la réussite dans ce grand poste qui vous mènera par la suite à la présidentielle”, faisant référence à sa nomination au ministère de l’Intérieur. Après ce premier message, la plaignante aurait envoyé d’autres messages : “Je trouve ça honteux qu’on puisse accuser à tort” ; “Et je vais rajouter vous êtes pas un violeur moi je sais ce que c’est un violeur en 2003 j’ai failli être violée je me suis échappée” ; “Pour moi, il n’y a pas abus de pouvoir ni de trafic d’influence”. Mais, ainsi que le remarque Mediapart, ces messages détonnent avec ceux qu’elle a pu envoyer au ministre par le passé : “dans tous ces SMS, la plaignante vouvoie Gérald Darmanin, alors que dans leurs échanges de 2017 et 2018, ils se tutoyaient mutuellement. Sur la forme, le style tranche avec l’écriture phonétique et les fautes d’orthographe de ses messages passés. Sur le fond, l’affirmation selon laquelle il n’y aurait “pas abus de pouvoir” est en contradiction totale avec ses déclarations tout au long de l’enquête.”
En effet, la plaignante n’est jamais revenue sur les accusations qu’elle a avait adressé en 2018, lorsqu’elle avait porté plainte contre Darmanin. Après avoir décidé de porter plainte contre l’actuel ministre pour “abus de faiblesse”, encouragée par la plainte pour “viol” déposée par Sophie Spatz-Patterson, elle racontait aux policiers : “Moi aussi, j’ai été abusée par M. Darmanin. C’était en 2016. […] Je pense qu’il a abusé de moi, de ma faiblesse”. Elle raconte à Médiapart qu’alors à la recherche d’un emploi et d’un logement, elle s’est sentie forcée d’accéder à des requêtes sexuelles de la part de Darmanin, alors maire de Tourcoing pour faire avancer son dossier. Après avoir porté plainte, elle affirme ainsi : “Je n’aurais pas fait les fellations si je n’avais pas besoin d’un travail, ni d’un logement”, ajoutant “Ça restera l’histoire d’un homme de pouvoir et d’une femme en précarité !”
Fait malheureusement habituel, la procédure a été classée et Darmanin bénéficie de la présomption d’innocence. Étonnamment, comme le relève Mediapart, la plaignante ne s’est pas constituée partie civile et n’a pas contesté le classement sans suite. Y aurait-il eu un arrangement à l’amiable ? Le retrait de la plainte est-il un aveu de culpabilité de Darmanin ? Tant de questions légitimes qui n’ont pas empêché Macron de le nommer au ministère de l’Intérieur. Pourtant, selon Mediapart, l’enquête n’aurait duré que trois mois, et n’a même pas exploré certaines pistes. Ainsi, il n’y a eu aucune confrontation entre la plaignante et Darmanin, les bailleurs ayant reçu des courriers de l’actuel ministre de l’intérieur plaidant la cause de la plaignante n’ont pas été interrogés, et il n’a pas été jugé utile de désigner un juge d’instruction, indépendant du pouvoir exécutif, pour juger cette affaire concernant un membre du gouvernement, Darmanin étant à l’époque ministre des comptes publics.
La promotion au ministère de l’Intérieur d’un homme visé par une plainte pour viol, qui, par ailleurs, ne nie pas d’avoir eu des relations sexuelles avec deux femmes venues lui demander d’intervenir en leur faveur constitue une insulte pour les femmes victimes de violences et d’abus sexuels. Un tel ministre, qui ose affirmer s’étouffer quand il entend parler de “violences policières” et assimile les mobilisations anti-racistes et de la jeunesse à un “ensauvagement” de la société, reflète bien le gouvernement auquel il appartient, c’est-à-dire un gouvernement raciste qui est un véritable agent actif de l’oppression des femmes.
Éoliennes : le vent de la corruption par Sophie Coignard
Exploiter des éoliennes en France représente une telle rente qu’une entreprise du secteur a tenté d’acheter des châtelains qui contestaient une implantation.
Éoliennes : le vent de la corruption
La scène se passe le 10 octobre 2014, en Haute-Normandie, à moins de 10 kilomètres des plages de la Manche. Le directeur du développement d’une société exploitante de parcs éoliens, filiale d’un groupe coté au CAC 40, se rend dans un petit village où il doit installer plusieurs éoliennes. Le projet n’avance pas à cause d’un château classé monument historique, dont les propriétaires veulent protéger l’environnement, et d’un groupe d’agriculteurs qui fait de la résistance. Ce directeur du développement a demandé à rencontrer les châtelains chez un voisin agriculteur. Une imprudence, puisqu’il y a plusieurs témoins de cette conversation.
Lorsqu’il a sollicité le rendez-vous, il a précisé qu’il avait des propositions à faire « de vive voix ». De quoi s’agit-il ? D’une « mesure compensatoire ». Mais encore ? « Une compensation qui permettrait de rénover une partie du château »… Les propriétaires du château sont outrés de cette démarche, qu’ils apparentent à une tentative de corruption. Plus choquant encore : les « compensations » ne s’adressent qu’à eux, pas aux autres habitants concernés, qui devront se contenter des nuisances.
Morale de l’histoire : que se passera-t-il le jour où un exploitant éolien voudra passer en force près d’un site classé au patrimoine de l’Unesco ? Un projet de « parc » dans la baie du Mont-Saint-Michel vient ainsi de ressortir des cartons. Quelles « compensations » sera-t-il alors question d’offrir ? Et à qui ? Les exploitants d’éoliennes, quand ils tombent sur un bon « gisement », sont prêts à (presque) tout pour que leur projet débouche. Pas par dévotion à l’écologie, non, simplement parce qu’il y a énormément d’argent à la clé.
Dans le rapport qu’elle a rendu au printemps 2014, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) souligne une rentabilité « excessive », qui peut aller jusqu’à 50 % après impôts. C’est la conséquence d’un tarif élevé de rachat garanti par EDF. Chaque abonné à l’électricité le finance, à la ligne « CSPE » mentionnée sur sa facture. Et il ignore qu’une partie de cet argent peut être destinée à de coupables « compensations ».
Plaintes liées au Covid-19 : en France, l’heure des comptes a sonné par Aude Mazoue + LES PLAINTES…
Après le temps de la maladie, et parfois du deuil, vient celui de la colère et des explications. Des dépôts de plainte se multiplient partout en France pour demander réparation.
Après les hôpitaux, c’est au tour des tribunaux d’être submergés par le Covid-19. Moins de patients à réanimer mais toujours plus de plaignants déterminés à obtenir justice. Partout en France, ce sont plus d’une centaine de plaintes pénales qui ont déjà été enregistrées pour « homicides ou blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui » ou « abstention volontaire de combattre un sinistre ». Ces accusations émanent de familles de proches décédés, de maires, de syndicats ou d’associations.
« Le téléphone ne cesse de sonner, explique-t-on au standard de l’association Victimes de coronavirus Covid-19 France (AVCCF). Nous recueillons des témoignages de victimes par dizaines depuis quelques jours, la communication et le bouche-à-oreille fonctionnent très bien, commente-t-on au sein de la jeune association qui a déjà recueilli 60 témoignages qui feront, eux aussi, l’objet de plaintes et d’action en justice. Et nous n’en sommes qu’au début ! »
Un procès « hors norme »
Face à cet afflux, le procureur de Paris, Rémy Heitz, a annoncé le 8 juin l’ouverture d’une vaste enquête préliminaire sur la gestion critiquée de la crise du Covid-19 en France. À cette investigation, s’ajoute le travail d’auditions mené par les parlementaires dans le cadre de la commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire.
À ce stade, ces enquêtes ne constituent qu’une première réponse judiciaire. Mais « le procès qui en découlera s’annonce hors norme, exceptionnel », assure à France 24 Me Hervé Banbanaste, l’avocat qui défend les victimes de l’Association des victimes pour l’assistance et l’indemnisation du Covid-19 (Avaic19). « C’est la première fois que des plaintes sont déposées alors que la crise bat son plein », explique de son côté le procureur de Paris qui appréhende un travail « considérable » et une « situation historique ». Jusque-là, « dans les grandes affaires de santé publique (sang contaminé, amiante…), la justice est intervenue bien a posteriori. »
Le procès pourrait d’ailleurs « prendre entre cinq et sept ans », estime de son côté Fabrice Di Vizio, l’avocat mandaté par le Collectif C19 et l’AVCCF, dans un autre entretien accordé à notre rédaction. « Mais il est important que ce procès soit long, car dans cette affaire, il faut comprendre les implications et les responsabilités de chaque acteur de la chaîne sanitaire. C’est un véritable travail de fourmi qu’il faut désormais mener. Mais c’est à ce prix que l’on obtiendra la vérité. »
Plaintes contre les Ehpad
Déposées, le plus souvent contre X, les plaintes visent aussi bien les membres du gouvernement que des responsables de l’administration, notamment le directeur général de la Santé : Jérôme Salomon, en première ligne médiatique lors de l’épidémie en France. Sont également visés, pêle-mêle, Santé Publique France, les Agences Régionales de santé (ARS), l’Ordre des pharmaciens ou encore l’administration pénitentiaire.
>> À lire : Le coronavirus dans les Ehpad (1/3) : « Ce n’est plus du travail mais de la survie »
Mais ce sont les Ehpad qui ont été les premiers montrés du doigt. Il faut rappeler que ces hébergements pour personnes âgées dépendantes ont payé un lourd tribut au coronavirus : 9 738 résidentes et résidents y sont décédés à ce jour. Soit plus d’un tiers du total des victimes françaises. Une première enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre, après le dépôt d’une plainte par la famille du résident d’un Ehpad de Chaville (Hauts-de-Seine) mort le 25 mars. Puis une deuxième à Grasse, le 2 avril. Et devant la multiplication des plaintes déposées contre ces établissements, des familles se sont réunies dans une association baptisée Collectif 9 471… en référence au nombre de morts recensés dans les Ehpad au 5 mai 2020, jour de la création de l’association.
>> À lire : Face au coronavirus, les initiatives se multiplient pour venir en aide aux Ehpad
« Honorer [la] mémoire »
Parmi les plaignants, figurent aussi des proches de professionnels, comme la veuve d’Ali Djemoui. Médecin exerçant à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), en banlieue parisienne, ce généraliste de 59 ans est décédé le 2 avril après avoir eu en consultation près 1 400 patients en un mois, à raison d’une soixantaine par jour, six jours sur sept avec des moyens de fortune. « Dès la fin du mois de février, l’État affirmait que les médecins généralistes n’étaient pas au contact de patients Covid. Or le Dr Djemoui était mobilisé auprès de patients qui toussaient », lance Me Di Vizio. « Entre fin février et mi-mars, les médecins généralistes n’ont pas eu droit aux masques dont ils avaient besoin. » Et le juriste de poursuivre, « l’Ordre des pharmaciens n’a pas non plus donné de consignes pour faire importer des masques, il s’est abstenu. Il aurait fallu que les pouvoirs publics déclenchent la phase 3 dès la fin du mois de février ».
Depuis, la femme du défunt et mère de quatre enfants entend porter le combat de son époux devant la justice. Elle met en cause la responsabilité de l’État et celle de la Direction générale de la santé, l’ARS mais aussi le Conseil national de l’ordre des pharmaciens. « J’attends que la justice reconnaisse la faute de l’État à n’avoir pas su protéger mon mari, confie Mme Djemoui à France 24. Je le fais pour honorer sa mémoire et son métier, qu’il adorait ».
