Je présuppose qu’elle est partie puisque, unanimement, tous nos hommes politiques prétendent la ramener. Vont-ils trouver la baguette magique pour réussir cet objectif séduisant ?
Finalement, la confiance, c’est quoi ?
Allons voir Wikipédia : « un état psychologique se caractérisant par l’intention d’accepter la vulnérabilité sur la base de croyances optimistes sur les intentions (ou le comportement) d’autrui ».
En clair : j’ai tellement d’estime pour toi, pour ce que tu représentes, que je te donne le mot de passe de ma sécurité, je t’ouvre ma vie, mon cœur et même, tant que j’y suis, mon ordinateur et mon compte en banque.
Alors là, effectivement, je ne vois pas bien qui a confiance en qui dans notre douce France. Bien pire, je ne vois pas qui pourrait, raisonnablement, avoir confiance en qui. Les flics eux-mêmes me rabâchent de fermer ma maison à double tour.
Ce constat fait, rien ne nous empêche, chacun de nous, de rêver aux conditions qui nous permettraient d’avoir confiance dans celui ou ceux dont justement nous nous méfions le plus.
Un exemple au hasard.
Que faudrait-il pour que moi, entrepreneur, j’ai pleinement confiance dans le fisc (ce qui effectivement changerait ma vie) ?
Il faudrait d’abord que je sois convaincu que mes versements vont suffire, que je ne serai pas constamment obligé de casquer pour les dépassements du budget de l’Etat.
Puis il faudrait que l’impôt me paraisse juste.
Pour cela il devrait se présenter de la façon suivante:
– Un impôt sur le revenu unique pour tous, dès le premier sou gagné, sans progressivité, égal à 20 ou 25% du revenu.
– Une TVA à 20% sur tous les produits.
– Un impôt foncier au M², d’un taux égal dans tout le pays, évidemment raisonnable, comprenant simplement deux catégories : bâti et non bâti.
– Une baisse de 50% des taxes sur les produits pétroliers.
– Pas d’impôt sur la fortune et pas de droit de succession.
– Pas de taxe sur les mutations, mais toutes les plus-values réalisées considérées comme bénéfice imposable (y compris pour les œuvres d’art).
Il faudrait ensuite que les usines à gaz que sont les organisations paritaires gérant la santé, le chômage, les retraites, etc…, repères d’intrigants, soient rayées de la carte, ce qui impliquerait :
– La suppression des charges sociales, donc une augmentation immédiate de 50% des salaires.
– L’obligation de s’assurer auprès de sociétés privées, mises en concurrence, pour la santé, la retraite et le chômage.
Il faudrait enfin que les monopoles soient interdits, que la concurrence soit réelle en tout, l’économie libre et que l’Etat se limite à ses activités régaliennes.
Non mais, de quoi je me mêle ? Attendez, ce n’est pas un programme politique prétentieux ou simplet, c’est simplement ce qu’il faudrait pour que personnellement j’ai confiance dans le fisc. C’est loin, non ?
Un autre exemple, toujours au hasard.
Que faudrait-il pour que moi, justiciable, j’ai pleinement confiance dans la justice ?
Tout d’abord, laissez-moi vous raconter une anecdote. En des temps depuis longtemps prescrits, alors que je roulais à moto, je suis passé devant une voiture banalisée et un radar. Le fait particulier était le suivant : nous étions en plein été, les pandores suffoquaient, ils s’étaient mis en « marcels » jambes et bras par-dessus la portière. Je les ai photographiés. Ce fut un bordel monstre. Quelques mois plus tard, j’ai appris que dans la gendarmerie d’attache de nos deux touristes, il y avait ma photo agrandie avec la mention « wanted ». Amusant non.
Il y a aussi très longtemps que je suis en bonne place sur le « mur de la honte » des Services Fiscaux. Les sociétés bureaucratiques ont toutes des murs de la honte où sont épinglées les cibles repérées dont telle ou telle administration veut la peau. Pour la bureaucratie, pas d’énervement, pas de hâte, le temps est son allié, la liste trouvera à s’exécuter.
Mais revenons à la justice. Il faudrait que j’aie l’impression qu’elle comprend et réfléchit à mes dossiers, que les jugements rendus aient un rapport avec les faits évoqués, pour cela il suffirait:
– Que le téléphone réponde quand on appelle un tribunal
– Que l’on soit reçu au tribunal normalement et non avec suffisance ou condescendance.
– Que les magistrats ne trônent pas sur une estrade. Qu’ils ne soient pas déguisés et qu’ils nous reçoivent autour d’une table en toute simplicité.
– Que l’on ne m’oblige pas à prendre un avocat si je veux m’expliquer seul.
– Que la discussion de mon affaire ne soit pas lapidaire, que j’ai le temps d’expliquer les faits, que le magistrat soit un spécialiste susceptible de comprendre réellement la situation.
– Que je ne sois pas jugé d’avance en fonction de telle ou telle pensée unique. Que le magistrat me donne son opinion, que l’on puisse en discuter.
De quoi je me mêle là aussi ? Je vous rappelle que ce sont juste les conditions qui feraient que je serais en confiance, rien de plus.
C’est pour vous dire que, franchement, la confiance, je n’y crois pas vraiment. J’ai peur qu’hélas il va falloir que je continue à me méfier pour survivre.
Bien cordialement. H. Dumas