Barnier en tenue de croque-mort !
La Ve République est paralysée. Rien n’exprime mieux cette idée que la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre. Vieux cheval de retour mais encore fringant grâce à l’air de Savoie, Barnier arrive à un moment où son parti a disparu. Des trois millions d’électeurs de LR, la moitié est partie avec Ciotti pour rejoindre le Rassemblement national, et l’autre moitié est, pour l’instant, restée dans son camp, mais pour combien de temps ? Et c’est avec ces survivants mal en point que Macron veut sauver son régime !
Barnier a fait disparaître son site internet qui portait notamment ses propositions en matière d’immigration, que n’aurait pas désavouées Marine Le Pen. C’est dire qu’il va non pas mettre de l’eau dans son vin, mais ne pas mettre de vin du tout. C’est la malédiction de la Ve République qui, après plus de six décennies d’existence, ne sait même plus proposer de solutions aux problèmes du pays. Les régimes vieillis meurent tous ainsi. Qu’on se rappelle l’URSS finissante. Elle n’avait plus que des vieillards à sa tête, et quand ceux-ci ont installé un homme plus jeune aux commandes, il a liquidé le régime pour avoir cru pouvoir le moderniser. L’arrivée de Macron en 2017 a signifié que la Ve était morte, ou au mieux qu’elle allait mourir. C’est en train de se faire.
De quoi le régime créé par le général de Gaulle est-il mort ? De son administration. Ce n’était pas le vœu de son créateur. Il voulait limiter les moyens de l’Etat au tiers de la production du pays. C’était raisonnable et conforme à ce que font les pays qui réussissent le mieux. Mais de Gaulle, tout empreint de la France et de son histoire, avait oublié dans quel pays il se trouvait. Un pays flanqué d’un roi depuis des siècles et d’un Etat monarchique à qui tout devait céder. Même après que le roi eut été raccourci, rien ne changea dans l’Etat. Et rien, à ce jour, n’a changé. L’Etat prélève plus des deux tiers de la production et a fait disparaître les usines du pays, pour n’y laisser que des grandes surfaces d’alimentation et des fonctionnaires. Tel est aujourd’hui l’état de la France, tel est aujourd’hui son destin : manger et disparaître.
Macron pouvait nommer David Lisnard à Matignon. Il avait autant de chances que Barnier de n’être pas censuré. Mais un libéral aux commandes, vous n’y songez pas ! Vite, vite, un étatiste bon teint ! Ne gâchez pas les obsèques. Lisnard n’aurait sans doute pas réussi, car le tout-Etat lui aurait à coup sûr savonné la pente. Mais du moins aurait-il pu faire savoir aux Français qu’il y a d’autres solutions que celles qui ont conduit le pays à la ruine. Il ne reste plus à ceux que l’idéologie étatiste n’a pas pervertis à retrousser leurs manches et à entreprendre la reconquête de leur patrie.
Le coup d’envoi du combat sonnera bientôt. La durée de l’agonie ne peut qu’être brève dans un environnement que les engagements européens du pays rendent pressant. Barnier a choisi le directeur de cabinet de Le Maire pour diriger le sien. Un signe de plus de la mortifère continuité de l’Etat. Ce n’est pas qu’il faudrait un dépensier à Bercy. Mais un homme neuf, avec un nouveau regard. Là comme ailleurs dans les hautes sphères en France, il faut du renouveau. Pour faire des économies, il faut supprimer des prestations, des subventions, des administrations et des comités. Sans cela, les dépenses restent les mêmes, et pire ne peuvent qu’augmenter.
La table rase n’existe pas dans le monde moderne. Sauf quand le peuple rompt toutes les barrières et jette à bas le régime politique. Rien ne dit que cela n’arrivera pas en France. On ne doit cependant pas le souhaiter, car le redressement n’en est que plus lent et plus incertain. Mieux vaut un nouveau président le plus vite possible, et bien sûr un président libéral. David Lisnard fait partie des prétendants légitimes à cet égard. Il peut y en avoir d’autres. L’histoire humaine a ceci de fascinant qu’elle rend soudain possible ce qui ne l’était pas le jour d’avant.
Homo sapiens s’est développé à la vitesse de l’éclair, si l’on considère les 4,6 milliards d’années qu’avait duré la planète avant son apparition. Il a suffi que les conditions d’existence des australopithèques soient bouleversées par un changement de la végétation africaine. Le singe s’est redressé pour mieux voir devant lui, son crâne a plus que triplé de volume, et il est devenu un homme. Pour le meilleur et pour le pire, car avec un cerveau aussi volumineux, il a pu concevoir à la fois des merveilles et des folies. Notre enjeu est aujourd’hui le même. L’étatisme est une folie. La liberté une merveille.
Notre meilleur garant reste la conscience du bien, qui nous habite depuis l’origine, et dont beaucoup d’animaux sont également dotés si l’on en croit des études récentes. Ce qui l’illustre bien, c’est la permanence de la vertu dans l’esprit des Français, malgré tant de déboires et de crises de la société. Voilà pourquoi nous pouvons avoir confiance dans l’avenir. Non pas une confiance béate, mais raisonnée et déterminée. Le succès n’est pas certain. Il est possible et cela doit éclairer notre route.
Claude Reichman
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« Monsieur Barnier, Monsieur Barnier » ! Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, c’était le personnage interprété par Louis de Funès dans le vaudeville de Claude Magnier : « Oscar » (ainsi que dans le film tiré de cette même pièce par Edouard Molinaro) !