La colère des professionnels qui exigent des preuves
Son cas n’est pas isolé. L’Ordre des médecins estime qu’une trentaine de praticiens libéraux sont morts en France. Des médecins généralistes reprochent au ministre de la Santé d’avoir trahi sa promesse de les équiper de masques FFP2. Raison pour laquelle une trentaine de médecins rassemblés avec le Collectif C19 ont, eux aussi, saisi la Cour de justice de la République. Ils mettent en doute la réalité des commandes passées par les autorités pour obtenir des moyens de protection des soignants et exigent des preuves.
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Dans le domaine médical toujours, le Collectif Inter-Blocs, a également porté plainte le 25 mai contre les 32 hôpitaux de l’Hexagone. Travaillant avec de simples masques chirurgicaux, ils dénoncent là encore la pénurie de masques FFP2, destinés au personnel de réanimation, et pointe la responsabilité de l’État.
Les professions médicales ne sont pas les seules à monter au créneau. Le syndicat Unité SCP-Police-FO a annoncé, dès le 6 avril 2020, son intention de déposer plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui. Le syndicat s’est associé à la démarche de la Fédération générale des fonctionnaires-Force ouvrière. Ils estiment avoir fait partie du « premier rideau » et à ce titre n’avoir pas été suffisamment protégés par leur hiérarchie.
Les municipales en question
D’autres enfin, portent plainte contre l’État pour avoir maintenu le premier tour des élections municipales. Chafia Zehmoul, candidate sans étiquette à Saint-Fons (Rhône), dans la banlieue de Lyon, est la première élue à avoir engagé des poursuites contre le gouvernement. « Je me suis lancée dans la campagne à 200 %, j’ai serré des mains, embrassé des gens. Et puis le lendemain de l’élection, je n’ai plus eu de nouvelles de certains membres de mon équipe, raconte l’élue de 51 ans à France 24. J’ai appris qu’ils avaient été hospitalisés. Deux d’entre eux sont morts, et deux de leurs proches le sont aussi. J’ai été choquée. » Depuis, avec ses colistiers et des militants, l’élue a créé Avaic19, pour « accompagner les victimes du coronavirus et leur obtenir des indemnités. »
« Toutes ces plaintes déposées n’ont rien de politique, conclut Me Fabrice Di Vizio, qui représente une grande partie des victimes. Et il ne s’agit pas de tomber dans un procès populaire. Il n’est question que de rechercher la vérité et ne pas laisser les victimes sur le bas de la porte ».
Le Dr Christian Zürcher dénonce des “statistiques falsifiées” et une deuxième vague “mise en scène par les médias et les autorités.”
https://covidinfos.net/covid19/le-dr-christian-zurcher-denonce-des-statistiques-falsifiees-et-une-deuxieme-vague-mise-en-scene-par-les-medias-et-les-autorites/1345/?fbclid=IwAR3DZgZCnAG6fB-E
L’OCCIDENT VA DISPARAÎTRE par Michel Onfray.
Un homme qui parle vrai et simplement.
A vous de juger.
les « 300 », parodies sur le Covid. Humour de vacances suite.
version française:
https://www.youtube.com/watch?v=quICbxJ9tSo
version espagnole:
https://www.youtube.com/watch?v=E4THwlHxo5o
Bravo pour cet humour décapant.
tout chaud, la dernière version parodique de « la chute » sur le Covid (humour décapant)
J’AI DÉCIDÉ DE PORTER LE MASQUE (humour en vacances)
Rencontré sur F.B
L’ESCROQUERIE OFFICIELLE SANS FIN SUR LE COVID. et c’est pas fini…
MALGRÉ TOUTE LEUR PROPAGANDE DE DÉSINFORMATION, QUI MARCHE A PLEIN RÉGIME, IL NE FAUT CERTAINEMENT RIEN OUBLIER…
ET ILS SE PRÉPARENT A NOUS RE-CONFINER!
et aussi:
ET ILS VEULENT NOUS RE-CONFINER. Voici La Vérité Déconfinée…
Emmanuel Todd : « Depuis le Covid, nous savons que le mensonge d’Etat règne en France »
Cette interview d’Emmanuel Todd contient bien davantage que la phrase mise en avant par « L’Express » par souci de sensationnalisme, le péché mignon des journalistes…. Le personnage n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais il mérite assurément d’être lu. Artofus.
Avant de s’illustrer en essayiste corrosif, l’auteur des Luttes des classes en France au XXIe siècle et de L’Origine des systèmes familiaux est d’abord un chercheur.
– Il admet « avoir une prédisposition pour rentrer dans le conflit intellectuel ». Et on le croit sur parole : Emmanuel Todd, godelureau de 69 ans, est l’auteur d’une oeuvre qui comprend, outre de charnus ouvrages érudits, plusieurs essais sociopolitiques violemment abrasifs, ce qui le rend à la fois facile d’accès et complexe. Beaucoup se reconnaissent dans ses embardées lexicales contre les dirigeants politiques ou l’euro ; d’autres l’exècrent pour cette même raison. Mais peu connaissent, au fond, le chercheur traduit dans de nombreux pays, l’Indiana Jones de la statistique historique adulé des Japonais, quoiqu’il ne soit jamais allé au-delà de directeur de la bibliothèque de l’Ined en matière de reconnaissance universitaire hexagonale. Depuis plus de quatre décennies, cet historien, démographe et anthropologue explore l’influence structurelle des systèmes familiaux sur les sociétés. Partout, et depuis que l’homme est l’homme. Une vie n’y suffirait pas. Autant dire le bonheur, pour Emmanuel Todd.
Difficile, en présence d’un spécialiste des systèmes familiaux comme vous, de ne pas commencer cet entretien par l’évocation de vos origines. D’où venez-vous, Emmanuel Todd ?
Emmanuel Todd : J’ai grandi à Saint-Germain-en-Laye, banlieue bourgeoise, dans une famille ruinée par la guerre. Nous vivions dans un appartement un peu délabré, avec mes arrière-grands-parents maternels, Robert Alphen et Germaine Hesse, descendants de juifs émancipés par la Révolution française, qui ont beaucoup compté pour moi. Ma grand-mère, elle, était la veuve de l’écrivain communiste Paul Nizan, le personnage célèbre de la famille.
Du côté paternel, vous ne manquiez pas non plus de figures intimidantes…
Mon père, le journaliste Olivier Todd, un ancien de L’Express et surtout du Nouvel Observateur, est le petit-fils de Dorothy Todd, ex-rédactrice en chef de Vogue,lesbienne flamboyante. Quand j’étais enfant, mon père m’effrayait. C’était un séducteur, il me parlait avec brutalité – une partie de mon affection pour l’historien Emmanuel Le Roy-Ladurie, un proche de la famille dont j’ai suivi les cours plus tard, tient au fait qu’il était, lui, extrêmement gentil. Mais, à l’âge adulte, il m’a été d’un grand soutien intellectuel. Nous avions comme un accord tacite : à lui les femmes, à moi les livres savants !
C’est lui que vous avez cherché à impressionner en vous lançant au fil de vos livres dans une « esquisse de l’histoire humaine » de ces 100 000 dernières années ?
Venir d’une famille originale est stimulant, mais, au-delà des défis et des rivalités intrafamiliales, il y a les hasards de l’existence. Ma fixation sur l’Histoire a été précoce. Dès l’âge de 10 ans, je lisais des récits sur la Rome antique ou la Renaissance.
Comment avez-vous eu l’idée d’associer aussi étroitement l’histoire à la statistique ?
J’ai fait de l’histoire à la Sorbonne, parallèlement à Sciences po. C’est là que j’ai découvert l’école des Annales,qui embrasse le temps long en croisant toutes sortes de champs, dont la démographie historique. Les cours de Jacques Dupâquier étaient extraordinaires. Quand je le voyais sortir de sa sacoche des listes d’habitants et des extraits de registres paroissiaux, j’adorais ! Et c’est à Cambridge que je suis devenu une sorte de technicien des structures familiales. Je voulais quitter la fac, apprendre l’anglais. Je me suis envolé là-bas, où j’ai suivi les cours de l’historien Peter Laslett, grand spécialiste de la question, qui fut mon directeur de thèse. J’avais – j’ai toujours – un rejet absolu du verbeux.
« J’ai été élevé contre la culture française »
Alors que l’époque, elle, en avait à revendre, avec ses stars structuralistes…
En ce sens-là, on peut dire que j’ai été élevé contre la culture française. La tradition intellectuelle de la famille, c’était Les Chiens de garde, où Paul Nizan met en boîte la philosophie bourgeoise. Ce qui explique pourquoi mes livres comportent des lignes désagréables pour Foucaultou Bourdieu. Le fumeux est pour moi un marqueur du caractère petit-bourgeois de la culture hexagonale. Je n’écris jamais de façon très compliquée, mais je tente de jouer de tous les instruments : l’économie, la sociologie, la géographie, l’anthropologie bien sûr.
Dès votre premier livre, La Chute finale, vous réussissez un coup de maître en donnant l’URSS pour morte dans les trente ans à venir – ce sera quinze – sans n’y jamais avoir mis les pieds. Puissance de la statistique, culot monstre : tout Emmanuel Todd est déjà là, non ?
Cela pouvait paraître arrogant, en effet – mon père avait transmis le manuscrit à son ami éditeur, le philosophe Jean-François Revel -, mais, en réalité, j’étais très timide à l’époque, je venais de passer mon doctorat d’histoire, j’étais un très gros bosseur. Lors d’un séjour en Hongrie, je découvre un pays qui correspond un peu à la France des années 1950. Je lis dans un annuaire statistique de l’ONU que le taux de mortalité infantile russe remonte – du jamais-vu dans un pays industrialisé. Et là, j’ai l’intuition que le système est miné de l’intérieur. J’analyse, j’ajoute la chute brutale de la fécondité, qui indiquait une évolution rapide des mentalités, le taux de suicide élevé, l’économie… Ce n’était pas du culot, mais une sorte de certitude d’avoir raison à partir de quelques chiffres. Quant au fait de n’avoir jamais été en Russie… Je suis dix-huitiémiste, et le XVIIIe siècle, je n’y suis jamais allé non plus !
Cette intuition première vous conduit ensuite à recouper la carte du communisme avec celle de la famille de type communautaire…
Pour moi, le lien logique était extrêmement simple. Le communisme, c’est l’égalité et l’autorité. Deux valeurs qui sont aussi au coeur de la famille communautaire, dans laquelle les fils sont associés au père, et héritent à parts à peu près égales. J’ai élargi ce constat en mettant en rapport les types familiaux traditionnels avec les idéologies dans La Troisième Planète et L’Enfance du monde, au début des années 1980, puis en étudiant la différenciation de ces formes familiales en Eurasie dans le tome I de L’Origine des systèmes familiaux.
Quels sont les grands types familiaux dégagés par vos travaux ?
