Ce que je lis
Je lis de nombreux articles ou billets traitant de la crise, du libéralisme, de la planification, des banquiers, des riches, des classes moyennes, des pauvres, de la société, de ma vie, quoi… Tous ces articles sont documentés, étayés, argumentés, accompagnés de preuves chiffrées indiscutables, sous forme de tableaux ou de courbes.
Je lis aussi différentes propositions pour sortir du marasme, pour retrouver la joie de vivre, de créer, de prospérer et d’espérer. Ces propositions sont séduisantes, elles aussi. Certaines paraissent si évidentes que l’on se demande pourquoi elles ne sont pas mises en œuvre.
Finalement, la situation est comprise par tous, chacun peut avoir facilement accès au diagnostic et aux remèdes. Tout est donc complètement accessible, y compris aux êtres ordinaires dont je fais partie.
Ce que je vis
Je vis une dépendance à une élite hypocrite, égoïste, cynique, vénale et corrompue.
Je vis un pillage de mon énergie, un vol de mes biens, des atteintes constantes à ma liberté, un enfermement psychologique dont je souffre journellement.
Je vis un discours irréaliste et falsifié qui m’est imposé en tout, et pour tout.
Je vis une inversion perverse de la pensée, qui est instillée par cette élite, que les « braves gens (dont moi-même si je n’y prends garde) » croient être leur pensée personnelle. Alors qu’il s’agit d’une manipulation, échappant à toute logique, qui prend sa réalité du fait de sa complexité apparente et de la bassesse des sentiments utilisés pour la faire fructifier, notamment la jalousie.
Par exemple, les terriens que l’on convainc de protéger la méditerranée en limitant la liberté des plaisanciers, alors que la pollution de cette mer vient à 90% de la terre (bassin rhodanien) donc d’eux et que les plaisanciers accusés ont une influence infinitésimale à ce sujet.
Par exemple, les politiques qui se sont arrogés tous les droits d’urbanisme au motif du bonheur des citadins, alors que, l’œil rivé sur leurs bureaux de vote, ils ne poursuivent que leurs intérêts électifs par la sélection des couches sociales qu’ils dirigent vers tel ou tel quartier en vue de leur réélection.
Ou encore, la tarte à la crème de la santé gratuite pour tous et de la soumission des médecins à cette folie, alors que cela n’a de sens que pour les indigents, les autres pouvant parfaitement se payer des assurances privées.
Je suis bien conscient que ces exemples sont complètement décalés du problème. Ils sont si réduits, alors que le problème est si vaste, que l’incohérence est partout, totale, que le bon sens a été éradiqué.
Alors, voyons plus large
Une société ne vaut que par le choix qu’elle fait de ses élites, de ceux qui vont l’animer, la diriger. Toutes les “qualités !!!” de nos élites, dont j’ai parlé plus haut, sont naturellement incluses dans tous les groupes sociaux, le drame survient lorsqu’elles deviennent la norme de ceux qui prennent le pouvoir et sont acceptées (voir espérées) par ceux qui le subissent. Comme la majorité des membres du groupe n’a ni les moyens ni le temps de détecter ces perversions et fait naturellement confiance aux dirigeants, elles s’épanouissent.
Comment une société peut-elle soudain voir son élite se pervertir si radicalement ?
Je vous propose de réfléchir à partir du très beau livre de Ken Follett, « Les piliers de la terre ». Dans cette saga du 12ème siècle, les trois piliers du pouvoir, la pensée, la force et l’économie sont entre les mains de personnages indélicats.
La pensée a été accaparée par les religieux qui, au nom de l’égalité devant Dieu, vont diaboliser toute curiosité, vont persécuter tous ceux qui pensent… autrement.
La force est entre les mains de la noblesse, qui peut en user à sa guise, sans avoir de comptes à rendre. Elle considère notamment que tout est à elle, rien à ses sujets. Les tribunaux lui sont dévoués.
L’économie est entre les mains des corporations, nul ne peut y accéder librement.
Les trois pouvoirs liés inventent des chimères effrayantes pour terroriser et ainsi dominer leur population.
Cette situation est totalement semblable à la nôtre. Nous voyons notre pensée accaparée par une idéologie égalitaire, qui diabolise et exclut. Nous voyons la force publique entre les mains d’une élite dont nous connaissons les travers et notre économie captée par quelques uns. Ensemble ces trois pouvoirs distillent des chimères dont l’horreur nous effraie et nous culpabilise, ce sont : l’égalité, l’écologie, la fin des ressources, la guerre totale, etc…
Dans le roman de Ken Follett, les héros, tel David contre Goliath, vont gagner. Mais, dans le vrai 12ème siècle, c’est l’invasion, la ruine et la mort qui attendent les sociétés dont les élites se sont perverties, entrainant la stagnation, puis le repli et enfin l’échec de leur pays.
Il serait trop long, dans ce billet, d’énumérer les raisons qui donnent le pouvoir à des élites corrompues, mais deux choses sont sures :
– Ce type de situation ne peut en aucun cas se solutionner par l’intelligence, la seule issue est l’échec total, en espérant le moins de dégâts possibles.
– Ce genre d’élite est rarement courageux, dès la survenance de l’échec ils s’enfuient laissant la place à ceux qui affronteront la réalité et que l’on appellera plus tard « héros ».
Alors, qu’on en finisse, le plutôt sera le mieux.
Cordialement. H. Dumas