En cette fin d’année, comme tous les ans, des centaines de milliers de Français reçoivent, en guise de Noël et de bons vœux, une lettre de menace des services fiscaux, dont la violence est inégale, pouvant aller de la saisie de leurs biens à la simple annonce d’un redressement, base d’un futur diabolique. Les raisons en sont multiples, chaque lettre a les siennes, mais toutes sont là pour nous rappeler notre misère, notre esclavage, au cas où nous nous laisserions aller à l’oublier lors de cette période festive en famille ou entre amis.
Je vis cette torture depuis plus de vingt ans. C’est éreintant, déprimant, abrutissant, désespérant, mortel et tellement injuste la plupart du temps.
Il me semble aujourd’hui que la révolte se prépare. Certes dans le désordre, pas toujours consciente du fait originel, souvent récupérée par des intrigants pires que ceux en place. Mais n’en est-il pas de même pour toute révolte ? Qui ratisse large, car elle fait toujours face à un pouvoir et à ses serviteurs, ce qui n’est pas une sinécure.
Ces époques proches de l’affrontement, qui voient la violence juste se lever contre la violence injuste, pour finir par constater que la violence est en réalité insensible à la justice. Quand elle se déchaîne, elle est violente, un point c’est tout ; rien alors ne peut être juste ou injuste, tout n’est que violence.
Conclusion : il faut prendre du recul. Essayer de comprendre et tenter de changer ce qui ne va pas, sans ou avec un minimum de violence.
En clair, éradiquer Bercy sans être obligé de raser la citadelle et de jeter ses occupants dans des chaudrons de goudron pour les habiller de plumes.
À cet effet, je vous conte ici mon propre quiproquo.
Je suis né en 1944. Les adultes de mon époque avaient évidemment vécu la guerre de 1939, certains aussi celle de 1914, la der des ders…
Ils nous ont — peut-être involontairement et plus pour eux que pour nous — persuadés qu’ils avaient gagné cette guerre de 1939, du fait de leur résistance, de leur courage, de leur clairvoyance. Qu’il suffisait pour gagner d’être déterminé, juste, humain, intègre, libre de croyance, fidèle à ses engagements, respectueux de son voisin, insensible aux rumeurs et à la délation, travailleur évidemment, voire besogneux. En fait, qu’il suffisait d’espérer et de croire au bien pour qu’il soit.
C’est le mensonge de base. C’est de ce mensonge, auquel ma génération a cru, que découle l’infernale société d’aujourd’hui.
En réalité, les Français n’ont pas gagné la guerre de 1939 ; ils n’ont pas résisté, ou si peu nombreux. Ils ont majoritairement collaboré et dénoncé, volé et pillé, dès que l’occasion s’est présentée. Ils ont été majoritairement en dessous de tout.
C’est sur ce quiproquo que ma génération a grandi. Ceux qui, comme moi, ont cru aux sornettes répandues n’ont pas été immédiatement détrompés. En effet, la guerre avait fait un ménage, pas toujours juste mais assurément terrifiant, pour les structures étatiques qui avaient été au premier rang de la trahison : police, justice et administration en général. Donc, le pays était alors réellement libéral sur un point précis : la structure bureaucratique, ce que l’on appelle aujourd’hui la technocratie, était anéantie.
Mais ce n’était qu’une apparence. Les fausses croyances populaires étaient toujours là. Le désir profond de soumission, d’irresponsabilité, de lâcheté et de jouissance éphémère mais facile d’accès, de profit au détriment du groupe, restaient le socle invisible de la société. La cooptation clanique, toujours en vigueur.
L’organisation sociale par le mérite était toujours aux abonnés absents, puisqu’exclusivement attachée alors à la résistance, organisation naturellement opaque que la victoire des autres n’avait pas rendue transparente, qui avait enfanté le SAC. Donc, toujours l’appartenance et non la vraie valeur.
Les naïfs de mon acabit, qui ont cru aux sornettes de l’après-guerre, ont été trompés par les apparences jusqu’en 1968.
Là, l’irresponsabilité se pare de tous les fantasmes, l’irréel devient le réel possible :
« Il est interdit d’interdire — Jouissez sans entraves — Vivre sans temps mort, jouir sans entraves — Sous les pavés, la plage — Prenez vos désirs pour des réalités — Soyez réalistes, demandez l’impossible — Ne travaillez jamais — La vie ne se gagne pas, elle se perd — Élections, piège à cons »
Vaste sourire collectif et renvoi des étudiants à leurs chères études… pour treize ans seulement. En 1981, la fonction publique s’est définitivement refait une santé sur le dos des soi-disant libéraux qui ont, il faut le dire, fini de trahir la liberté et le sens du mérite sous Giscard.