La famille des origines, celle d’Homo sapiens, correspond à la famille nucléaire, évoluant dans un groupe local. Elle se compose du couple conjugal et des enfants, qui s’éloignent à l’âge adulte. La parenté du père est équivalente à celle de la mère ; les familles se regroupent localement. Il faudra cinq mille ans pour que les types familiaux se différencient, à partir de l’invention de l’écriture, à Sumer, en Mésopotamie, vers 3300 avant l’ère commune. La densification de l’agriculture au Moyen-Orient va amener la différenciation. Cela donne, premier temps de l’évolution, la famille souche – des ménages où cohabitent jusqu’à trois générations, avec un héritier unique, le plus souvent l’aîné des garçons, et l’affirmation de l’autorité paternelle.
Dans un deuxième temps, tous les fils restent sous contrôle paternel, et l’on obtient la famille communautaire. La famille restée nucléaire intègre aujourd’hui tous les pays anglo-américains, la France, l’Italie du Sud, l’Espagne du Centre et du Sud. Dans la catégorie souche se classent l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, le sud-ouest de la France. Et dans les divers types communautaires, la Chine, la Russie, l’Inde du Nord. Le monde arabe ajoute, troisième temps, le mariage entre cousins au communautarisme familial.
« Je suis tombé malade à force de me faire insulter »
Vos recherches montrent que les structures familiales et la religion sont des mécanismes souterrains qui déterminent les valeurs politiques et les performances éducatives des sociétés, même lorsqu’elles ont été transformées par la modernité. Pourquoi cette clef d’interprétation du monde vous a-t-elle valu autant de critiques de vos pairs ?
J’étais persuadé qu’on allait me récompenser pour mon travail, et au lieu de ça, on m’a accusé de porter atteinte à la liberté humaine ! Les universitaires refusaient de lire les données et de débattre. Ce fut un vrai choc pour moi. J’ai fini par admettre que les sociétés ne voulaient pas connaître la vérité sur elles-mêmes. L’Occident individualiste a besoin de croire en la liberté absolue de l’individu, alors que l’individualisme moderne est déterminé par la famille nucléaire.
« Le patriarcat n’est pas l’archaïsme que l’on pense, mais le résultat de l’évolution des sociétés depuis Homo sapiens », analysez-vous. C’est ce qui s’appelle aller à rebours d’une idée dominante.
Patriarcat, genre, domination masculine… Tout cela est bien imprécis au regard des données accumulées par l’anthropologie. Surtout, on imagine un statut de la femme qui, parti de très bas, est en voie d’amélioration. Or, sur les cinq mille dernières années, la tendance est inverse. Dans la famille de l’humanité primitive, les hommes et les femmes avaient des rôles bien typés : aux femmes la cueillette et la reproduction, aux hommes la chasse, la défense du groupe et des enfants.
Avec l’agriculture sont apparus de nouveaux conflits, et avec eux la montée en puissance d’un statut masculin dominant, ainsi que l’invention des systèmes patrilinéaires, marginalisant la femme. Le féminisme moderne est né sur la frange occidentale de l’Eurasie et aux Etats-Unis, monde périphérique où avait survécu le couple originel des chasseurs-cueilleurs. Notre modernité prolonge donc un archaïsme. Mais les progrès de l’avortement sélectif des foetus de sexe féminin en Chine, en Inde, en Géorgie ou au Kosovo suggèrent que l’Occident est loin d’avoir gagné.
Il y a comme deux Emmanuel Todd : le chercheur novateur et le coupeur de têtes, qui éreinte Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron et les élites. Le second n’aurait-il pas tendance à éclipser le premier ?
Je ne dirais pas « éclipsé », bien que je semble avoir une prédisposition pour rentrer dans le conflit intellectuel, c’est vrai. La Chute finale était déjà assez polémique, tout en utilisant un matériau très scientifique. La controverse et la science sont sur le même registre, celui de la clarté et de la franchise. Mais l’important est qu’on puisse bien distinguer l’une de l’autre. Prenons mon engagement contre l’euro. J’ai très tôt eu l’intuition qu’il ne fonctionnerait jamais, parce que ma connaissance intime des différences européennes rendait inenvisageable l’idée que l’Allemagne, l’Italie et la France puissent fonctionner de façon homogène avec une monnaie commune. Je suis rentré dans le débat en me disant que les gens devaient connaître cette vérité.
Votre essai Qui est Charlie ?, dans lequel vous souteniez que les manifestants du 10 et 11 janvier 2015 étaient majoritairement des catholiques culturels « laïcards », voire islamophobes, c’était la provoc de trop ?
Pas la provoc de trop, un dépassement de la limite. Je reconnais que je me suis posé en juge de mon propre pays : l’unanimisme des classes moyennes, leur bonne conscience m’avaient mis hors de moi. Mais mon constat statistique était rigoureux. Je suis tombé malade à force de me faire insulter. Reste que ce livre est l’une des choses dont je suis le plus fier. J’ai fait face. En général, je ne me considère pas comme un intellectuel, mais comme un chercheur ; je n’interviens dans les débats que lorsque je pense détenir des éléments qui apportent quelque chose ou contredisent des attitudes majoritaires absurdes.
Dans Le Destin des immigrés, par exemple, j’explique que notre modèle d’intégration bute non pas sur l’islam, mais sur la structure familiale arabe patrilinéaire et endogame ; autrement dit, sur une différence anthropologique. Mais Qui est Charlie ?, au-delà de ses coefficients de corrélation, a fait de moi un intellectuel français dans la plus pure tradition, qui intervient pour dire ce qui est, selon lui, juste.
D’un côté, vous constatez, rassérénant, que la démocratie, est la première forme politique de l’humanité. Mais de l’autre, vous la décrivez comme « originellement xénophobe ». Les démocraties dites illibérales d’Europe de l’Est, comme la Hongrie ou la Pologne, vous semblent donc tout sauf un accident de l’histoire ?
« La chute du système démocratique n’est pas un drame absolu »
La démocratie des origines, telle qu’on peut l’observer dans les communautés primitives, à Athènes ou dans les républiques bouddhistes de l’Inde ancienne, est une association des adultes de sexe masculin qui se réunissent pour prendre des décisions, désigner des chefs et les contester. Elle va de pair avec la famille nucléaire d’Homo sapiens. La montée en puissance des formes politiques autoritaires a correspondu à la complexification ultérieure des structures familiales. La démocratie concrète, c’est donc un peuple particulier qui s’organise sur un territoire particulier, et qui se situe par rapport à des voisins. Si l’on est sérieux en termes de concepts, la Pologne actuelle est à la fois plus xénophobe et plus démocratique que la France. Elle rejette les immigrés, mais elle organise des élections qui ont un sens, elle a une monnaie, son gouvernement peut prendre des décisions.
En France, nous disposons encore de la liberté d’information et de vote, mais comme notre gouvernement n’a aucun pouvoir sur la monnaie et le commerce à cause de la gangue européenne, notre pays n’est plus qu’une composante d’un système oligarchique multinational. On a évidemment le droit de préférer – aucune ironie ici – ce système à une démocratie américaine de type trumpiste, où la xénophobie anti-mexicaine a contribué à la victoire d’un candidat populiste…
Mais peut-on encore parler de démocratie dans le cas d’un président qui, comme Donald Trump, trompe ses électeurs en propageant de fausses informations, ou méprise la justice en graciant son ex-conseiller condamné à quarante ans de prison pour avoir menti aux juges à son propos ?
On est dans un système ouvert avec des imperfections, en crise même, et il faut aussi parler des délires mensongers de la presse de l’establishment américain.
Sauf que les médias ne sont pas élus, eux…
Les Américains restent largement informés, et la possibilité de l’alternance politique reste ouverte. Mais être démocrate, pour moi, c’est d’abord faire le ménage là où l’on peut agir, comme en France, où nous savons, depuis le Covid, que le mensonge d’Etat règne ! Cela étant, la chute du système démocratique n’est pas un drame absolu. L’essentiel de l’histoire humaine n’est pas la démocratie, mais de grands mouvements de fond, des flux et des reflux… Un vieux professeur m’a dit un jour, au sortir d’une conférence contre l’euro : « M. Todd, arrêtez de souffrir : même si vous ne pouvez pas agir sur l’Histoire, elle ne s’arrêtera pas ! » Me voilà arrivé à 69 ans, nous sommes toujours dans l’euro, Macron parle, parle, parle… Et pourtant, je reste jovial. L’Histoire, en effet, continue et reste passionnante. Et l’homme ira dans les étoiles…
*A lire au Seuil :
La Chute finale (1976)
L’Invention de l’Europe (1990)
Après l’Empire (2002)
L’Origine des systèmes familiaux, t. I, L’Eurasie (2011)
Le Mystère français, avec Hervé Le Bras (2013)
Où en sommes-nous ? (2017)
ET ILS VEULENT NOUS RE-CONFINER. Voici La Vérité Déconfinée…
https://www.facebook.com/laveritedeconfinee/videos/280410373188181
« L’Obsolescence de l’homme », par Gunther Anders.
Les français deviennent de plus en plus des veaux.
De Gaulle ne s’était pas trompé.
80 km/h, pas de masques puis obligation des masques, confinement et certainement re-belote, taxes et re-taxes etc…
Le tout pour notre bien!
BIENVENUE DANS LE MONDE D’APRÈS.
Même Georges Orwell ne pouvait l’imaginer.
Les chinois l’ont fait.
Ne riez pas, bientôt chez vous.
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Pasteur Martin Niemöller
https://www.facebook.com/george.aroyan.9/videos/699999634067956
La chute de la maison Traoré par Frédéric Mas.
Adama Traoré a été reconnu coupable du viol de son compagnon de cellule : l’affaire signe la fin de l’entreprise politique de la famille Traoré et nous donne une leçon sur le fonctionnement politique du pays.
Finalement, la presse s’est faite l’écho de l’agression sexuelle sordide perpétrée par Adama Traoré envers son ancien codétenu, qui a été dédommagé pour cela le 12 mars dernier. Sur les réseaux sociaux, au hashtag #JusticepourAdama a succédé celui d’#Adamalevioleur. Ce changement signe la fin d’une aventure politique construite contre les « violences policières », et qui a cherché à s’inscrire dans le sillon du mouvement de protestation venu du monde anglo-américain après la mort de George Floyd.
La décision de justice condamnant Adama Traoré date du 12 mars dernier. Il y a donc un petit moment que tout le monde connaissait les antécédents violents du personnage, en particulier au sein des médias. Cela n’a pas empêché ces mêmes médias de porter aux nues la « cause » d’Assa, la sœur d’Adama au point d’en faire une nouvelle Angela Davis adaptée à notre temps.
LES FÉMINISTES EN VACANCES
Alors que tous les mouvements et associatifs féministes officiels protestent contre la nomination de Gérard Darmanin pour une affaire de viol, les réactions face à la chute de la maison Traoré sont inexistantes. Sans doute faut-il mettre ça sur le compte des vacances d’été, et en déduire que les féministes les plus vocaux -pas tous, bien heureusement !- sont juilletistes.
Le comité Adama s’était allié aux écologistes le 18 juillet dernier pour manifester. À peine 3000 personnes se sont déplacées, essentiellement issues de groupuscules d’ultragauche, pour faire converger les luttes « antiraciste » et climatique. Parmi les manifestants, des élus de la République écolos, féministes, antiracistes etc. Cela aurait dû mettre la puce à l’oreille des commentateurs.
