Les socialistes sont magiques. Pas plutôt au pouvoir, le petit père Hollande enfourche le cheval de la « croissance« . Est-il conscient de ce que cela implique ?
La croissance économique, ou augmentation du PIB, suppose plusieurs facteurs incontournables :
– D’abord la compétition, individuelle et collective. Cela revient à participer à la course économique mondiale des nations, donc à s’en donner les moyens en soignant ses propres champions de l’économie.
– Soigner ses champions c’est leur permettre de s’enrichir et de devenir suffisamment puissants pour qu’ils puissent prétendre participer à la dite compétition. C’est aussi les sélectionner.
– Comme il est peu probable que l’Education Nationale soit en mesure d’entreprendre avec succès cette sélection, c’est donc un vaste chantier de liberté qui nous attend pour que, de façon naturelle, les meilleurs de l’économie émergent.
– Les besoins en capitaux de ces champions seront immenses. Ils devront être fiscalement épargnés pour qu’ils puissent amasser les sommes qui leur seront nécessaires.
– Mais ils auront aussi besoin, dans cette âpre conquête de la croissance où on ne les attend pas, de troupes fidèles et disciplinées. Il faudra qu’ils puissent s’entourer librement de personnel, en nombre suffisant mais pas excessif et à des coûts le plus bas possible.
Tout cela ne sera pas suffisant. Il faudra aussi que le progrès scientifique et technique soit de la fête. Les découvertes ne sont pas prévisibles, elles naissent de la connaissance massivement répandue et d’une grande liberté accordée aux chercheurs sans garantie de retour.
Comment pense-t-il engager un tel chantier avec ses troupes, je veux dire ses électeurs ?
Ne me dites pas qu’il croit à la planification, à l’économie d’Etat, se serait faire insulte à son intelligence, à ses connaissances et à sa formation de premier dans nos meilleures écoles. Il ne peut ignorer les échecs, sous toutes les formes et toutes les latitudes, des économies planifiées dans la recherche de la croissance, dans cette compétition mondiale.
Comment compte-t-il gérer les rapports avec ses partenaires écologiques qui sont pour la décroissance, la « démondialisation » ?
Ou alors, il s’abuse et nous abuse du même coup. Il croit dur comme fer les « Fous de Bercy ». Ils ont réussi à le persuader qu’ils auraient des recettes originales.
Par exemple, qu’en permettant aux français de doubler leur livret d’épargne, la Caisse des Dépôts disposerait de deux fois plus d’argent, vu que les français n’iront jamais retirer leur argent tous ensemble. C’est le principe Madoff.
Ces mêmes « Fous de Bercy » l’auraient convaincu de la capacité de la Caisse des Dépôts à créer la croissance, alors que cet organisme brille uniquement dans la constance de sa présence dans tous les coups foireux, tels que sociétés d’économie mixte, transports collectifs ruineux, etc… Tout cela en engageant l’argent des épargnants, qui naïvement le croient à l’abri sur leur compte épargne.
Il faut dire qu’ils ne sont pas à une embrouille près les « Fous de Bercy ». Prenons au hasard les médecins. Non seulement ils sont exploités pendant leurs études (12 ans), travaillant, par périodes, 10 heures par jour au tarif mirobolant de 1 € de l’heure qu’aucun patron n’oserait donner à son plus minable apprenti, mais ils sont complètement essorés ensuite.
Par exemple, les mutuelles qui encaissent de grasses primes n’en reversent qu’une infime partie aux médecins en paiement de dépassements d’honoraires. Le reste est transformé en avantages pour les organisateurs de mutuelles et en participation aux emprunts d’Etat. Les « Fous de Bercy » trouvent que ce n’est pas suffisant. Ils envisagent de supprimer les dépassements d’honoraires. Ainsi, les mutuelles encaisseront toujours les cotisations, mais elles n’auront plus rien d’autre à payer que leurs organisateurs et les emprunts d’Etat. C’est magique.
Alors, qu’elle est la pensée profonde de cet homme, lorsqu’il nous informe qu’il projette pour le pays « la croissance » ? Trahison de ses électeurs, mensonge, duperie ou naïveté ?
Seul l’avenir nous le dira tant est surprenante cette prise de position qui ne correspond à rien de ce qui a fait la campagne électorale du candidat Hollande.
Bien cordialement. Henri Dumas
PS: Le terme « Fous de Bercy » ne désigne personne en particulier. Comme celui de « Fous de Dieu », il qualifie les tenants d’une croyance aveugle. Dans la religion comme seule solution sociale pour les seconds, dans l’impôt pour le même usage concernant les premiers.