Le notaire était autrefois ce confident silencieux, garant de la sincérité des volontés, arbitre neutre entre les parties, serviteur du droit et non de la police. Il n’était ni juge, ni enquêteur, ni auxiliaire du fisc. Il constatait, il authentifiait, il sécurisait.
Mais aujourd’hui, on le contraint à dénoncer. À « signaler » ce qui, dans l’opacité des soupçons d’État, pourrait ressembler à une fraude, un blanchiment, un abus. On le menace s’il ne le fait pas. On lui colle sur le dos une mission de surveillance qui n’est pas la sienne, sans lui en donner ni les moyens ni les garanties.
Et le voilà tombé de son piédestal : de confident, il devient informateur. D’homme de droit, il devient auxiliaire de Bercy. Il n’a pas demandé ça. Il n’en a pas la compétence. Il n’en a pas, surtout, la légitimité.
Ce glissement, insidieux, participe d’une logique plus large : celle d’un État qui délègue sa méfiance, externalise sa suspicion, et transforme les professions réglementées en outils de contrôle social.
Le notaire, comme d’autres, devient alors un espion de bas étage. Triste époque que celle où la confiance est punie, et la dénonciation récompensée.
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