La récente augmentation des contraintes en matière de contrôle technique auto ne semble pas avoir les effets escomptés.
En effet, on apprend au détour d’un article de presse qu’à ce jour, selon le réseau de contrôle Dekra, environ 560 000 véhicules qui auraient dû passer un contrôle technique cette année ne l’ont pas fait ; et que ce chiffre pourrait grimper à 700 000 véhicules d’ici le 31 décembre.
Les Français seraient-ils devenus réfractaires au contrôle technique ?
Nul doute en tout cas qu’il faille y voir une conséquence des récents renforcements du contrôle technique auto.
Pour mémoire, deux contrôles techniques sont entrés en application successivement : le premier en mai 2018 en vue d’assurer une harmonisation de la législation européenne avec l’instauration du défaut critique qui immobilise le véhicule et l’autre au premier janvier 2019, repoussé à juillet 2019 en raison des gilets jaunes, qui n’est qu’une décision exclusivement française visant particulièrement les véhicules diesels dont le gouvernement avait pourtant poussé à l’acquisition jusqu’à il y a peu !
Le durcissement de la législation européenne, la sur normalisation, est une maladie bien connue de l’administration française qui adore se vautrer dans les règlements complexes et les normes absurdes.
Ce faisant, le but poursuivi était double :
- Complaire aux électeurs écolos en s’attaquant fortement aux véhicules à moteur diesel,
- Pousser le marché de la vente de voitures neuves afin de faire rentrer des taxes (TVA, taxe carbone) dans les caisses de l’Etat.
Et cette tactique a été payante, principalement auprès des retraités plutôt aisés qui ont cédé devant la peur de problèmes administratifs ingérables.
On évoque aussi un autre facteur : le renouvellement du parc automobile grâce à la prime à la casse. Plusieurs centaines de milliers d’autos ont été mises au rebut depuis 2018, ce qui joue fatalement sur le nombre de modèles à contrôler.
Seulement, on peut aisément imaginer que ceux qui ont « évité » le contrôle technique l’ont fait pour éviter d’être recalés et surtout d’avoir à financer des dépenses coûteuses ; et il y a fort à parier que ce sont ceux dont les revenus sont les plus faibles.
Et il y a fort à parier que nombre de ceux-ci sont d’anciens gilets jaunes !
En effet, instaurer une prime à la casse pour aider les gens à acheter une voiture neuve ou d’occasion peut sembler une bonne idée, quoique pour ma part je considère qu’il s’agit là d’une perversion administrative, mais elle n’atteint pas nécessairement le but poursuivi lorsque les gens concernés gagnent 1.200 €/mois et que leur budget est contraint à 110% ; ce qui signifie qu’ils n’ont aucune marge de manoeuvre !
Cela veut dire que le budget de renouvellement est proche de zéro et qu’ils ne sont même pas éligibles au crédit bancaire par manque de revenus !
Je vous encourage donc à consulter le site officiel ; ce qui vous permettra de constater que l’aide est subordonnée au respect de conditions (complexes) ; desquelles il ressort que l’aide de 3.000 € n’est envisageable que si l’on gagne moins de 13.489€/an et par part (soit le smic) et qu’il faut acheter soit un véhicule électrique soit un véhicule à moteur thermique éligible aux vignettes crit’air 1 ou 2 et consommant moins de 116g/km.
Il ne peut donc s’agir forcément que d’une petite voiture presque neuve incompatible avec l’existence d’une famille de 4 personnes
Quand on sait que la prime n’est pas avancée par le garagiste, notamment en raison des délais abusifs mis par l’administration à verser la prime promise, on en arrive à des situations ubuesques ; surtout lorsque l’on lit :
« Avant de commencer la saisie de votre demande, vous devez au moins disposer des éléments suivants :
- Certificat d’immatriculation (carte grise) du véhicule acquis ou loué à votre nom,
- Certificat d’immatriculation du véhicule ancien mis à la casse (si vous en déclarez un)
- RIB »
Ce qui signifie que vous devez être propriétaire de la nouvelle voiture et avoir payé les 3.000 € que vous n’avez pas pour faire la demande de prime ; prime que vous percevrez, si tout va bien, c’est à dire si votre dossier est « conforme », plus tard voire même beaucoup plus tard !