Comme l’écologie politique, qui sature l’espace médiatique mais fait un score ridicule dans les urnes, l’entreprise politique d’Assa Traoré était omniprésente dans les magazines, sur les plateaux télé et à la télévision, mais inexistante sur le terrain. Plus encore, les faits et les personnages, comme avant le tournage d’une scène de film, étaient maquillés pour que disparaissent les mauvais profils et que puissent défiler côte à côte les revendications les plus hétéroclites, et surtout les plus incompatibles entre elles, le tout toute honte bue.
LA COMPLAISANCE DES ÉLITES
Ce rebondissement dans l’Affaire Traoré est une leçon adressée à tous. La défiance n’a pas seulement pour origine le populisme ou le complotisme supposé des citoyens.
Elle s’étend aussi à cause des complaisances du « parti des médias » comme de pouvoirs publics prêts à tout pour un peu de popularité, y compris frayer avec ce genre d’entrepreneurs politiques.
La politique est devenue un business visant à obtenir de l’argent public et du pouvoir en jouant sur vos émotions et vos frustrations. Injustice, racisme, sexisme, violences policières, tout est bon pour alimenter les groupes d’influence, mais attention, ceux-ci resteront sélectifs. Tout cela reste essentiellement du théâtre.
Le « bon » antiracisme ou le « bon » féminisme sur le marché politique est celui qui portera ses représentants aux portes du pouvoir, certainement pas celui dont le citoyen ordinaire, celui qui vit loin des ministères, a besoin.
C’est la concentration de pouvoir au sommet de l’État qui attire la convoitise des entrepreneurs identitaires, c’est donc par la dépolitisation et la décentralisation qu’on limitera leur influence sur la vie des Français. Le marché reste ainsi l’antidote à l’instrumentalisation partisane de l’antiracisme.
COMME LES « HAUTS FONCTIONNAIRES » DE BERCY, LES « SAGES » SE SUCRENT EN TOUTE ILLÉGALITÉ SUR NOTRE DOS!
Après Bercy (https://temoignagefiscal.com/bercy-lempire-du-mal-et-la-citadelle-de-tous-les-abus/) , les membres du Conseil Constitutionnel s’octroient, comme pour Bercy, des salaires et autres avantages (que nous payons) en toute illégalité comme dans les meilleurs républiques bananières…
Voir le reportage d’Antenne 2:
https://www.facebook.com/franceinfo/videos/1023206061468240
CHIFFRES OFFICIELS (INSEE) des décès en France.
Cette ultraviolence avec laquelle les Français vont devoir apprendre à vivre.
Les actes de violence gratuite explosent de manière effrayante, fruits de la rencontre sur notre territoire entre des cultures insolubles. Un constat que le politiquement correct français n’autorisera jamais, ruinant nos chances de trouver des solutions.
Les faits ignobles de violence gratuite s’enchaînent et se ressemblent en ce début du mois de juillet.
A Bayonne, le chauffeur de bus Philippe Monguillot a été assassiné pour avoir demandé à des passagers d’acheter un ticket et de porter un masque. Dans le Lot-et-Garonne, la jeune gendarme Mélanie Lemée a été tuée par un chauffard multirécidiviste qui tentait de forcer un barrage. A Nantes, c’est une quarantenaire qui a été rouée de coups à six contre un lors du vol de son scooter. A Etampes, c’est un sapeur-pompier qui a été blessé par balles lors d’une intervention. A Montpellier, ce sont des jeunes qui ont été agressés au couteau dans le tramway, sans aucune autre raison que le plaisir de faire mal. Et des faits comparables se déroulent tous les jours, un peu partout.
Bien que totalement éludé par les journalistes chargés d’interroger Emmanuel Macron le 14 juillet, le sujet est dans l’air, et l’exaspération monte. Et comment ne pas être exaspéré après avoir constaté lors du confinement l’assiduité policière à verbaliser le quidam sur des chemins de forêt perdus ou des plages dynamiques vides, tandis que les jeunes de cités s’affichaient crânement autour d’un narguilé en bas de leur immeuble ?
Il y a déjà longtemps que nous ne sommes plus dans du simple deux poids deux mesures, ni dans l’habituelle faiblesse envers les forts et la force envers les faibles. Nous sommes au-delà, dans un séparatisme de fait, où une partie décroissante de la population française accepte encore de jouer le jeu de l’autorité, de payer ses amendes docilement et de respecter les lois, tandis que les autres s’affranchissent impunément de toutes les règles et tous les usages. Les principes élémentaires d’une vie en société – un territoire, un Droit applicable – s’effondrent sous nos yeux.
Une situation sans espoir
Malheureusement, aucune solution ne pourra être apportée à ce problème car pour ce faire, la France devrait faire une chose interdite par la Justice, l’Education nationale, les partis politiques, les médias, les militants et les réseaux sociaux : se confronter à la triste réalité des faits.
Le docteur Maurice Berger, psychiatre auprès de jeunes délinquants en centre éducatif fermé, nous éclaire pourtant sur cette violence gratuite dans son dernier livre intitulé : « Sur la violence gratuite en France », publié aux éditions de l’artilleur. Et contrairement au discours dominant, les causes n’ont rien d’économiques ou sociales, mais sont avant tout psychologiques et culturelles.
Les jeunes ultraviolents ont généralement été abandonnés, violentés ou méprisés par leurs parents. Si leurs besoins vitaux élémentaires de nutrition ou de propreté ont été assurés, leur besoins d’interactions, d’affection ou de jeux ont été totalement négligés. Ces jeunes se trouvent alors décalés par rapport au monde, parfois psychopathes, incapables de penser normalement, de se concentrer, d’imaginer, de faire semblant, ce qui explique qu’ils n’arrivent pas à situer les conséquences de leurs actes et qu’ils commettent dans le réel des atrocités dont ils auraient dû normalement comprendre le caractère ignoble lors de jeux. Plus terrifiantes encore sont les conséquences neurologiques, entre violence exacerbée et incapacité totale à identifier les émotions d’autrui ni ressentir d’empathie, qui peuvent les pousser à commettre les pires horreurs sans aucun remord.
Malheureusement, le docteur Berger a franchi une ligne rouge en donnant une précision qui lui vaudra d’être isolé et lynché : une écrasante majorité des enfants concernés est d’origine maghrébine.
Perdu. Tabou invoqué. Quiconque évoquera ce sujet sera voué aux gémonies, et le problème sera enterré. Il y a en France des sujets interdits.
La rencontre du feu et de l’huile
Nulle part pourtant il n’est question de mettre en avant un quelconque déterminisme racial ou une quelconque pensée raciste. Le sujet est au contraire pleinement culturel et la flambée de violence gratuite est le résultat de la rencontre de deux cultures insolubles. D’un côté, une culture patriarcale violente et négligente envers ses enfants, qui crée des bombes humaines à la chaîne ; et de l’autre une culture française lâche et laxiste dont la justice et l’éducation nationale se refusent à donner à ces enfants perdus les repères dont ils ont tant besoin.
Il n’y a malheureusement pas de recul possible en matière de multiculturalisme. Sous l’implacable pression démographique qu’elle orchestre elle-même par son Etat Providence, la culture française devient peu à peu une parmi d’autres sur son propre sol, incapable d’imposer ses principes et son droit aux autres cultures qui la réprouvent.
Tel est le prix à payer pour un pays qui oublie que sans normes et sans valeurs communes, il n’est pas de vivre ensemble possible, et que sans vivre ensemble aucune sécurité n’est envisageable (car la police peut bien être dévouée, il n’y a pas de meilleure sécurité qu’un voisin qui veut votre bien plutôt que votre mort).
Cette volonté de vivre ensemble, Ernest Renan la nommait « Nation ». Mais le mot aujourd’hui sent le soufre. Le Front National. Les heures les plus sombres. L’horreur, quasiment le nazisme.
L’alternative à l’Etat-Nation, c’est la société multiculturelle comme aux Etats-Unis, au Sri Lanka, en Suède ou en Belgique, qui subissent dans des proportions diverses des problèmes comparables aux nôtres.
Nous sommes donc engagés dans un mouvement démographiquement implacable, qui fait naître des problèmes graves dont nous nions l’existence avec la plus grande force, par pure idéologie. Dans ces conditions, aucun espoir de trouver une solution n’est permis, et les français vont devoir apprendre à vivre avec la violence gratuite au quotidien, partout, et tout le temps.
Depuis nous avons eu le meurtre d’Axelle Dorier à Lyon.
Fauchée puis traînée sur 800 m par une voiture après avoir écrasé son chien!
Pour en finir avec la bureaucratie Par Marc Vignaud et Géraldine Wœssne
La crise du coronavirus a révélé l’asphyxie administrative dont souffre la France, particulièrement au sein de l’hôpital. Comment l’État peut-il se réformer ?
Vendredi 20 mars, Haut-Rhin. Alors que des hélicoptères tournoient dans le ciel de Mulhouse au-dessus de l’hôpital saturé de patients, emportant les malades vers Brest, Toulon, Poitiers… et que des coups de marteau résonnent sur le parking où l’armée érige en urgence un hôpital de campagne, le Dr Georges-Fabrice Blum, coordonnateur de l’unité mère-enfant de la clinique du Diaconat-Fonderie, située à 800 mètres de là, décroche son téléphone. Son établissement privé accueille déjà une trentaine de patients atteints de Covid-19, mais, pour ouvrir des lits de réanimation, il lui faut le feu vert de l’agence régionale de santé (ARS) du Grand Est… Ses supérieurs pensent les ouvrir le soir même. Mais au siège de l’administration, à Metz, le fonctionnaire se montre intraitable : « Il nous a demandé de remplir un dossier dérogatoire de réanimation. Un document de 25 pages, avec des plans à faire tracer par un ingénieur ! raconte le spécialiste, encore fumant d’indignation. Nous n’avions pas d’ingénieur, alors on nous a dit de rappeler lundi matin. Pendant que des gens mouraient ! Heureusement que notre député avait le portable d’Olivier Véran… » Le ministre de la Santé, contacté, débloquera lui-même la situation.
Si l’ARS a été surprise, dans le Grand Est, par la brutale arrivée de l’épidémie, les autres agences sauront vite s’adapter, envoyant valdinguer nombre de leurs procédures pour permettre aux soignants d’affronter la crise. Mais, hors les murs de l’hôpital, qui concentrait toutes les attentions, les crispations, les lourdeurs administratives, voire les blocages culturels d’agents attachés à leurs règles vont s’accumuler par centaines, entravant dangereusement l’action des acteurs de terrain pourtant en première ligne : commandes retardées par une pile de normes, absence d’informations, reprise ralentie par des protocoles rigides…
Les leçons de la crise. Le ministère de la Santé, informé dès le 15 mars que les laboratoires vétérinaires avaient tout le matériel nécessaire pour réaliser 300 000 tests par semaine, mettra vingt et un jours à se débarrasser d’une norme, inconnue de nos voisins allemands, leur interdisant de traiter des échantillons humains, puis encore de longues semaines à obtenir de ses agences qu’elles délivrent, sur le terrain, les tampons nécessaires. « Le monde de la santé a un mépris souverain pour les vétérinaires, et ses fonctionnaires ont tout fait pour les tenir à l’écart, s’indigne un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture. On a perdu un temps fou, c’est un scandale ! »
Emmanuel Macron assure avoir tiré les « leçons » de la crise… Il annoncera pourtant, le 14 juillet, qu’il envisage de ne rendre les masques obligatoires dans les « lieux publics clos » que le 1 er août – près de trois semaines plus tard ! Le ministère de la Santé justifiera ce délai par la complexité de la mesure (vérification de légalité, logistique préalable, rédaction du décret)… quand la Belgique, le week-end précédent, n’aura mis que vingt-quatre heures pour imposer la même chose par un simple arrêté ministériel.
