Le libéral est en quête constante d’identité.
Force est de constater qu’il n’est pas représenté dans notre démocratie, pas de parti, pas de chef charismatique. Ni le RPR, ni le Parti Socialiste ne sont libéraux, ne parlons pas du Front National ou du Front de Gauche, encore moins des Ecologistes.
Laissons les centristes en paix, Dieu seul sait de quel parti est Bayrou et encore ce n’est pas sûr. Reconnaissons que tout cela n’est guère encourageant et qu’il n’est pas étonnant que, dans ces conditions, les libéraux paraissent comme une infime minorité.
Cette absence totale de représentativité n’empêche pas la majorité des français d’accuser les libéraux d’être les responsables de nos difficultés actuelles. L’absent ayant toujours tort, le terme libéral a fini, dans l’esprit de la population, par évoquer la jungle, la loi du plus fort, l’égoïsme, le cynisme, c’est-à-dire l’inverse de sa réalité.
Je ne me reconnais pas dans cette description populaire et pourtant je suis convaincu d’être libéral.
Alors, j’ai cherché. J’ai lu, j’ai écouté.
Je suis arrivé à la conclusion très ordinaire suivante : le pouvoir c’est la force, le libéralisme c’est l’inverse de la force, c’est le consentement. Le pouvoir et le libéralisme sont antinomiques.
La complication est de taille, même pour un horloger suisse. Le libéralisme évoque, pour la plupart des gens, le monde économique alors qu’il n’est pas que cela.
La raison de cette vision restrictive est que le consentement étant plus favorable à l’économie que la force le libéralisme s’y épanouit naturellement.
Ceux qui ont l’ambition de participer à l’organisation de notre collectivité savent que tout le problème réside à trouver un équilibre entre les tendances naturelles de chaque individu, sa liberté, et les nécessités du groupe. La voie qui parait la plus rapide et la plus efficace à cet effet est la contrainte, c’est-à-dire la force.
Un consentement est toujours long et difficile à trouver alors que la force s’impose vite et naturellement, aussi bien chez ceux qui la subissent que chez ceux qui l’exercent.
L’avantage immédiat est à la force, n’en doutons pas. Etre libéral suppose donc d’être patient. Mais ce n’est pas suffisant. La force c’est comme les trains : « Attention, celle qui passe peut cacher celle qui arrive ».
Essai utopique d’une organisation basée sur le consentement
Prenons un exemple, à la mode, la fiscalité. Peut-on organiser la fiscalité à partir du consentement et non, comme elle l’est aujourd’hui, exclusivement par la force jusqu’à son point ultime : la terreur ? Ma réponse est oui.
Si le libéral que je suis avait en charge cette organisation, je m’y prendrais de la façon suivante :
– A partir, évidemment, d’un Etat minimal, j’obtiendrais une fiscalité incompressible que j’abonderais, pour moitié par un impôt indirect (du type TVA), pour l’autre moitié par un impôt minime sur le revenu égal pour tous (mettons 10%). Ici, j’utilise la force, mais modérément.
– Pour le solde, l’intervention complémentaire de l’Etat serait soumise à la récolte fiscale et non l’inverse. Cette récolte serait laissée libre, à l’appréciation de chacun. L’Etat se contenterait de vérifier scrupuleusement les revenus de chaque français et de les afficher annuellement dans un bureau ouvert à cet effet. Dans ce bureau, seraient aussi affichés les impôts que chacun aurait décidé de payer. C’est-à-dire, les impôts seraient volontaires, décidés par chacun de nous, mais connus de tous. Celui qui paierait peu aurait sans doute des arguments à faire valoir, soucis passagers, investissements vitaux etc… celui qui paierait beaucoup aurait probablement des satisfactions sociales en retour.
Je vais vous étonner mais je suis convaincu que cela marcherait et que le ciment social s’en trouverait renforcé.
Cette politique du consentement est, de mon point de vue, la base même du libéralisme. Appliquée à l’économie elle est naturelle, comme nous l’avons vu. Appliquée à la politique, à l’organisation sociale, elle n’est pas naturelle mais elle peut se réfléchir pour chaque situation. Elle est de nature à pouvoir éradiquer la force qui est le fléau de la vie en collectivité, dès le début, dès l’enfance, l’école et ses bizutages.
Le paradoxe aujourd’hui tient au fait que le libéralisme ne s’étant pas constitué en force politique faute de s’être défini simplement, les libéraux, qui j’en suis sûr sont majoritaires, se trouvent inclus à leur insu dans des partis traditionnels dépassés, régis encore par la force.
Il n’est pas exclu que Ayrault et Hollande soient des libéraux embourbés maladroitement dans le parti socialiste qui ne connait que la force. Leur recherche du consentement passe pour de la faiblesse qui, rajoutée à leur ignorance totale du monde de l’économie, les fait passer pour des cons.
Le raccourci est mortel entre le libéralisme et la naïveté ou la connerie.
Qu’importe, je suis né libéral, je le resterai quoiqu’il arrive.
Bien cordialement. H. Dumas