L’homme occidental imagine pouvoir façonner le temps à sa convenance. Le réduire lorsqu’il s’agit d’accéder à ses envies, l’allonger lorsqu’il s’agit d’affronter ses peurs. La lecture simultanée des livres de François de Closets « L’échéance » et d’Aravind Adiga « Les ombres de Kittur » est édifiante à ce sujet. L’indien est en prise directe sur le présent du fait de la pauvreté. La richesse de l’européen lui permet de dissimuler, à l’aide de chiffres et d’élucubrations, ce même présent qu’il refuse de voir et dont il fait porter les contraintes aux banquiers qui sont ses boucs-émissaires.
La vérité est que l’économie se moque du temps des hommes. Elle s’installe sur le temps qui lui est nécessaire. Ainsi la richesse, sauf exception, ne se crée pas en une génération. De la même façon, la pauvreté ne se résout pas non plus en une génération. C’est ici que s’installe le piège mortel qui va emporter l’économie occidentale. Il a pour nom le crédit.
Le crédit a la particularité de supprimer le temps de l’épargne, de permettre de disposer immédiatement de fonds qui auraient été, sans lui, accessibles bien plus tard, voir pour certains inaccessibles. Cette potion magique porte en elle un poison mortel: elle biaise la sélection. Celui à qui l’on prête n’aurait peut-être pas eu les compétences économiques pour accéder à une épargne équivalente. Ainsi, par le crédit, est introduit dans le match économique un « cul de jatte », dont le handicap est dissimulé, qui peut prétendre courir le cent mètre. On peut trouver la chose séduisante au niveau de la morale, certainement pas au niveau de la compétition. Il ne reste plus qu’à rêver à la disparition de la compétition économique….. Chez nous, aujourd’hui, le pas est franchi: utopie.
Il ya longtemps que les hommes ont compris le piège du crédit. De nombreuses sociétés se sont données des règles l’interdisant ou le discréditant. Ce n’est pas la première fois que ceux qui procurent le crédit, aujourd’hui les banquiers, sont mis au banc de la société. Pourtant ils ne font que répondre à une demande, ils ne sont en rien responsables.
Par contre, c’est la première fois que le crédit est érigé en système politique. La particularité de ce système est que la faillite qu’il va entrainer immanquablement, du fait de cette perversion des candidats à la compétition économique, va rejaillir sur le monde entier.
L’occident sera, à juste titre, tenu pour responsable de cette faillite. Ses conséquences seront beaucoup plus lourdes pour le monde que ne l’ont été celles de la colonisation. Il est probable qu’elles ne nous serons pas pardonnées. Je plains beaucoup ceux qui croient à la paix. Leur réveil va être douloureux. Je ne parle même pas de ceux qui, inconscient de la situation, devancent le carnage en nous proposant de continuer comme si de rien n’était, nous engageant ainsi vers un suicide collectif. Pauvres de nous. Cordialement. H. Dumas