« Un État asphyxié par lui-même »
Tatillonne et corporatiste, la haute fonction publique ? Sans doute. Mais pas que… « La crise a révélé les failles d’un État asphyxié par lui-même », pris en flagrant délit d’inefficience « alors même que nous avions promis de le réformer », grince un ministre proche du président. Emmanuel Macron, raconte-t-il, aurait été frappé de recevoir autant de SMS d’élus plus ou moins proches déversant leurs griefs. Impossible de ne pas en tenir compte… « C’est aujourd’hui clair dans l’esprit du président : il est prêt à une grande réforme. Mais il ne la mènera que si les associations d’élus sont décidées à assumer pleinement de nouvelles responsabilités. » Alors, aux journalistes qu’il convie à sa table début juin pour amorcer le « récit » de la sortie du confinement, le président lâche ces mots-clés : l’État central est devenu « bedonnant et aveugle », il est urgent de le « réduire » pour « redonner du muscle à l’État local ».
C’est dit : l’acte III du quinquennat sera celui d’un grand mouvement de reconnexion des administrations aux réalités du terrain. La crise a préparé les esprits, pense-t-il, à des réformes profondes. Mais comment s’y prendre, par où commencer ? Car, si le gouvernement ne part pas d’une page blanche, son combat affiché contre la « bureaucratie », comme les autres gouvernements avant lui, a été mené mollement, l’action étant d’abord ciblée sur les simplifications touchant directement les Français. Dans la foulée de la crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a annoncé vouloir créer des maisons France Services dans chaque canton, pour rapprocher l’administration des citoyens. Un Observatoire de la dématérialisation informe, sur Internet, de l’avancement de la numérisation de 250 procédures administratives phares. Et, d’ici au 30 septembre, des démarches courantes – comme la demande d’allocation logement, de prime d’activité ou de logement social – seront préremplies.
L’allègement des structures administratives est tout aussi modeste, en dépit de plusieurs circulaires envoyées par Édouard Philippe. Certaines procédures autrefois gérées depuis Paris ont été transférées : le préfet de département peut maintenant autoriser un établissement sportif à vendre de l’alcool, par exemple, quand il fallait hier… un arrêté du ministre. Depuis le 1 er janvier, un agent public peut être muté sans avis préalable des syndicats, qui n’auront, l’an prochain, plus leur mot à dire sur les promotions – une petite révolution que les contrôleurs aériens menacent déjà de refuser d’appliquer.
Corps gazeux. Quant au ménage promis dans les 1 200 agences auxquelles l’État a, au fil des décennies, délégué l’application de ses politiques – dont les effectifs ont enflé à mesure que les budgets de l’État central baissaient et qui représentent chaque année une dépense de 80 milliards d’euros (et 470 000 agents) -, il s’apparente à un petit coup de plumeau : quelque 90 commissions consultatives et 80 organes d’administration plus ou moins anecdotiques vont être supprimés ou fusionnés au sein d’autres entités, comme ce surréaliste « haut fonctionnaire chargé de la terminologie aux ministères économiques et financiers », qui sera intégré dans le secrétariat général de Bercy. « L’administration est un corps gazeux. Dès qu’un espace se libère, elle l’occupe », grince un haut fonctionnaire territorial, convaincu que d’autres structures remplaceront celles qui auront disparu.
« Ce n’est pas à la hauteur, soupire Thierry Mandon, ex-secrétaire d’État à la Réforme de l’État de François Hollande, car on ne s’attaque pas aux gouvernances. Pour débureaucratiser le pays, il faut réellement transformer la machine publique : s’attaquer au millefeuille territorial, désigner le bon échelon de décision, réformer complètement le système de santé… »
Trancher
La gestion parfois ubuesque de la crise sanitaire par un ministère déconnecté du terrain concentre toutes les critiques. « Les ARS ? Je ne sais pas à quoi elles servent », s’agace le président de l’université de Picardie, Mohammed Benlahsen, qui s’est retrouvé « complètement seul » pour gérer, sur ses six campus, la crise du Covid-19. « L’Oise était désignée comme cluster, j’ai un flux de milliers d’étudiants qui débarquent chaque week-end, mais je n’ai eu aucun contact officiel avec l’ARS, rien ! À un moment, sans suivi médical, quand mes étudiants n’avaient plus de quoi manger, j’ai pris mes décisions seul. » Comme ces centaines de maires et de présidents de conseil départemental ou régional qui, excédés de n’obtenir aucune information – sur la doctrine de distribution des masques, le nombre de contaminations dans les Ehpad, les capacités de tests -, ont résolu de prendre les choses en main. « La gestion de cette crise a été pensée uniquement sous le prisme de l’hôpital, alors qu’elle était universelle, reconnaît le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux. L’empilement des structures tue toute efficacité. »
Rééquilibrage. Le diagnostic posé par les acteurs de terrain devant les commissions d’enquête parlementaires rejoint celui des élus, qui l’ont tonné au Ségur de la Santé : en période de crise, le préfet doit avoir la main sur les agences de santé. Mais, au-delà, les collectivités locales réclament un rééquilibrage : « Aujourd’hui, les élus siègent au conseil de surveillance des hôpitaux, qui ne sont qu’une chambre d’enregistrement. Ils doivent retrouver une place au conseil d’administration, qui décide, tranche Alexandre Mora, président de Dextera, association des collaborateurs de cabinet de la droite et du centre. Et un élu doit aussi présider le conseil d’administration des ARS, dont les sièges emploient des centaines de personnes complètement déconnectées du terrain. Les régions paient les internes, les formations des infirmières, etc., et on n’aurait rien à dire ? » Un message reçu par Emmanuel Macron comme par Jean Castex, favorables l’un comme l’autre au retour des élus dans le système.
Mais jusqu’à quel point ? Si le mode de gestion des Ehpad paraît invraisemblable – l’État finance les soins aux personnes âgées via l’Assurance maladie, le conseil départemental paie leur hébergement, qui est une dépense sociale, et les mairies sont propriétaires des murs, sans que personne comprenne qui décide, qui fait quoi -, une éventuelle réforme impliquerait de nouvelles règles de décentralisation (avec les leviers de financement afférents) mais relève aussi du futur plan grand âge… un casse-tête pour le gouvernement.
1 200
agences et opérateurs de l’État dont
483 opérateurs, représentant 402 000 emplois et 56 milliards d’euros de budget
347
organismes divers d’administration centrale
(budget inconnu)
Une multitude d’agences. Frédéric Valletoux regrette que le Ségur de la Santé, dont le ministre Olivier Véran a restitué, le 21 juillet, les conclusions, annonçant de nombreuses améliorations et allègements de procédure, ait manqué l’occasion de tout mettre sur la table. « La médecine de ville, la médecine privée ont été oubliées. On n’a pas abordé l’enchevêtrement d’agences qui gèrent le système de santé, le taux excessif de personnels non soignants à l’hôpital, son système de tarification basé sur le nombre d’actes… Le dossier médical partagé, qui permettrait des milliards d’économies en évitant de refaire trois, quatre fois les mêmes examens médicaux, n’est toujours déployé que pour 8 millions de Français, et les médecins ne le remplissent pas ! La France est l’un des rares pays au monde à avoir une médecine dont les professionnels ont autant de statuts, alors qu’ils sont tous payés par le même tuyau : les impôts des Français. » Réformer un ministère quadrillé d’intérêts corporatistes relève de la gageure. Si l’après-crise fera certainement avancer la « débureaucratisation » de la santé, le gouvernement travaillant d’arrache-pied pour accélérer la numérisation des établissements et l’interopérabilité de leurs systèmes informatiques, l’heure du Grand Soir n’est pas encore venue.
Les espoirs concernant les autres versants de la montagne administrative sont tout aussi menacés… En présentant début juillet les attentes des collectivités locales à l’égard de l’État, près de deux ans après l’appel de Marseille, qui, en septembre 2018, lançait leur offensive contre le pouvoir « vertical » du président Macron, François Baroin a prévenu le président : « Si l’État pense qu’il est armé pour le choc social » à venir, c’est qu’il n’a pas compris « l’inefficacité et l’impuissance dans ses départements », a lancé le patron de l’AMF, le pressant d’engager ce qui pourrait être « la très grande loi des deux dernières années du quinquennat ».
Loi 3D. « La question n’est pas nouvelle : c’est la deuxième fois qu’on tombe dessus depuis 2017 », soupire un proche conseiller du président. La crise des Gilets jaunes avait mis en lumière l’éloignement du citoyen des structures de décision, la présence de l’État dans les territoires n’ayant cessé de se réduire au profit des grands pôles régionaux. Un projet de loi 3D (pour déconcentration, différenciation, décentralisation), élaboré par la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, est en gestation depuis plusieurs mois. Mais son architecture soulève encore de nombreuses questions…
Novlangue
« Toute personne de 11 ans ou plus porte un masque de protection dans les établissements de typeL, X, PA, CTS, V, Y et S, ainsi que, s’agissant de leurs espaces permettant des regroupements, dans les établissements de typeO… » Le décret prescrivant les mesures restrictives issues de l’urgence sanitaire jusqu’au 30 octobre 2020, publié le 10 juillet au Journal officiel, est un modèle d’opacité administrative. Pourquoi ne pas désigner en toutes lettres les établissements visés (le type X est un établissement sportif couvert, le type Y un musée…) ? Incompréhensible.
Si la « déconcentration » – le déplacement de plusieurs milliers de fonctionnaires au plus près du terrain – peut s’organiser, la « différenciation » s’avère plus complexe. Il s’agit de permettre à des collectivités locales d’un même niveau d’avoir des compétences à géométrie variable, en instituant un droit à la différenciation constitutionnellement garanti et un assouplissement de la mise en œuvre des expérimentations locales.Lancée en Bretagne, une expérimentation permet, par exemple, depuis janvier, aux collectivités de réaliser elles-mêmes le zonage des parcelles éligibles au dispositif Pinel de soutien à la construction de logements locatifs. « On pourrait imaginer décentraliser entièrement la politique du logement, anticipe un membre du gouvernement. Mais les collectivités sont-elles toutes prêtes à assumer de nouvelles compétences, et les responsabilités qui vont avec ? Et, surtout, les Français le voudront-ils ? »
Car ce n’est pas le moindre des paradoxes : souvent enclins à étriller la lourdeur de l’État central, « les Français ont aussi un besoin quasi anthropologique de puissance publique », souligne Thierry Mandon. Et se tournent systématiquement vers l’État, quand une politique dérape, pour exiger des comptes. « Quand l’usine Lubrizol a explosé près de Rouen, la totalité des membres du gouvernement a défilé sur place, mais personne n’a appelé le président de région, qui a pourtant la compétence économique pleine et entière », déplore un membre du gouvernement.
