Abstinence sexuelle et moralité de la vie publique

Les souvenirs sont faits pour être partagés. Sinon quelle serait leur utilité ?

Lorsque j’étais au début de ma scolarité secondaire il y avait un aumônier catholique attaché au lycée public et des cours religieux quasi obligatoires.

Vers 11 ou 12 ans certains d’entre nous ont eu le privilège de discourir avec lui de leur sexualité. Enfin, exclusivement de la masturbation…. tout un programme…

Ce ne fut pas mon cas, je restai donc seul face à l’énigme sexuelle. Ce fut peut-être mieux ainsi, ou pire, je n’en sais rien.

Le fait est que je ne perçus que bien plus tard que cette énigme sexuelle pré-adolescente a des répercussions difficilement contrôlables sur le cours de notre vie, qu’espérer une normalité de ses conséquences est illusoire que tout jugement concernant ces dernières est fatalement partial.

Dès le départ, l’abstinence affichée à ce sujet par les représentants du clergé catholique me parut louche. Le temps passant, j’ai assisté comme nous tous à l’effondrement de cette hypocrisie et à l’exposition publique des contournements utilisés par ces représentants du clergé pour palier à cette abstinence affichée.

Sans porter de jugement sur ces contournements, je me suis posé logiquement la question qui tombe sous le sens : mais pourquoi les curés font-ils vœux d’abstinence ?

La réponse est simple : c’est histoire d’en foutre plein la vue.

La sexualité s’impose aux humains avec tant de force que celui qui prétend être au dessus de ces forces, les maitriser, peut passer pour presque divin aux yeux des autres tant ils sont à la peine sur le sujet.

Et oui, l’abstinence des curés, du bluff, de la communication, rien de plus.

Et, comme chacun le sait, de la communication à l’escroquerie intellectuelle la séparation n’est pas épaisse, bien malin celui qui ne s’égare pas.

Convenons que l’Eglise Catholique s’est égarée et qu’elle perdure dans l’égarement, ce qui mérite aussi réflexion.

Pourquoi les curés ne se marient-ils pas ? Toujours histoire d’en foutre plein la vue.

S’ils se mariaient, gageons que leurs couples seraient aussi compliqués à gérer que les nôtres, le taux d’échec comparable.

Comment les représentants de Dieu pourraient-ils être crédibles, représenter la perfection, affublés de discordes maritales ?

Pour eux, qui se prétendent parfaits, dont le chef est infaillible, on imagine la révolution culturelle qu’il y aurait lieu de faire. Impossible.

Chez les catholiques il n’est de pouvoir que parfait. La perfection ou du moins son apparence est la clef d’accès au pouvoir.

L’église catholique ne serait pas ce qu’elle est si elle devenait humble, modeste, proche des contraintes humaines, identique à nous, sans apparat, sans ambition, simplement de bonne volonté, nous laissant directement converser avec Dieu.

Elle a la prétention, seule, de représenter Dieu, il lui faut la perfection divine qui va avec.

Elle se veut au dessus de ses brebis qu’elle déclare égarées, mais…. elle ne trouve plus de berger, plus de curé, effondrement des vocations.

Son seul espoir est que l’obscurantisme et ses secrets inavouables reviennent, portés par les autres religions. Tout un programme….

Nous en venons à la moralité de la vie publique.

Vous remplacez sexualité par économie ou argent, vous avez exactement le même fonctionnement, la même folie.

Par je ne sais quel malédiction nos hommes politiques sont arrivés à persuader la population qu’ils ne sont pas concernés par l’argent. Ils prétendent faire vœux d’abstinence économique….

Alors que chacun de nous, à sa façon, est perturbé, obsédé, toute sa vie par la contrainte économique, on comprend que ceux qui prétendent y échapper puissent jouir d’une certaine aura.

Mais là aussi, ce n’est que du bluff, de la communication.

Et entre la communication et l’escroquerie…..

Evidemment, la réalité rattrape nos élus menteurs. Ces surhommes du désintérêt sèment au vent de l’opinion publique les traces de leurs contournements face à cette hypocrisie.

La presse en vit. La populace en jouit.

Pour certains les péchés sont véniels, pour d’autres ils sont mortels, mais tous sont pécheurs, car tous, comme nous, ne peuvent pas s’exclure de l’économie.

Ils sont ou deviennent « économophiles », grave péché, pour un pays qui a été formé à n’accepter que la perfection – apparente – comme forme de pouvoir.

Cette prétendue abstinence économique des élus est une hypocrisie destructrice pour eux qui font semblant d’y croire et pour nous qui voulons y croire.

Et pourtant, elle parait être — voire elle est — la seule porte d’accès au pouvoir.

Compréhension, humilité, modestie, participation au combat économique à titre personnel, résultats bons ou mauvais, tout cela n’est pas à l’ordre du jour de nos politiques qui se veulent, ou que nous souhaitons, supérieurs par abstinence économique.

La minorité politique qui arrive à sacrifier sur l’hôtel du pouvoir ses pulsions et ses besoins économiques ressemble à ces vieux curés acariâtres qui étaient vraiment chastes, les autres, culpabilisés par leurs comportements occultes, débordent d’hypocrisie et en rajoutent, tels les gras vicaires fornicateurs d’antan.

La situation est perverse, invivable pour eux et pour nous par voie de conséquence.

