BlackRock, le grand méchant !

Nous avons eu droit, ces derniers jours, à quelques manifestations à l’encontre de BlackRock, un gestionnaire américain qui gère le plus gros portefeuille d’actifs au monde.

Il s’agit, à n’en pas douter, d’un effet collatéral du conflit tournant autour de la réforme des retraites ; laquelle apparaît d’ailleurs complètement enlisée …

Créé en 1988 et basé à New York, BlackRock est, avec une capitalisation de 66 mds $ et des actifs sous gestion de 6.840 mds $, le plus gros gestionnaire d’actifs privé au monde et ses clients sont très diversifiés puisqu’il compte à la fois des particuliers et des institutions (institutions publiques, fonds souverains, fonds de pensions, banques… et même des syndicats).

En 2016, BlackRock était même actionnaire de 18 sociétés du CAC 40 dont Atos, BNP Paribas, Vinci, Saint-Gobain, Société Générale, Sanofi, Michelin, Safran,  Total …

La polémique est apparue avec la nomination « scandaleuse » de JF Cirelli, représentant français de BlackRock, en qualité d’officier de la légion d’honneur ; alors que tout le monde sait que BlackRock est un « méchant ultra capitaliste américain qui veut spolier les pauvres français » !

Il faut donc absolument l’empêcher de sévir en France ; surtout que circule actuellement une Fake news visant à faire croire au bon peuple que la réforme en cours des retraites aurait pour but masqué, de la part de E Macron, de favoriser le vilain BlackRock …

Et, cette médaille en serait la preuve incontestable !

La gauche en rangs serrés, avec tous ses anticapitalistes conscientisés, est donc sortie du bois pour crier au scandale !

Olivier Faure, représentant du PS, nous parle du côté « obscur » de la réforme des retraites (BlackRock signifie RocheNoire).

Néanmoins, il convient d’être particulièrement prudent face aux arguments utilisés à l’appui de ces déclarations et manifestations …

En fait, la vérité est toute simple :

Les opposants aux fonds de pension, et donc à la retraite par capitalisation, sont bien souvent les premiers bénéficiaires du système par répartition ; c’est à dire qu’ils savent que leurs retraites sont actuellement largement payées par … les autres et que, dans le cadre d’un système par capitalisation, chacun cotisant pour sa propre retraite, le bénéfice ultra favorable du paiement par les autres de sa propre retraite tomberait à l’eau !

Dit comme cela, on comprend alors mieux l’opposition des intéressés …

Le problème est qu’ils n’ont pas le courage de le dire ; parce que, évidemment, ils passeraient pour ce qu’ils sont : des profiteurs d’un système au détriment des autres (et pas toujours des plus riches) ou des idéologues partisans de l’étatisme à la Française ; celui qui nous réussit si bien puisqu’il a généré 2.415 mds € de dettes … qu’il faudra un jour rembourser !

Seulement, pas de chance, la banque Natixis vient de produire, juste par hasard, une étude démontrant que les cotisations versées dans le cadre d’un contrat de capitalisation rapportent beaucoup plus que le système par répartition !!!

En fait, on s’aperçoit que les cotisations versées dans le cadre de la répartition ne sont que très faiblement revalorisées. Selon Natixis, de 1982 à aujourd’hui, les retraites par répartition ont été revalorisées de 1.8% l’an soit à peine mieux que … l’inflation !

En fait, la répartition est tout sauf un bon placement ; c’est même un (très) mauvais placement !

Natixis poursuit :

« si les retraites en France avaient été gérées en capitalisation, l’épargne des français aurait été placée dans des fonds de pension investis en actions et en obligations. De 1982 à aujourd’hui, le rendement réel (corrigé de l’inflation) d’un portefeuille d’actions a été de 11.4% par an, celui d’un portefeuille d’obligations de 6.1% par an. Un € de 2019 de cotisation au système de retraite en 1982, en France, correspond aujourd’hui à une richesse de retraite, toujours en € de 2019, de 1.93 € en répartition et 21.90 € en capitalisation, en supposant un investissement moitié en obligations, moitié en actions. »

La différence de performance se situe donc au delà d’un multiple de 10 !

Et Natixis de conclure : « Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition en France est donc considérable ! »

On comprend donc, qu’en fait, la répartition n’est même pas un placement du tout !

L’IREF, de son côté, n’hésite même pas à parler, à propos de la répartition, d’un « système centralisé et spoliateur » !

Cette vérité dérangeante, pour les tenants de la répartition, est confortée par le fait que l’on sait que les caisses de retraite françaises sont particulièrement mal gérées et qu’il y a des disparitions inexpliquées d’argent qui ne doivent absolument rien à la solidarité (beaucoup de bénéficiaires reçoivent des pensions sans avoir cotisé ou sans rapport avec le montant réel de leurs cotisations, dans le cadre de ce que l’on appelle pudiquement « des impératifs de politique sociale ») mais tout à la mauvaise gestion, à des effectifs surabondants et à de mauvais placements …

En effet, là où BlackRock a des clients dont il doit prendre soin, le système étatique par répartition, à la française, n’a que des affiliés ou des administrés.

Dans un cas, le gestionnaire fait attention au client parce que celui-ci risque d’aller voir ailleurs, dans l’autre on ne risque rien puisque l’affilié est contraint (sous la menace de poursuites) de payer, sans aucune garantie de gestion ; c’est à dire sans aucune obligation de résultat !

Les conclusions qui s’imposent sont en fait les suivantes :

BlackRock n’est pas le grand méchant, tel qu’il est présenté par certains « intéressés » ; c’est un gestionnaire astreint à des résultats et il se rémunère (au pourcentage) sur ces résultats,

E Macron n’a aucunement l’intention de favoriser BlackRock ou la capitalisation. Bien au contraire il fait tout pour essayer de maintenir à flot un système étatique de retraite par répartition voué, quoiqu’en disent certains, à l’explosion car il n’est pas viable à terme du fait même de la démographie !

On peut donc résumer la situation par cet aphorisme :

BlackRock gère des actifs, l’Etat français lui gère (ou plutôt creuse) des dettes …

Cela devrait suffire à soi-seul pour permettre à toute personne sensée de comprendre les aspects réels de cette polémique purement française … et de l’intérêt bien compris des cotisants qui se font purement et simplement gruger par un système social présenté abusivement comme « le meilleur du monde » !

En tout état de cause, on ferait mieux de s’inspirer de ce qui marche plutôt que de rester enfermés dans des solutions couteuses et sans avenir !

Mais il est vrai qu’en France, les mauvaises gestions ont toujours été dissimulées et comblées par les impôts et que les impôts en France ont un grand avenir devant eux !

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

5 réflexions sur « BlackRock, le grand méchant ! »

  1. N’empêche quoiqu’on en pense, les personnes contre la capitalisation des retraites, sont les premier à bénéficier de cette capitalisation grâce à cette autre avantage qu’est la « PREFOND et autre », qui bénéficie qu’à ces gens là. Interdit pour le secteur marchand, allez comprendre. Vous pensez que ces arrivistes, serait d’accord que leurs cotisation sur les retraite complémentaires du type préfond, payé en grande partie par leurs réduction fiscale, soit aujourd’hui « saisie », et mis dans le pot commun?

  2. En fait en France deux mondes s’opposent =
    – Ceux du secteur public et apparentés ont leurs revenus garantis par les subventions, par les taxes et impôts provenant du secteur privé.
    – Ceux qui par leur travail et le goût du risque créent les richesses, doivent encore apprendre à travailler plus au lieu de vivre pour nourrir cette médiocratie . Moralité la France était coupée en 2 maintenant elle est pliée en 4.

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