« Un foutoir complet ». Une Conférence des territoires, annoncée cet été par Emmanuel Macron, permettra-t-elle de clarifier les attentes ? Les exemples abondent de politiques qui pourraient être décentralisées. « Des fonctionnaires de l’État gèrent les crédits des lycées et collèges,je n’ai pas autorité sur eux, s’agace le président de l’Assemblée des départements de France Dominique Bussereau. Et quand j’ai voulu instaurer deux repas bio par semaine dans les cantines, la moitié m’ont dit non ! » La crise économique qui s’annonce imposera aussi une gestion au plus près des réalités de terrain. « Aujourd’hui, je ne peux pas modifier les horaires d’enseignement pour que l’université s’adapte à l’emploi salarié des étudiants, peste Mohammed Benlahsen. Et, pour créer une nouvelle formation sur le numérique ou la sécurité des données (des secteurs qui recrutent), il faut que j’attende l’accréditation des diplômes, qui se fait une fois tous les cinq ans ! »
Le plan de relance devra, lui aussi, mieux articuler les responsabilités des uns et des autres dans le pilotage des politiques publiques. « L’État a transféré aux régions le financement de la formation des chômeurs, mais il s’est gardé 20 % des budgets », regrette l’économiste de l’Institut Montaigne Bertrand Martinot. « Et personne sur un territoire donné n’est capable de savoir qui est le chef de file de l’insertion des jeunes. La région, l’État, le conseil départemental, les communes ? Chacun y va de ses initiatives, c’est un foutoir complet. » Emmanuel Macron travaille à un grand service public de l’insertion, mais il tarde à devenir opérationnel.
394
commissions et instances consultatives
placées sous la tutelle du Premier ministre ou des ministres
Budget des hôpitaux
84,2
milliards d’euros
1,3
million
de personnels médicaux, soignants et non soignants, dont 26 % d’administratifs et techniques
(Drees)
Révolution culturelle
Un défaut de management qui affecte l’ensemble de la fonction publique, de la base au sommet. « On ne résoudra rien tant qu’on ne s’attaquera pas aux blocages psychologiques de nos élites », estime Thierry Mandon, qui voit dans l’ENA, l’École nationale d’administration, « une aberration absolue. Il n’y a pas de professeurs, des gens viennent faire des conférences : on considère que, parce que vous avez réussi le concours, vous savez déjà tout et êtes apte à diriger. On ne vous apprend qu’à rédiger des décrets et des circulaires, c’est-à-dire à soumettre les citoyens à vos décisions ».
Si un changement de paradigme est nécessaire, il faudra l’accompagner sur la durée, théorise la nouvelle ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, chargée de diriger une sorte de « delivery unit » à plein temps pour s’assurer que les réformes votées depuis le début du quinquennat s’appliquent sur le terrain. « Débureaucratiser, c’est une forme de révolution culturelle au cœur de l’État pour obtenir des résultats tangibles et rapides. Il faut recréer de la confiance entre les ministères, à Paris, et les agents dans les territoires. C’est le premier des combats. Les premiers à souffrir de la lourdeur de la bureaucratie, ce sont les agents publics. La bonne nouvelle, c’est que les cadres que nécessite cette révolution culturelle sont déjà là. On doit pouvoir casser les silos ministériels. Nous devons avoir une vision transverse des sujets à l’intersection de la santé, de l’environnement, de l’économie, du social… Mon rôle, c’est d’aller porter cette vision à tous les niveaux : auprès des ministres, des élus, des agents, des citoyens. » Le dire, d’abord. En attendant des actes…§
Ce remaniement technocratique qui fait tant jaser
La scène se passe à Matignon, lors d’une discrète soirée de remise de décorations organisée en l’honneur d’un serviteur de l’État. Ce soir-là, le ministre Sébastien Lecornu, entouré de quelques proches – dont Gérald Darmanin –, remet un insigne à un vieil ami, rencontré lorsqu’ils servaient en cabinet durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Soudain, une tête apparaît – celle du haut fonctionnaire Marc Guillaume, dont les bureaux jouxtent la salle de réception. Sébastien Lecornu s’interrompt : « Je me dois de présenter mes respects à notre maître à tous, à notre chef ultime : monsieur le secrétaire général du gouvernement ! » Le ton n’est pas amical. L’interpellé baisse la tête. Dans la salle, personne ne rit… Nommé en 2015 par Manuel Valls à ce poste hautement stratégique, Marc Guillaume était devenu la bête noire de nombreux ministres, et, sitôt installée à Matignon, la nouvelle équipe de Jean Castex a obtenu son scalp. Un « remaniement bis » qui signe une véritable reprise en main.
Peu connu du grand public, le « SGG » occupe un rôle clé dans l’administration du pouvoir : il organise le travail du gouvernement, contrôle la correction juridique de toutes les décisions, supervise les nominations des grands corps… La personnalité de l’occupant du poste est cruciale. Or, « assez rapidement, Marc a vrillé et s’est arrogé des prérogatives politiques dépassant largement son rôle administratif, en revenant sur des arbitrages donnés par l’exécutif ou en réécrivant les textes de A à Z », confie un conseiller de l’Élysée, encore estomaqué de s’être fait renvoyer plusieurs fois dans les cordes. « En réunion interministérielle, il était infect, rejetant les textes d’un mot. La caricature du conseiller d’État méprisant du fait politique, qui considère que le droit et l’administration doivent diriger ce pays… » Pendant le confinement, Jean Castex aurait constaté son pouvoir bloquant… La discrète énarque Claire Landais, choisie pour le remplacer, est décrite par l’un de ses anciens collaborateurs comme son miroir inverse. « Elle a su s’imposer dans un univers d’hommes par sa gentillesse et son extrême compétence. Elle écoute les politiques, trouve des solutions juridiques inventives… La loi sur le renseignement de 2015, dont elle est l’une des mères [elle était alors directrice juridique du ministère de la Défense, NDLR], est un modèle d’équilibre entre opérationnalité des services et préservation des libertés publiques. (…) Elle n’est pas loyale à un corps, elle est loyale au peuple, et à l’élection. » Un retour à l’essence de la haute administration ?§
https://www.lepoint.fr/politique/pour-en-finir-avec-la-bureaucratie-23-07-2020-2385311_20.php
Plan de relance européen : la défaite en chantant par Natacha Polony
« Historique », « le moment le plus important depuis la création de l’euro »… Il devient chaque fois un peu plus difficile de trouver un nouveau superlatif pour qualifier les accords européens arrachés par un Emmanuel Macron visiblement conscient qu’il n’a plus que cela pour tenter de laisser une trace dans l’Histoire. On a même vu fleurir ces derniers mois l’expression « moment hamiltonien », reprise en chœur par des commentateurs ravis, pour nous faire savoir qu’enfin, l’Europe fédérale tant attendue était à nos portes.
Si l’on sort une seconde des clichés pour analyser, non seulement les termes de l’accord, mais ce qui l’a rendu possible et ce sur quoi il peut déboucher, on comprend en fait à quel point les efforts désespérés des vendeurs de rêve pour nous dessiner un monde en rose où l’Union européenne serait soudain devenue la nation bienveillante d’un peuple unifié frôle l’escroquerie. Résumons : le coronavirus est venu frapper de plein fouet des économies, celles des pays du sud de l’Europe comme celle de la France, que la désindustrialisation massive avait rendues totalement dépendantes des secteurs que, justement, cette épidémie vient percuter, en premier lieu le tourisme.
MARCHÉ DE DUPES
Cette désindustrialisation, dans le cas de la France, est la conséquence d’une idéologie délirante de ses classes dirigeantes, qui ont bradé ses fleurons au nom de l’ouverture à la mondialisation et qui ont choisi la banque et la grande distribution contre l’industrie et l’agriculture. Mais elle est également, comme pour l’Italie ou l’Espagne, la conséquence d’une surévaluation systématique de la monnaie unique qui ne laisse d’autre choix que la « dévaluation interne », c’est-à-dire, côté entreprises, le chômage de masse, et, côté Etat, les coupes budgétaires sur les infrastructures, les services publics et les investissements.
Le coronavirus a frappé une Europe qui ne s’était toujours pas remise de la crise de 2008, crise qui aurait dû entraîner l’éclatement de la zone euro, tant les déséquilibres étaient devenus intenables. Mais il fallait à tout prix empêcher que la Grèce, comme aujourd’hui l’Italie, ne sorte de la monnaie unique, lançant une réaction en chaîne. On sait comment les choix démocratiques du peuple grec, comme leur santé, leurs retraites, leur patrimoine national, ont été sacrifiés sur l’autel de cette noble cause…
Comment s’inscrit dans cette histoire l’accord de cette semaine ? Il est la simple continuation d’un marché de dupes. Non pas qu’il faille se scandaliser d’une mutualisation des dettes, comme le font ceux qui, de toute façon, ne veulent pas d’une Union européenne. Mutualiser les dettes devrait constituer le premier pas d’une véritable solidarité des pays européens entre eux, comme, au sein d’un pays, les régions les plus riches paient pour les plus pauvres afin de rééquilibrer les inégalités territoriales. Dans le cas de l’UE, ce serait d’autant plus nécessaire que, disons-le clairement, la prospérité florissante des pays dits « frugaux », comme celle de l’Allemagne, s’est largement faite sur le dos de leurs voisins. N’allons pas jusqu’à évoquer le confortable statut de paradis fiscal des Pays-Bas, mais bénéficier d’un marché totalement ouvert et d’une monnaie sous-évaluée de 15% pour la taille de son économie constitue un avantage pour lequel l’Allemagne – c’est tout le sens des choix d’Angela Merkel – est prête à beaucoup de « mutualisation ». D’autant qu’en fait de concessions, les pays « frugaux » ont arraché des avantages effarants. Par rapport au projet initial du président du Conseil Européen, Charles Michel, l’Autriche a obtenu une augmentation de ses divers rabais de 138% !
DINDON DE LA FARCE
Et la France, dans tout ça ? Le dindon de la farce, comme à chaque fois. Prête à tout sacrifier, non pour défendre les intérêts des citoyens français, son industrie, son agriculture, mais pour sauver le fantasme d’une Europe idéale. Puisque ce ne sont pas les pays frugaux qui paieront, ce seront, dixit Emmanuel Macron lui-même, la France et l’Allemagne. A ceci près que l’Allemagne, elle, y a tout intérêt. La catastrophe serait pour elle une explosion de la zone euro. Et pour l’heure, elle a les moyens de lancer un plan de relance sept fois plus important que celui de la France, et qui consistera, non à payer du chômage partiel, mais à investir dans les industries d’avenir.
Que faudrait-il faire ? Se battre, bien sûr, pour rééquilibrer une construction monétaire inaboutie, bancale, aux conséquences catastrophiques – mais on ne peut le faire si l’on aspire avant tout à rester dans l’Histoire comme l’architecte de l’Europe fédérale. Mettre dans la balance le poids de la France, non pour supplier les Pays-Bas de bien vouloir mutualiser une partie des dettes, mais pour leur interdire tout dumping fiscal, et pour exiger que la BCE fasse tourner la planche à billets, comme le fait tout pays indépendant qui veut sauver son économie.
La crise qui se dessine risque d’être pour la France un pas de plus vers la perte de ses capacités productives. Elle pourrait être salutaire si elle est l’occasion, non d’un rafistolage à coup de chômage partiel, mais d’un investissement massif dans la réindustrialisation du pays. Le début de la reconquête. Voilà qui serait vraiment historique.
