Bonjour,
Le 19 Juin 2012, sous le pseudo « Benny », un lecteur (ou une lectrice) se qualifiant d’assidu me recommandait le livre d’AYN RAND : « La Grève ».
Son commentaire était sympathique et ouvert, j’ai immédiatement commandé cet ouvrage. Je viens de le finir : 1.165 pages de bonheur total.
Avec toutefois une légère tristesse : toutes mes « découvertes » ont été découvertes par Ayn Rand, bien avant moi. C’est démoralisant de se croire perspicace et de s’apercevoir que l’on enfonce des portes ouvertes. Mais bon, c’est le lot de tous ceux qui s’expriment sur cette terre, tant il y a eu de prédécesseurs. Et puis, je le dis depuis le début, j’ai limité mon rôle au témoignage…. pourquoi prétendre plus ?
Une fois ce petit pincement au cœur évacué, voici mon conseil : quoique vous soyez en train de faire, arrêtez immédiatement et tapez « Amazone » pour commander cet ouvrage.
Vous allez lire un roman philosophique qui met en scène le monde économique, le monde de l’argent. Ecrit en 1957, il décrit la société d’aujourd’hui, avec une précision qui fait froid dans le dos.
Au moment où l’auteur écrit cet ouvrage, elle a 52 ans.
En 1957, Citroën vend sa DS19, c’est bientôt l’époque du France, du Concorde, du plein emploi, la « révolution » ce sera dix ans plus tard : 1968. Les conséquences dramatiques de la« révolution » ce sera 15 ans plus tard. Aujourd’hui nous sommes proches du « bout du bout ».Elle savait en 1957 !!!
La plupart de ceux qui liront ce livre sans comprendre sa réalité parleront de caricature de la réalité. Je vous affirme que c’est exactement le contraire qui se produit. C’est notre réalité d’aujourd’hui qui est une caricature exacerbée de la fiction décrite dans ce roman.
Vous ferez comme moi, vous irez voir sur le net qui est Ayn Rand. Vous découvrirez qu’elle a été un défenseur ardent du libéralisme, lue par tous les économistes, connue de tous les politiques et …. traduite en français en 2011 !!!!
Les deux façons d’utiliser l’argent et le pouvoir sont clairement exposées dans le roman, l’une par la sœur, l’autre par le frère. Tout est si vrai.
Le libéralisme implique une éthique, des règles, en cela il ressemble à toutes les formes de société qui elles aussi exigent une étique, des règles. C’est le piège. Mais, l’avantage du libéralisme c’est qu’il s’autorégule. C’est de cela que parle Ayn Rand, elle le fait bien, de façon accessible, avec beaucoup de conviction.
Ce qui me gêne un peu c’est qu’elle prône la fuite, j’en connais à qui cela fera plaisir…« N’essayez pas de progresser aux conditions imposées par les pillards ni de grimper à une échelle dont ils assurent la stabilité. Ne les laissez pas faire main basse sur la seule énergie capable de les maintenir au pouvoir. Je parle de votre envie de vivre. Mettez-vous en grève, comme je l’ai fait. Utilisez votre intelligence et vos compétences en privé, étendez vos connaissances, développez vos aptitudes, mais ne partagez pas vos réalisations avec eux. Ne tentez pas de faire fortune avec en permanence un pillard sur le dos…. Puisque vous êtes prisonnier, agissez en prisonnier, ne les aidez pas à faire croire que vous êtes libre. … N’aidez pas vos geôliers à prétendre que la prison dans laquelle ils vous maintiennent est votre milieu naturel…. Si vous avez la possibilité de disparaître quelque part dans un lieu reculé, hors d’atteinte, faites-le… «
Ce qui m’a ébloui, c’est que très clairement elle décrit la réalité d’aujourd’hui… « Votre système n’est autre qu’une guerre civile. Des hommes s’acoquinent pour faire main basse sur la justice dont ils se servent comme d’un gourdin pour écraser leurs rivaux, avant qu’une autre bande ne les débusquent à son tour pour les écraser, chacun se déclarant attaché au bien nébuleux d’un public indéfini. »
Quand vous aurez fini ce livre, vous ne regarderez plus nos politiques, nos industriels et nos journalistes de la même façon.
Dès que, d’instinct, vous parlez libéralisme, nos compétents vous recommandent Bastia, Hayek, etc…, c’est bien, mais très difficile à lire sans connaître le contexte historique. La lecture en est mal aisée, pour ne pas dire rébarbative, elle exige des compétences déjà acquises.
Ici, rien de tout cela. C’est un roman, un vrai, passionnant jusqu’à la dernière page, mais qu’elle leçon d’objectivité, de rigueur, de justice et de pragmatisme. Bon été de lecture.
Cordialement. H. Dumas