Airbnb, naissance d’une corruption à la française.

En 2008, trois lurons, Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczyk, à San Francisco, inventent et mettent en ligne le concept qui deviendra Airbnb.

Aujourd’hui, la société Airbnb pèse 100 milliards de dollars ; en France, ce sont 960 000 logements, c’est beaucoup. Le groupe Accor, fleuron français de l’hôtellerie, vaut 9,5 milliards et dispose de 144 000 chambres en France.

Le concept est simple, tout le monde le connaît.

C’est une ode à la liberté et au mérite. Chaque loueur est libre de ses efforts pour séduire, tant au niveau de la qualité du bien offert à la location qu’au niveau du prix qu’il fixe lui-même. Ses mérites sont sanctionnés par un système ingénieux de commentaires – à la fois libres et contraints – qui les déclenche régulièrement, les rend documentés et relativement objectifs.

Les conséquences sont une rénovation significative du parc immobilier, un impact certain sur l’artisanat du bâtiment, une facilité de déplacement qui irrigue des lieux ou des quartiers préalablement peu fréquentés, notamment à la campagne.

En fait, une organisation libérale du commerce du sommeil, que le marché porte et aurait régulée naturellement. Que du bonheur.

Évidemment, cette réussite spectaculaire et les sommes qu’elle draine donnent naissance à un pouvoir, notamment bien sûr au profit de la société mère, mais aussi de tous les petits opérateurs qui, finalement, influent par leur nombre et leur système séduisant sur tout le biotope de la location.

Ce pouvoir insupporte au plus haut point nos politiques, qui voient, sous leurs yeux, un espace important de liberté se créer dans un secteur qu’ils ont complètement verrouillé à leur profit : la propriété immobilière.

Le politique ne vit que des faveurs qu’on lui doit immédiatement ou qu’il prétend nous apporter plus tard. À ces faveurs, il doit ses élections et la plus grande partie de ses revenus, liés à des taxes, officielles ou occultes, qu’il invente à partir de ces faveurs.

En réalité, le politique assoit sa présence et sa fortune sur une sorte d’octroi, réel ou imaginaire, qui consiste à imposer des cheminements physiques ou virtuels dont l’usage pour nous est obligatoire et payant. Avec pour particularité d’être prétendument organisés essentiellement pour notre bien, notre protection, notre sécurité…

La performance de ce fonctionnement est liée à l’importance, pour nous, du secteur sur lequel va s’abattre la combine. La propriété immobilière est particulièrement exposée, tant elle est pour nous la base de notre organisation sociale et économique.

Nous arrivons à la corruption en devenir.

En fonction des chiffres, du secteur impacté, du pouvoir en devenir d’Airbnb – encombrant pour les politiques comme tout pouvoir qui n’est pas politique – il est clair que nos politiques se devaient d’installer ici leur octroi.

Leur devoir, disent-ils, est de protéger les locataires impécunieux que ces salauds de propriétaires tentent d’éviter de loger et à qui Airbnb ouvre une porte royale à cet effet.

Dans un premier temps, ils se sont attaqués à Airbnb et ont obtenu que les taxes de séjour leur soient réglées directement par la plateforme. C’est important, car la surveillance du règlement de ces taxes était un casse-tête chinois, du fait de la difficulté à organiser cette surveillance. Là, c’est simple : la comptabilité est regroupée et transparente.

Gageons que, grâce à ce cadeau d’Airbnb, de marginale qu’elle était, cette taxe de séjour va maintenant augmenter dans des proportions considérables, tant elle va être facile à collecter…

Dans un deuxième temps, ils s’attaquent aux propriétaires, dont cet espace de liberté soudain ouvert fait tache dans la masse des contraintes qui font d’eux des obligés des politiques.
Alors, combine qui a fait ses preuves, on va décréter une obligation de déclaration et une quotité décidée au pif. Ainsi, les loueurs Airbnb seront totalement dépendants d’une autorisation municipale.

Conséquence : cette autorisation vaudra de l’or – octroi – il faudra bien la payer, en argent visible ou occulte, ou en voix.

Les sommes qui allaient intégralement dans le confort du locataire et dans la récompense des efforts du propriétaire vont aller, pour partie et de plus en plus avec le temps, dans la poche directe ou indirecte des élus. Ce sera la fin d’un bel espace de liberté qui aura fait, éphémèrement, le bonheur de beaucoup de Français.

Ainsi va la corruption dans ce pays.

Ne me dites pas que les politiques découvrent ce que je vous dis.

Soit ils sont innocents, mais alors totalement idiots – ce que je ne crois pas.

Soit ils sont parfaitement conscients de ce qu’ils font, et ils sont alors corrompus jusqu’au trognon.

C’est la deuxième hypothèse la bonne…

Bien à vous.

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

2 réflexions sur « Airbnb, naissance d’une corruption à la française. »

  1. Pendant que ces politichiens magouillent à qui mieux mieux pour escroquer encore et toujours leurs concitoyens . . . .Vous dites 3300 miliards de dette ?

    Les français ordinaires n’ont rien à voir avec cette dette, en revanche c’est la classe politique dans sa totalité, du bas en haut de l’échelle président en tête, qui est responsable ET coupable (et ce sans aucunes excuses) de cette dette abyssale ; que Bayrou donne l’exemple en cotisant comme les autres sinon la colère du peuple va lui tomber dessus . . . . ainsi que TOUS LES PERSONNELS POLITIQUES SANS EXCEPTION (Y COMPRIS EN RETRAITE) Ils sont environ 1,5 millions (dont 680 000 actifs) chacun y compris leurs héritiers devront payer : 3 300 milliards divisés par 1 500 000 (retraités compris) c’est à dire 2200 millions d’Euros chacun, correct ?
    ps les hommes politiques spécialistes du sophisme auront beau dire, rien ne nous arrêtera sauf la carapate d’iceux-là ! (bien sûr qu’ils n’ont pas envie de se faire “ravaillacquiser”)

  2. Félicitations pour cet article : vous mettez bien en évidence les effets positifs de la liberté et du plaisir de créer qu’ont les humains, quand ils ne sont pas tenus en laisse par des individus qui jouent avec leur vie .

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