FILLON, COMPLOT ou PAS COMPLOT?
Les révélations de l’ancienne présidente du parquet national financier (PNF), Éliane Houlette, sont explosives. Elle admet avoir subi d’énormes pressions de la part de sa hiérarchie pour instruire, dans l’urgence, le dossier du candidat LR à la présidentielle, François Fillon, qui était promis à l’Élysée. Et cela grâce aux « fuites » relayées par Le Canard Enchaîné. Elle avoue donc que la victoire de Macron en 2017 est la conséquence d’un véritable coup d’État médiatico-judiciaire.
François Fillon. Photo © Thibault Camus/AP/SIPA
Philippe Fontana, avocat au barreau de Paris, commente les « pressions » qui auraient été exercées sur Éliane Houlette, alors patronne du parquet national financier, dans l’enquête sur l’affaire Fillon. Tribune.
On pressentait que la manœuvre judiciaire pour exclure François Fillon, favori des dernières présidentielles, avait été menée de main de maître, sans en distinguer alors avec certitude ses contours.
La décision de confier l’enquête au parquet national financier, créé par une loi du 6 décembre 2013, avait étonné, voire scandalisé ; elle fut en tout cas critiquée par certains des plus éminents spécialistes du droit pénal.
Le terme de « coup d’État » avait même été employé au grand dam des plus sceptiques, des plus cartésiens, des plus crédules ou des moins bien informés de nos concitoyens.
Cette incrédulité était renforcée par les déclarations du ministre de la Justice de l’époque : « Imaginer aujourd’hui que des instructions aient pu être ordonnées (…) est tout simplement absurde, parce qu’illégal ». Ces déclarations avaient été appuyées par le syndicat majoritaire des magistrats, l’USM.
Après les aveux devant la représentation nationale par Éliane Houlette, l’ancienne chef du PNF, des pressions subies par son supérieur hiérarchique, ce pressentiment s’est transformé en certitude.
Rétrospectivement, ses déclarations procurent du crédit à ses contempteurs, lors de l’affaire Fillon. Revenons sur le caractère illégal de ces pressions, leur portée et surtout sur la description du mécanisme dont l’assemblage des mouvements a été patiemment monté par la gauche judiciaire, à l’époque au pouvoir.
Les pressions dénoncées auraient été exercées par le supérieur hiérarchique du PNF, qu’est le procureur général de la Cour d’appel de Paris. En effet, aux termes des dispositions du code de l’organisation de la justice, le parquet financier est placé « aux côtés du procureur de la République du tribunal judiciaire de Paris ».
Elles auraient pris la forme de demandes d’informations incessantes, de rapports, de messages comminatoires, d’une convocation « a minima ». En outre, on apprend aujourd’hui l’existence d’instructions données dans le but d’orienter procéduralement l’enquête menée sur les faits imputés à François Fillon.
Tous ces moyens auraient donc été entrepris afin de changer la décision d’orientation du parquet et obliger le chef du PNF à requérir l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge d’instruction, avec, à terme, une mise en examen inéluctable de François Fillon.
La poursuite de l’enquête préliminaire, choix initial du chef du PNF, aurait fait obstacle procéduralement à cet acte d’un juge d’instruction, synonyme de mort politique pour l’ancien Premier ministre.
Il fallait que le remords d’Éliane Houlette la tiraille tellement pour qu’elle rapporte les pressions endurées. Sans son témoignage, cette pratique serait restée méconnue. En effet, dans un arrêt du Conseil d’État intervenu opportunément le 31 mars 2017, la Haute juridiction empêchait l’ancien Président Nicolas Sarkozy, victime des mêmes pratiques, d’obtenir la communication des rapports transmis au procureur général d’Aix-en-Provence, par l’un de ses procureurs.
Dans leur forme, ces interventions sont abusives et illégales ; de surcroît elles interviennent postérieurement à la réforme engagée en 2013 par Christiane Taubira interdisant au ministre de la Justice de donner des instructions aux magistrats du ministère public, dans des affaires individuelles.
De tels procédés relèvent à l’évidence du dévoiement des dispositions du Code de procédure pénale ; ils ont été orchestrés par le procureur général de Paris, Catherine Champrenault, toujours en fonction. Sa nomination, choix personnel de François Hollande à ce poste stratégique, s’inscrit dans un mécanisme qu’il importe de démonter.
La révélation des manœuvres du parquet précédait celles du siège, déjà relatées par deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, dans un livre très documenté, paru avant l’audience du procès de François Fillon. Y étaient contés, avec force détails, que l’ancien militant du SM, ancien du cabinet de Ségolène Royal et actuel président de la Cour d’appel de Paris avait alors, au titre de ses prérogatives de président du tribunal de Paris, nommé un juge d’instruction réputé pour sa hargne envers le Président Sarkozy et les rapports peu amènes entretenus avec le barreau parisien, pour instruire l’affaire Fillon.
Revenons à la manœuvre entreprise par Catherine Champrenault, qui s’articule en deux temps. D’abord, dans un choix procédural : le procureur général de Paris a orienté la désignation du PNF au détriment du parquet de Paris, choix critiquable. À l’évidence, l’utilisation de fonds parlementaires ne relevait pas de la compétence du PNF, la très grande délinquance économique et financière.
Or, le choix du parquet territorialement ou spécialement compétent relève du domaine réservé de l’arbitrage du procureur général près la cour de Paris, auquel le PNF est subordonné.
L’avantage, pour le procureur général, de confier la direction de cette enquête au PNF reposait sur sa compétence nationale.
Ainsi, touts les actes d’enquête pouvaient être conduits sans passer par l’intermédiaire des parquets territorialement compétents, tel celui du tribunal judiciaire du Mans, dont le ressort s’étend sur la Sarthe, par exemple. Le cours de l’enquête en eût été considérablement ralenti. Elle n’aurait évidemment pas abouti avant le premier tour de la présidentielle.
La personnalité du procureur général était donc essentielle pour se livrer à de telles manœuvres. Si la grande majorité des magistrats respecte l’obligation de la CEDH non seulement d’objectivité, mais encore d’apparence d’objectivité, il existe néanmoins des magistrats politiques.
L’action du syndicat de la magistrature, le SM, est connue. Ses militants actuels ou anciens n’ont pas perdu leurs rêves révolutionnaires et contribuent, dès qu’ils le peuvent, à dénaturer l’œuvre de justice.
`
Dès la création du PNF, Christiane Taubira avait donc décidé d’écarter le procureur général de Paris, alors en place. Celui-ci, François Falleti, était non seulement connu pour sa grande humanité, mais également considéré comme un magistrat à la sensibilité de droite, ayant été choisi par cette majorité pour des postes au caractère stratégique. Cette tendance se confirma postérieurement, lorsqu’il s’engagea dans la campagne de François Fillon, en charge de la thématique « justice ».
La tentative de limogeage de François Falleti échoua, dans le plus grand des fracas.
Fait rare, sinon exceptionnel, ce grand magistrat avait dénoncé publiquement sa convocation, le 27 janvier 2014, par la directrice du cabinet du garde des Sceaux. Cette dernière lui avait suggéré, avec insistance, de le promouvoir au parquet de la Cour de cassation. Cette convocation intervenait quelques jours avant la nomination du chef du PNF, après avis conforme du CSM, le 28 janvier 2014 et son installation en mars 2014.
Au moins, concédons à madame Taubira que ce genre de manœuvre n’était pas nouveau ; à défaut de promesse de Chancellerie ou de suppression de sa charge d’intendant de Picardie, faite à son lointain prédécesseur lors du procès Fouquet, on proposa à François Falleti un poste de premier avocat général à la Cour de cassation, plus honorifique qu’opérationnel. Il reste néanmoins plaisant de constater que dès que l’enjeu politique se profile, la tentation d’absolutisme renaît, y compris chez Christiane Taubira, chantre de l’indépendance de la Justice.
Le couperet de la retraite se chargea de François Falleti, en juin 2015.
Dès lors, le poste de procureur général de Paris se libérait au profit de Catherine Champrenault. Cette promotion à l’époque ne passa pas inaperçue : cette magistrate fut propulsée du poste de procureur général de Basse-Terre, d’un rang intermédiaire, à celui de Paris, le plus prestigieux, par le choix personnel de François Hollande, effectué lors de son voyage en Guadeloupe, en mai 2015.
Seuls les aigris auraient pu attribuer le caractère fulgurant de cette nomination à son passé d’ancien conseiller de Ségolène Royal, qui avait d’ailleurs accompagné François Hollande lors de ce voyage en Guadeloupe, et à ses amitiés connues avec la gauche judiciaire.
En tout cas, le nouveau procureur général près la cour d’appel de Paris fit ce que ses amis politiques attendaient d’elle dans la conduite de l’affaire Fillon :
Après d’abord avoir choisi le PNF comme parquet directeur de l’enquête, Catherine Champrenault abusa ensuite de ses prérogatives de procureur général.
Au-delà de ses missions définies à l’article 35 du Code de procédure pénale : veiller à l’application de la loi pénale et au bon fonctionnement des parquets de son ressort, animer et coordonner l’action des procureurs de la République, un procureur général a effectivement aussi pour attribution d’établir des rapports particuliers soit d’initiative, soit sur demande du ministre de la Justice qu’il lui adresse. Mais pas au sens de ceux réclamés à Éliane Houlette par son supérieur hiérarchique.
Mais le comportement prêté à Catherine Champrenault dans sa mission de procureur général de Paris va bien au-delà de celui défini dans les travaux parlementaires précédant l’adoption de cette loi du 25 juillet 2013. Les parlementaires reconnaissaient aux procureurs généraux : « un rôle d’animation de l’action des procureurs de la République et de coordination de la mise en œuvre par ceux-ci des instructions générales de politique pénale, adressées par le ministre de la Justice. Les procureurs généraux deviennent ainsi les garants de l’application effective, cohérente et homogène de la politique pénale dans leur ressort : à cet effet, ils se voient confié un pouvoir de déclinaison locale des instructions générales du garde des Sceaux et ce, afin de tenir compte du contexte propre au ressort de la cour d’appel ».
Catherine Champrenault se défend aujourd’hui en regrettant auprès de l’AFP ce 18 juin que : « ce qui est le fonctionnement régulier du parquet soit assimilé à des pressions ».
Or, il n’est pas exact que le caractère des demandes de cette dernière, relatées par Éliane Houlette soit assimilable au fonctionnement régulier du parquet. À moins que, pour le procureur général de Paris, le caractère partisan de sa mission ne l’emporte sur tout, y compris sur les dispositions législatives organisant le ministère public. Bien au contraire puisque, depuis la loi du 25 juillet 2013 votée à l’initiative de Christiane Taubira, les instructions du ministre de la Justice dans des affaires particulières sont proscrites.
Par ailleurs, les instructions du procureur général à ses procureurs doivent être écrites et versées au dossier, selon les dispositions de l’article 36 du code de procédure pénale.
Dans l’affaire Fillon, cette obligation, cruciale, n’a pas été respectée, au détriment de l’indépendance de la justice et surtout de l’égalité des armes entre les parties à la procédure, éléments inhérents au procès équitable.
Les instructions écrites et versées au dossier ont été remplacées par des pressions explicites, mais dont le caractère oral avait pour avantage de ne laisser aucune trace dans la procédure, au prix de leur illégalité manifeste.