Le principe de la prime se heurte donc à la fois à une complexité administrative et à des problèmes financiers qui n’ont visiblement pas été perçus par ceux qui ont conçu ces textes ; à savoir des fonctionnaires qui n’ont aucun problème ni de revenu ni de voiture …
Dès lors, plus par nécessité que par décision purement réfléchie, les propriétaires de voitures à petits revenus entrent en résistance par défaut … et prennent le risque d’une amende de 135€ pouvant aller jusqu’à 750 € et d’une immobilisation voire d’une mise en fourrière du véhicule.
Cela m’amène à formuler deux observations :
Faut-il s’étonner d’une réaction de ce type à propos déjà du principe d’un contrôle technique qui, s’il est incontestable dans son principe, est douteux au niveau de sa mise en œuvre puisqu’un possesseur de voiture fait le constat évident qu’il lui faut payer de plus en plus cher (70€ actuellement) une prestation qu’il perçoit comme une menace sur sa liberté de se déplacer c’est à dire … pour avoir de plus en plus de problèmes ?
Au lieu d’aider les gens à réparer leur voiture, on ne fait que les menacer d’immobiliser leur voiture alors que beaucoup, si ce n’est la presque totalité, en ont besoin pour aller travailler ! En effet, un défaut qualifié de critique entraine l’immobilisation immédiate du véhicule et l’obligation d’utiliser un transport par plateau forcément coûteux !
En fait, ne serait-il pas économiquement plus judicieux d’aider les gens à réparer leur voiture plutôt que de les contraindre à les jeter alors qu’elles sont souvent encore parfaitement aptes à rendre un service normal ?
Cette hypothèse n’a visiblement pas été envisagée ou a été délibérément … écartée. Le délire écolo est passé par là : il faut éliminer coûte que coûte les vieilles voitures et quand je dis que ça coûte ….ça coûte essentiellement au propriétaire qui doit se séparer de sa voiture !
Car, il ne faut pas être dupe, le but final de ces mesures est de contraindre les propriétaires à jeter leurs voitures un peu anciennes, nullement de les réparer ou de les améliorer ; ce qui explique que la mesure (autoritaire) n’ait été conçue que dans un sens répressif.
Alors, évidemment, devant l’ampleur du phénomène dont ils craignent qu’il se développe, les professionnels du secteur du contrôle technique s’inquiètent et n’hésitent pas à utiliser l’argument « de poids » selon lequel « au moins 10 000 véhicules qui devaient passer leur contrôle présentent un danger direct et immédiat ».
Evidemment, il ne s’agit là que d’une projection statistique ne reposant sur aucun fait avéré et qui est donc sujette à toutes les manipulations ; l’utilisation du présent de l’indicatif au lieu du conditionnel ayant essentiellement pour but de convaincre les autorités qu’il faut agir avec la plus grande sévérité.
Sans sourciller, ils demandent donc la création d’un fichier des véhicules à contrôler, une hausse de l’amende en cas de défaut du contrôle technique et un contrôle automatisé par vidéo-verbalisation (radars discriminants) histoire de traquer un peu plus le pauvre automobiliste ou plus exactement l’automobiliste pauvre !
En France, pays des corporatismes multiples et indestructibles, chacun défend son os et tant pis pour le voisin car, il ne faut pas s’y tromper, ces professionnels sont essentiellement inquiets pour leur business et craignent un recul de la fréquentation dans les centres qui entrainerait une diminution de leurs revenus alors qu’on les a obligés à acheter un coûteux matériel qu’ils vont avoir du mal à amortir.
On ne peut donc déplorer, dans cette histoire, qu’un manque flagrant de pragmatisme, et l’adoption désormais habituelle de la « logique » de la matraque permanente !
Nul doute, que les pouvoirs publics vont réagir ; ce qui laisse à penser que la folie administrative a encore de beaux jours devant elle !
Reste néanmoins à savoir comment vont réagir les possesseurs de voitures à petits revenus … car finalement, on perçoit les limites de la stratégie de la menace et de la contrainte permanentes. On voit clairement qu’ils finissent par s’adapter, comme l’ont fait avant eux les ressortissants des pays du paradis communiste ex soviétique, dans une stratégie d’évitement, à des décisions qu’ils estiment qu’elles leurs sont par trop pénalisantes et illégitimes.