Quels protestants civiques délivreront nos politiques de ce devoir idiot d’abstinence économique ? Macron hélas n’en prend pas le chemin.

C’est vrai aussi que lancés dans la vie économique les élus pourraient y échouer, comme nombre d’entre nous. Leur prestige partirait alors en brioche, ils perdraient peut-être le pouvoir, ils préfèrent leurs vœux d’abstinence économique et leurs petits arrangements.

Pas de mariage naturel entre l’économie et nos élus. Ils préfèrent le pouvoir absolu idéalisé qu’ils prétendent représenter. Alors pourtant que c’est un simple mandat que nous leur donnons, sans lien avec leur vie personnelle. Ce sont tous des escrocs en puissance.

Cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

5 réflexions sur « Abstinence sexuelle et moralité de la vie publique »

  1. Benny, Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La population demande l’application, pour chacun et à égalité, des règles de l’Etat de Droit dans lequel elle est supposée vivre. Le monde politico-médiatique et les hommes de l’Etat prennent des libertés avec ces règles ; ils s’arrogent des privilèges coûteux que la population doit financer sous prétexte de solidarité. En réparation de leurs errements, ils proposent une moralisation de la vie publique. Mais ce faisant, ils répondent à côté de la question pour noyer le poisson.

    Nous ne leur demandons pas de la morale, nous leur demandons des comptes : qu’ils cessent de nous accabler d’impôts-taxes-contributions pour financer leur gabegie et leurs privilèges ; qu’ils cessent de nous prendre pour des imbéciles corvéables à merci ; qu’ils cessent de déverser sur nos têtes des tombereaux de mensonges. Leur fatuité, leur incompétence et finalement leur méchanceté ruinent nos efforts et nous font honte. Ces gens-là ne sont pas représentatifs ; ils ne sont pas le reflet de notre société comme vous le dîtes. Au contraire, ils sont à part. Tellement à part, qu’ils finissent par faire ressembler les pouvoirs publics à une armée d’occupation qui serait au service d’une puissance étrangère et colonisatrice. Ce sont des diviseurs publics et ils dévalorisent tout ce qu’ils touchent.

    Dans ces conditions, vous vous bercez d’illusions si vous attendez d’être « poussé à la liberté » (outre le fait que ce serait contradictoire) par le dernier roitelet hissé au sommet de l’Etat. Ecoutez les propos tenus par les candidats du mouvement En Marche pour les législatives, et réalisez lucidement l’ahurissante mauvaise foi des raisonnements économiques qu’ils véhiculent (parfois avec cynisme et parfois en toute inconscience pour les plus naïfs de leurs candidats). Vous comprendrez que, à moins de considérer que la mort peut être une forme de libération, la liberté à laquelle ce mouvement voudra donner des ailes ne sera pas la nôtre mais celle de nos ennemis. Dans ce contexte, votre « ainsi soit-il » risque de résonner comme un consentement à votre propre servitude.

    Cela dit, nous ne pouvons pas leur en vouloir car leur méchanceté vient surtout de leur ignorance (ignorance du pays comme de sa population). Ils ont été dressés à nous mordre et à nous spolier sans savoir pourquoi. Cela leur donne de l’importance et ils y croient. Mais, de grâce, ne dites pas qu’ils nous ressemblent. C’est nous faire injure. Si nous avons encore un avenir, c’est justement parce que nous ne sommes pas comme eux et que nous refusons de manger de ce pain-là qu’ils se disputent entre eux.

  2. Bjr,
    Il est normal que les citoyens/contribuables remontent les bretelles aux politocards car eux nous imposent de nous serrer la ceinture…pour que eux puissent s’engraissersur nos comptes!

  3. Bonsoir Henri,
    Vous avez bien fait de rappeler l’hypocrisie de la religion et particulièrement de l’organisation vaticane.
    Quant à nos politiciens, il faut être bien naif pour croire qu’ils se dévouent corps et ame pour nous et la France.
    La politique paie bien et ça rapporte même pas mal !
    Je pourrai même, en dehors du « scandale » Fillon vous donner le nom de ministres socialistes qui gardaient pour eux les enveloppes de billets qui circulaient sous Mitterrand en vue de donner des primes au noir aux collaborateurs des cabinets ministériels (eh oui l’Etat est aussi un fraudeur fiscal et social !!!)
    Evidemment, l’hypocrisie ressort d’autant plus fortement lorsque les turpitudes (magouilles en français) de ces politiciens apparaissent au grand jour; établissant une distorsion manifeste entre le discours officiel (public) et la pratique.
    Bien amicalement

  4. Prétention à l’abstinence économique soit! Mais c’est bien nous (citoyens) aussi qui la voulons pour eux et la demandons à corps et à cri de moralisation rampante de la vie politique.
    Alors que nous, bien pensants moralisateurs socialisants, nous sommes dans la schizophrénie générale demandant aux autres ce que nous ne ferons pas nous même. Nous ne voulons pas que les autres soient riches, ou soient libres ni de leurs pensées et ni de leurs actes. Car nous n’assumons pas nous mêmes, c’est ainsi que les hommes politiques, qui sont le reflet de la société, nous montrent comme nous sommes!

    Car nous voudrions que ce simple mandat soit le reflet d’une vie personnelle parfait et indiscutable.
    Alors puisque nous sommes dans la sphere politique M. Macron est peut- être en train de nous pousser vers plus de liberté. Ainsi soit-il!

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