En 1981, la France et les Français redeviennent ce qu’ils ont toujours été depuis l’invasion romaine : un peuple soumis à un pouvoir extérieur, l’Église romaine pendant des siècles, puis à ses propres moralistes si inventifs ensuite. Rien de réel, rien de vrai, que des fantasmes, des affabulations et les perfidies qui en découlent.
L’individu, dans sa globalité physique, intellectuelle et ses biens, étant dénié au profit d’un intérêt collectif de façade qui dissimule les intérêts personnels des manipulateurs.
En ce qui me concerne, dans la pratique, ce seront des constats inacceptables : des membres d’associations de 1909 (aéro-club et autres) qui se donnent des gratifications sur le dos des budgets de leurs associations, financées en grande partie par l’argent public, jusqu’à faillite ; des permis de construire délivrés à la tête du client, accompagnés de sommes folles données aux prescripteurs dans le cadre de la grande distribution ; la suppression du moins-disant pour les marchés publics ouvrant la porte aux préférés ; les ententes ; les subventions — faits du prince — ; les études et plans d’avenir bidons ; etc.
Une débauche irrationnelle de corruptions qui devient si tentaculaire que celui qui n’en mange pas dépérit, devient un anorexique social.
Le désordre devient tel qu’il ne doit sa survie qu’à la violence fiscale. Les anciens bannis de la dernière guerre, administratifs, juges et policiers en tout genre — en fait les traîtres serviteurs aveugles de tout pouvoir —, sous la houlette de Bercy, reprennent le pouvoir et se chargent de faire respecter cette inversion de l’ordre normal, cette éradication de la vérité, ce non-sens à la vie sociale, auquel est revenue naturellement la France.
Je constate, à 82 ans bientôt, que j’ai été englouti par ce retour naturel de mon pays à ce qu’il est vraiment. Si j’en avais pris conscience plus tôt, aurais-je pu agir de telle sorte que je ne me retrouve pas pris dans le piège mortel où je suis ?
Je ne le pense pas. Je ne me vois pas négocier avec Martinaud, sa fausse opposition à contrôle fiscal et son redressement bidon, ni avec Garcia et les mêmes choses. Je crois que ma disparition était programmée, non pas en tant qu’Henri Dumas évidemment, mais en tant qu’homme de droit, de parole, de respect du capital, du travail, de l’honneur, des biens des autres, de la parole donnée, des biens communs, de la liberté d’être, de penser et d’entreprendre.
Les résistants au mensonge des hommes de l’État, de leurs serviteurs et de leurs bénéficiaires ne sont pas plus nombreux que ceux de la guerre de 39, soit 3 %, paraît-il. Et ils n’ont pas plus de chance d’inverser le cours des événements que leurs prédécesseurs.
Il est probable que, acculés, les escrocs au pouvoir, en bande majoritaire organisée, vont en 2026 devenir de plus en plus véreux et agressifs, sous la pression des conséquences liées à leurs vices.
Inutile donc que je vous souhaite une bonne année, à laquelle je ne crois pas une minute.
En revanche, je vous assure de ma fidélité à nos principes.
Bien à vous.
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Mesdames et Messieurs,
Dans l’impossibilité de diffuser ce soir
notre série habituelle :
“ALAIN DECAUX RACONTE”,
pour cause, vous l’aurez compris,
d’une grève
(tout à fait exceptionnelle)
du Service Public,
veuillez écouter à la place :
“PAPY-68 VOUS PARLE DES BARRICADES !”,
dont voici, en avant-première,
un extrait aussi choisi qu’éloquent :
“Eh, Salut les Vieux Mecs !
Maintenant que êtes
tous supers-croulants-pénards
à la retraite,
j’ai un truc extra-chouette
à vous déblatérer
dans les oreilles :
-Comme dit mon pote DANY,
il n’est de seule et véritable
Histoire de France,
que de Mai 68 à Mai 81 ;
TOUT LE RESTE,
CROYEZ-MOI SUR PAROLE,
C’EST RIEN QUE
DU REMPLISSAGE
ET DES MENSONGES !”
N.B. : PUNAISE !
Et moi qui suis né
en JUILLET 79,
c’est à peine si j’ai connu
deux années
valables et effectives !
Bon 2026, quand même,
Monsieur le Sétois
DE PLUS EN PLUS insupportable !
Millerand
Lorsque l’on en est réduit à attaquer la personne et que l’on a en plus un net déficit d’humour, ce n’est pas bon signe.
Vous feriez mieux de vous initier à la pêche à la ligne…