Bien cordialement à tous !
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Fort juste votre article, la vente de voitures neuves représentant une très grosse source de TVA pour l’état, la mise à la casse de véhicules encore en bon état mécanique et de prime ne datent pas d’hier. Nous l’avons déjà vécu en 1995-97 avec la fameuse « jupette » d’Alain Juppé. A l’époque des casseurs autos avaient critiqué le dispositif car ils avaient bien vu qu’on leur amenait des véhicules qui n’étaient pas à l’agonie.
Lorsqu’on veut se débarrasser de sa vieille voiture on dit donc qu’elle a la rage, en l’occurrence qu’elle pollue trop. Mais est-ce bien écologique en ces temps de critiques de l’obsolescence programmée et des produits jetables de considérer l’automobile comme un bien de consommation non durable alors que cet objet bien entretenu et réparé peut rendre service pendant de très nombreuses années. Un véhicule de qualité avec une carrosserie galvanisée et un bon moteur pouvant largement survivre 20 années et 400000 kilomètres.
Juste une critique lorsque vous dites que le contrôle technique est incontestable dans son principe. Je vous rétorquerai que les automobilistes ont largement su s’en passer jusqu’à l’arrivée de Michel Delebarre ministre des transports et de son secrétaire d’état Georges Sarre et aussi d’un certain Jacob Accou qui possédait déjà une chaîne de centres de contrôle technique en Allemagne et encore d’un certain Jacques Calvet PDG à l’époque d’une grande marque automobile.
Et de nombreuses statistiques démontraient alors ce qui est au demeurant toujours vrai que les accidents de la route sont principalement dus au comportement du conducteur : alcool ou bien vitesse excessive et non pas à l’état mécanique du véhicule. Ajoutons à cela un facteur aggravant qui est la conduite de nuit que ce soit le retour de discothèque pour les jeunes (qui subissent le plus fort taux de mortalité) ou du travail de nuit sur de mauvaises routes de campagne.
Le plus cocasse dans tout cela, je devrais plutôt dire le plus tragique est que l’instigateur du contrôle technique a provoqué un très grave accident de la route en déboulant comme un sauvage dans les rues d’une certaine ville du nord de la France où il venait d’être élu maire, mais chut… l’affaire a était soigneusement étouffée à l’époque, donc n’en parlons pas. (d’ailleurs il y a des pyramides en verre dans un certain bâtiment juste devant son bureau enfin il n’est plus maire maintenant son dauphin ayant trahi).
Nul doute que la tentation sera forte pour le gouvernement de traquer l’automobiliste comme un Vietcong jusque dans son terrier ou plutôt son domicile. Au surplus cela se fait déjà depuis fort longtemps en Belgique, puisque dans ce pays, les automobilistes possèdent la même plaque d’immatriculation à vie et qui est rattachée à leur personne et non à leur véhicule et qu’ils reçoivent directement à leur domicile la convocation pour le contrôle technique auquel ils ont fortement intérêt à s’y rendre sous peine de forte amende.
Ajoutez à cela toujours en Belgique une taxe de circulation qui n’a rien a envier à notre défunte vignette et aussi l’extincteur obligatoire. Mais que fait donc SICLI et cie dans notre beau pays ? A croire que la corruption se perd … Ou bien est-ce le manque d’imagination de notre technocratie ?
Pas toujours au point d’ailleurs la technocratie, il faut bien le dire car si le contrôle technique automobile existe depuis fort longtemps en Belgique, le permis de conduire lui ne date que de 1969 !!! (sic, oui vous avez bien lu). En France en revanche, nous avons eu le phénomène inverse puisque si le permis de conduire date de l’époque des De Dion Bouton qui peinaient à atteindre 20 km/h, nous n’avons le contrôle technique que depuis 1992. Autre pays, autres moeurs ou plutôt autre forme de répression devrais-je dire.
On peut comprendre le controle technique du point de vue de la sécurité au niveau des organes essentiels.
Pour éliminer les épaves roulantes.
Seulement, aujourd’hui c’est un véritable check up qui est fait.
Et c’est vrai, l’écologie est devenue la justification de tous les excès !
J’étais en Allemagne en 1974 et ce contrôle existait déjà.
