Monsieur Le Président de La République, j’ai bien entendu votre discours prononcé à l’occasion du résultat des élections présidentielles, dont vous avez été le vainqueur incontesté.
Je me demande pourquoi vous avez jugé utile de vous exprimer depuis la Corrèze profonde, dont vous n’êtes pas. Cette symbolique m’a troublé, moi dont les arrière-grands-parents étaient, au début du 20° siècle, avant la guerre de 1914, les deux instituteurs d’Alleyrat (103 habitants sur le plateau de Millevaches – 19). Mon père étant né à Saint Germain-Lavolps (même endroit, 19 aussi), je me sens donc autorisé à sourire en pensant à votre « Corrèzitude », comme à vos cheveux teints.
Tout cela n’est pas grave, il ne s’agit que d’images, et ne doit pas occulter la qualité de votre discours, sous réserve qu’il ne soit pas, lui aussi, qu’une image.
Dans ce discours, trois points forts : la justice, la jeunesse et le progrès visant à mettre les enfants dans une situation meilleure que celle de leurs parents.
Pour éviter les quiproquos possibles lors du passage à l’acte, il serait bon que vous nous précisiez quelques points de détail.
La justice
Est-ce bien, pour vous, cet ensemble de lois qui permettrait à chaque homme de vivre pleinement et librement sa vie en bonne intelligence avec le groupe ? Ou, faut-il comprendre qu’il s’agirait de lois qui soumettraient l’individu aux aspirations philosophiques d’illuminés s’arrogeant le droit d’agir pour le compte de tous ?
Dans le premier cas, vous aurez à cœur de réformer la plus criante des injustices : la vérification fiscale. La violence, l’abus de droit, le harcèlement, y règnent en maîtres.Six grandes réformes sont à mettre urgemment en œuvre. Je me suis permis d’en proposer les grandes lignes dans le billet suivant : AU NOM DES PARIAS (que je vous mets en copie).
Dans le deuxième cas, pauvre de nous…
La jeunesse
Vous parlez bien de sa diversité, du respect de ses aspirations (de toutes ces aspirations), de sa liberté de penser, de celle de se construire. Alors vous devez impérativement ramener l’éducation nationale à son rôle premier, celui d’informer, d’apprendre correctement les bases, tel que le remplissaient mes arrière-grands-parents à Alleyrat.
Vous devez dénier à l’éducation nationale cette folle prétention de décider seule de l’avenir de tous. Vous devez casser cette machine à fabriquer de dociles fonctionnaires ou salariés de tous poils en décimant tous les autres. Les autres qui, peut-être moins disciplinés, moins malléables, peuvent quand même être une immense richesse pour la collectivité.
Mais, si pour vous la jeunesse se vit en camps collectifs et mainmise sur les cerveaux, en dressage, pauvres de nous….
Le progrès
Vous l’avez lié, sans le définir, à son résultat : « progresser plus, pour avoir plus ». Il nous reste à savoir comment vous comptez le quantifier. S’il s’agit d’un progrès individuel, qui touche chacun en fonction de son point de départ, c’est parfait. Nous pouvons tous adhérer à cette vision du progrès, qui ne peut que rejaillir sur le groupe.
Mais, si pour vous le progrès se juge globalement, si de ce fait vous vous autorisez à considérer que la régression imposée à quelques-uns se justifierait par l’éventuel progrès de quelques autres, pauvres de nous….
Notre inquiétude
Nous souhaitons tous votre réussite, nous nous sentons concernés. Nous aurons tôt fait de vous pardonner les petits entorses à la réalité telles que l’appartenance à la Corrèze ou la couleur de vos cheveux.
Mais, le fait que vous ne nous ayez proposé, comme seule solution, que la fabrication de fausse monnaie par la BCE, ne nous rassure pas.
Peut-être avez-vous d’autres cordes à votre arc pour que la France s’engage dans la voie du respect de ses champions économiques, les favorise, les chouchoute au lieu de les vilipender, de les tracasser, voir demain de les piller ?
Rapidement, vous-même et vos ministres auront plus de temps pour nous faire comprendre ce que les mots de ce beau discours véhiculaient vraiment dans votre esprit.
Bien cordialement et avec tout le respect qui est dû à un Président de La République vierge. H. Dumas