Le zèle de Catherine Champrenault, malgré ses dénégations, est donc très éloigné de la définition du rôle d’un procureur général donnée par le législateur. Si les déclarations d’Éliane Houlette s’avéraient fondées, Catherine Champrenault devra rendre des comptes, soit à la représentation nationale, soit à l’autorité judiciaire du détournement de ses pouvoirs à des fins politiques, auquel elle se serait alors livrée. Dans cette affaire, François Fillon, quinaud, aura été empêché selon des méthodes partisanes, par un magistrat engagé.
Or, la gauche judiciaire les a toujours théoriquement dénoncées et condamnées. La duplicité de la gauche judiciaire et de son « parrain », Jean-Louis Nadal est marquée de l’évidence entre son discours et sa pratique. Alors procureur général près la Cour de cassation, celui-ci avait prêché, en septembre 2007, dans une contribution officielle, l’obligation du principe de neutralité pour le ministère public, dont il donnait une définition qui prend toute sa saveur aujourd’hui : « s’interdire de prendre des décisions pour des motifs extérieurs à la mission de protection de l’ordre public incombant au ministère public ».
Les vers de Victor Hugo « … vous, premiers présidents et procureurs généraux, accourez en carrosse, à pied, à cheval en robe, la toque au front, le rabat au cou, la ceinture au ventre… Ôtez votre gant, levez la main et prêtez serment à son parjure, jurez fidélité à la trahison », seraient-ils éternels ?
Ils expliqueraient sans soute l’assourdissant silence de l’autorité judiciaire, si prompte à brandir l’étendard de son indépendance, aujourd’hui si galvaudée.
Le conseil supérieur de la magistrature, que le président de la République, gardien constitutionnel de l’indépendance de la justice, vient opportunément de saisir, saura-t-il condamner les errements dénoncés ? Ce serait une avancée dans la protection de l’état de droit ; cela ne rendra pas aux Français une élection dont le résultat apparaît aujourd’hui comme volé. Seule la démission du président de la République pourrait aujourd’hui la racheter.
La République otage des hauts fonctionnaires ? Par Claude Robert.
Tandis que le président Macron avait émis le souhait de fermer l’ENA, la cooptation bat son plein. Ses clones administratifs trustent les postes et remplacent ceux qui s’en vont.
Sans doute faut-il penser que se débarrasser de ce « Premier ministre bis » était un véritable exploit car Le Monde a titré ce jeudi : « Comment Castex a obtenu le départ de Marc Guillaume, énarque faiseur de rois et coupeur de têtes ». Et d’ajouter, en sous-titre, que ce secrétaire général était pourvu d’un « rôle jugé démesuré par certains ».
Considérablement riche, tant d’un point de vue du contenu manifeste que du contenu masqué, cet article (Le Monde 16/07/20) suggère en effet que :
- ce changement de secrétaire général revêt une importance toute capitale. À coup sûr, le cours de la fin du quinquennat en sera transformé, puisque tel est le message que veut faire passer Matignon ;
- même au plus haut niveau de la hiérarchie gouvernementale, l’organigramme officiel se trouve en butte à un sociogramme1, une espèce d’organigramme parallèle dont la puissance s’apparente à celle d’un véritable cabinet fantôme ;
- les personnalités priment sur la politique gouvernementale, celle-ci n’étant finalement qu’un terrain de jeu pour des individualités issues d’un même sérail, celui des hauts fonctionnaires.
UN CHANGEMENT DE TÊTE POUR FAIRE CROIRE À UN CHANGEMENT DE POLITIQUE
Ce serait un horrible crime de lèse-majesté que d’accuser Le Monde de recopier les communiqués de presse du gouvernement. Pourtant, sans sourciller, le journal reproduit cette magnifique profession de foi de Matignon : « Le nouveau chemin tracé par le président, la nouvelle méthode et les priorités affirmées par le Premier ministre, entraînent aujourd’hui des changements à tous les étages ».
Idem dans cette autre partie de l’article : « C’est le Premier ministre, Jean Castex, qui aurait obtenu le ‘scalp’ de Marc Guillaume, assure-t-on volontiers dans les allées du pouvoir. Une manière pour le nouveau chef du gouvernement et son directeur du cabinet, Nicolas Revel, de poser leur autorité d’emblée, tout en se donnant toute latitude pour imprimer leur marque Rue de Varenne ».
Plus surréaliste encore, on peut lire un peu plus loin : « Macron a voulu mettre fin au centralisme, au jacobinisme, à cet entre-soi énarchique, observe un familier de l’Élysée. Pour cela, il envoie balader le représentant de l’establishment. C’est courageux ».
Tout juste si les problèmes du président ne prennent par leur source chez ce secrétaire général du gouvernement à cause de sa « rigidité pendant le confinement et sa gestion technocratique de la crise sanitaire » (sic). On croirait lire un communiqué de presse de l’Élysée taillé sur mesure autour du bouc émissaire idéal !
Ainsi, force est de constater que l’article retranscrit mot pour mot, au premier degré donc, les déclarations officielles, déclarations dont le but n’est pourtant que de parer ce changement de personnes de toutes les vertus possibles. Imaginons que les sources proches du pouvoir aient raconté exactement l’inverse. On peut craindre que la teneur de l’article en ait été toute différente…
Ne soyons donc pas aussi candides : malgré les 65 semaines d’émeutes des Gilets jaunes, le gouvernement Macron n’a aucunement infléchi sa politique, continuant contre vents et marées à servir ses propres intérêts. Quelle tristesse de constater que le Grand débat n’a accouché que d’une Convention pour le Climat, dans des conditions d’ailleurs statistiquement et donc démocratiquement douteuses !
Aucune convention pour la réforme de l’État, aucune convention pour la baisse des prélèvements obligatoires, aucune convention pour l’assouplissement du Code du travail n’a été évoquée un seul instant, malgré les urgences économiques et sociales du pays !
Comment un journaliste du Monde peut-il donc laisser supposer qu’un simple changement de secrétaire général du gouvernement pourrait infléchir quoi que ce soit ? Est-ce que le journaliste a écrit cela tout simplement parce que tel était le souhait de l’Élysée ou de Matignon ? La question est grave. Mais elle se pose inévitablement.
UNE ORGANISATION DE FONCTIONNAIRES TIRAILLÉE PAR LES LUTTES INTERNES DE POUVOIR
Qu’elle soit une entreprise ou une administration, toute organisation digne de ce nom se profile dans l’optique d’atteindre le plus efficacement possible les objectifs qu’elle s’est assignée. Ceux-ci constituent sa feuille de route et chaque membre de l’organisation participe quotidiennement au respect de celle-ci, quelle que soit sa fonction et sa position. L’organigramme dans son ensemble est dévolu à cette tâche, gage d’une efficacité maximale.
Sur ce sujet, le nombre de témoignages cités dans l’article parait un peu plus consistant, et laisse pantois quant à cette guerre de tranchée quotidienne entre l’organigramme officiel et le sociogramme réel :
« ‘Le Léviathan’ , ‘Dieu’, ‘Premier ministre bis’, ‘Imperator’, ‘Monsieur non’… Marc Guillaume a accumulé les surnoms ces dernières années […] Le SGG, qui se trouve au cœur de la machine à arbitrer les décisions du quotidien, a surtout un rôle-clé de conseil juridique du gouvernement […] C’est celui qui souffle au politique ce qu’il est possible de faire ou non. Celui qui prépare le conseil des ministres puis rédige le compte rendu, auquel personne ou presque n’a accès. Qui relit, voire réécrit, les projets de loi avant de les envoyer pour avis au Conseil d’État. Ou encore qui propose des noms pour diriger les administrations ou occuper les plus beaux postes de la République. Il a droit de vie ou de mort administrative sur toi, glisse un directeur d’administration centrale. C’est à la fois un faiseur de rois et un coupeur de têtes. La personnalité de l’occupant du poste joue beaucoup ».
En comparaison d’une organisation qui se respecte, le gouvernement français ressemble donc beaucoup plus à un navire sur le pont duquel plusieurs capitaines se sont déclarés et s’affrontent sans relâche. Pour une raison ou pour une autre, ceux-ci ne partagent ni la même destination ni le même calendrier.
Il y a certes un capitaine officiel, mais de toute évidence, certains rivaux clandestins et recrutés bien avant lui2 veulent également tenir la barre et orienter le gouvernail.
On imagine combien la trajectoire finale du navire gouvernemental n’est que la résultante des tiraillements dans un sens puis dans l’autre. Et on découvre combien est grand, pour ce navire surchargé, le risque de faire des cercles dans l’eau.
L’ÉTAT, TERRAIN DE CHASSE DU SÉRAIL DE LA HAUTE FONCTION PUBLIQUE
Ce que ne dit pas l’article non plus, c’est que le secrétaire général du gouvernement qui remplace le précédent tant décrié provient du même cheptel : la prestigieuse ENA, l’école du pouvoir qui façonne depuis 1945 le profil de nos dirigeants. Moins glorieux aussi : l’école qui administre depuis la fin des années soixante-dix le puissant déclin économique de notre pays.
Une simple visite sur le site de Contrepoints montre l’effroyable casse que les décisions de nombreux diplômés de cette école ont pu provoquer, plombant voire même désintégrant des pans entiers de notre industrie. Pourquoi changer une équipe qui perd ?
Tandis que le président Macron avait émis le souhait de fermer cette matrice diabolique, la cooptation bat son plein. Ses clones administratifs trustent les postes et remplacent ceux qui s’en vont.
Pourtant, rien ne justifie de donner les clés du pouvoir d’un pays mal armé contre la concurrence internationale à des fonctionnaires dont pratiquement aucun n’a été formé et aguerri au sein de l’univers compétitif de l’entreprise.
Sans doute est-il nécessaire de le rappeler : l’entreprise est le haut lieu de la création de richesse d’un pays, l’unique endroit voué au culte de l’efficience. Qui pourrait donc remettre sur les rails un pays dont les parts de marché industrielles mondiales ont fondu de moitié en une vingtaine d’années ? Certainement pas des ronds de cuirs !
La persévérance d’une telle rente de situation est révélatrice du blocage de la société française en son sommet. Cela semble certes iconoclaste de le dire, mais l’Hexagone est dirigé par une caste de clones dont le profil administratif n’est absolument pas taillé pour enrayer notre déclin économique et social.
Pire encore, cette caste bénéficie d’une telle situation de domination qu’elle peut se maintenir au pouvoir indépendamment de ses ratages et de son train de vie. Elle s’offre même le luxe de s’affronter au sein de cet immense terrain de jeu qui s’appelle l’État, au frais du contribuable bien sûr, et avec l’aval de bon nombre de médias !
—
- Sociogramme : organigramme bis, non officiel mais opérationnel dans l’activité d’une organisation, basé sur des relations personnelles, sur des intérêts communs, ou sur des appartenances à des groupes spécifiques qui ne coïncident pas avec l’organigramme officiel et son fonctionnement normal. ↩
- Le secrétaire général du gouvernement évincé avait été recruté par Manuel Valls, soit plusieurs années avant l’arrivée du gouvernement Macron-Philippe puis Macron-Castex. Ni lui ni sa remplaçante n’ont été élus. Ils sont inconnus des citoyens. ↩