Oui, en Belgique il n’y avait pas de permis.
Pour ma part je considère que le syndrome des épaves roulantes relève plus de la théorie que de la réalité.
Mis à part l’éclairage pour la conduite de nuit, il y a deux choses absolument essentielles dans une voiture à savoir : la direction et les freins.
Il est bien rare qu’une direction cède car les pièces qui la composent sont correctement dimensionnées par les constructeurs. Certes avec le temps le jeu s’installe et l’usure des pneus s’accélère, ce qui sera vérifiable au contrôle technique, des vibrations peuvent éventuellement apparaître mais elles alerteront le conducteur de la nécessité de réparation bien avant toute contrainte étatique sauf irresponsabilité totale. Le seul grand risque reste une rupture brutale de la direction et en particulier de la colonne, heureusement fort rare, mais totalement indétectable au contrôle technique tel qu’il est pratiqué car il faudrait un démontage complet et une inspection visuelle des pièces et même une radiographie du métal (chose que bien entendu nul ne fera en pratique).
Les freins quant à eux cèdent rarement brutalement, les durites sont solides, les canalisations aussi puisqu’en inox, en revanche les joints du maître cylindre et des cylindres de roue s’usent ce qui oblige l’automobiliste à pomper pour freiner car la pression diminue dans le circuit, encore une fois nul besoin technique pour s’en rendre compte et procéder au réparations . (J’ai d’ailleurs connu ce problème, lors de mon service militaire sur des Peugeot tout-terrain P4 qui bien entendu cela va sans dire étaient en règle avec le contrôle technique, on mesure le sérieux de nos institutions…) Et ne croyez surtout pas que vos freins sont impeccables parce qu’on vous l’a dit au contrôle technique, vos plaquettes peuvent se trouver juste au dessus de la limite d’usure et votre voiture freiner très correctement sur le banc d’essai mais plus après quelques centaines de kilomètres sur la route.
Le gros défaut du contrôle technique résulte principalement du fait qu’il n’est effectué aucun démontage, or quand on ne gratte pas le vernis on ne risque pas de savoir si le bois qui se trouve en dessous est pourri (exactement d’ailleurs comme le contrôle des termites sur des charpentes entièrement recouvertes de laine de verre dans des greniers aménagés en chambres…). On ne peut réellement savoir si une pièce est usée qu’après démontage et nettoyage, en résumé il vaut donc cent fois mieux un bon garagiste qui n’a pas peur de mettre les mains dans le cambouis qu’un inspecteur en travaux finis.
Vous me rétorquerez qu’il y a des irresponsables et des indigents qui n’effectueront pas les réparations indispensables, certes. Mais croyez vous que statistiquement le vieux papi à la faible retraite, perclus d’arthrose et à la vision embuée par la cataracte est plus dangereux lorsqu’il fait 5 km par semaine pour aller voir son médecin ou aller à la supérette dans sa vieille Renault 4Ltoute rouillée que le jeune commercial dynamique qui dévore 80000 kilomètres par an sur les autoroutes à tombeau sur les autoroutes dans sa grosse berline germanique flambant neuve ? Personnellement je ne le pense pas.
Les besoins automobiles des citoyens sont très variables et c’est le deuxième gros défaut du contrôle technique car sa périodicité est temporelle et non kilométrique. Que vous rouliez peu ou beaucoup, il va falloir y passer à date fixe. Laissez une voiture immobile dans votre garage pendant deux ans sans aucun kilomètre parcouru et ce, que ce soit par exemple pour cause de maladie, de déplacement à l’étranger ou de double emploi si vous l’avez hérité, et bien on vous expliquera que vous devez quand même passer le contrôle technique.
Tout cela relève de la fumisterie exactement comme le motard qui vous enquiquine pour défaut de port de la ceinture de sécurité en ville sans remarquer que tout juste à côté se trouvent des gens qui se tiennent debout dans un autobus qui se déplace à 50 km à l’heure, sans remarquer que lui même se situe en bien plus grand danger que vous puisqu’il se trouve, c’est l’été et il fait très chaud, sur une motocyclette de grosse cylindrée sans gants et en chemisette à manches courtes.
C’est exactement la même façon pour le remplacement obligatoire des compteurs Linky, Gaspar et Aquarius