La télé publique est un fromage … !

Cette déclaration avait été formulée par Jacques Martin, l’amuseur public caustique de la télé, décédé en 2007 !

Il semblerait que la situation ait peu changé depuis …

A une époque où tout le monde, sauf à l’assemblée nationale, parle de faire des économies sur le train de vie de l’Etat, il est intéressant de se plonger dans ce trou noir budgétaire que constitue la radio télé publique française grâce au rapport de la Cour des Comptes ; lequel intervient alors que l’audiovisuel public s’est lancé dans une guerre médiatique contre les médias du groupe Bolloré, notamment CNews, qualifiée de « chaîne d’extrême droite » par Delphine Ernotte, sa présidente idéologiquement.

Vous pouvez consulter ce rapport de 166 pages ici.

Présentation du groupe France Télévision

France Télévision emploie environ 9 000 personnes (7671 permanents dont un tiers de journalistes et 1 261 non permanents). Le groupe diffuse 5 chaînes nationales disponibles en TNT (France 2, France 3, France 4, France 5 et France info) et intègre un réseau de 24 antennes régionales de France 3, 9 stations ultramarines de télévision, radio et web. Il possède aussi  plusieurs filiales dont les principales sont France Télévisions Publicité, France.tv Studio, France Télévisions Distribution, France 2 Cinéma et France 3 Cinéma dont on a compris qu’il s’agit de régie publicitaire et de sociétés de distribution ou de production.

Ressources

En 2024, le groupe a vu une augmentation de ses ressources liée tant aux concours publics qu’au marché publicitaire, soutenu par les Jeux olympiques de Paris, ce qui a porté les recettes (abusivement dénommées chiffre d’affaires) du groupe à 3,3 Md€ provenant à 80 % des subventions publiques (qui se sont élevées à 2.6 Mds€) et pour 500 Millions des recettes publicitaires.

Toutefois, l’augmentation des subventions publiques entre 2023 et 2024 (+100 millions) et des ressources publicitaires n’a pas empêché un résultat net négatif de -40 millions. Ainsi donc, France Télévision, malgré une colossale subvention de 2.6 Mds€, a enregistré des pertes ; ce qui n’est évidemment pas l’indicateur d’une bonne gestion.

A titre de comparaison le groupe TF1 emploie 3.600 personnes et dégage un CA de 2.5 Mds€.

Analyse de la Cour des Comptes

Selon la Cour des Comptes, les réformes accomplies depuis 10 ans ont permis de dégager des marges de manœuvre significatives, mais la dynamique des charges de personnel et de fonctionnement ainsi que le poids des investissements, notamment dans le numérique, rendent inéluctables des réformes structurelles d’ampleur dans un contexte où une augmentation des concours publics n’est plus d’actualité. Le groupe doit se réformer pour améliorer ses performances qui sont … mauvaises alors qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’Etat !

La Cour considère la situation financière de France Télévision comme critique car les déficits d’exploitation cumulés depuis 2021 se sont accompagnés d’une forte érosion de la trésorerie et d’une baisse vertigineuse des capitaux propres. Cette situation oblige l’État actionnaire à prendre, avant le 31 décembre 2026, des mesures de rétablissement des fonds propres pour que la société n’encoure pas la dissolution.

La Cour précise que cette évolution inquiétante des capitaux propres a été peu débattue par le conseil d’administration alors qu’elle place le groupe dans une situation non soutenable sans réformes structurelles ; manière de dire que la situation n’est pas considérée comme inquiétante par ce même conseil d’administration !

La Cour a constaté que, jusqu’en 2022, France Télévisions semblait disposer d’une trésorerie abondante, mais que cette situation trompeuse résultait d’un artifice bancaire ; à savoir un emprunt de 70 M€ obtenu auprès du Trésor Public.

Elle pointe aussi :

-des charges d’exploitation élevées et notamment des frais de mission en forte augmentation, des avantages sociaux importants (13 comités d’entreprises) avec une part de 50% pour la restauration.

-un accord collectif avec le personnel qui ne permet pas à France Télévision d’exploiter toutes les possibilités ouvertes par les progrès technologiques pour optimiser l’allocation des moyens ; cet accord creusant mécaniquement le déficit d’exploitation malgré un plan de recomposition du personnel financé par l’Etat à hauteur de 78 M€. En fait, la rigidité de la structure salariale bloque toute amélioration de la productivité, malgré un recours plus important à l’emploi non permanent (comprendre CDD et intermittents du spectacle) et le bénéfice de la diminution du personnel a été annulé par l’augmentation de la masse salariale pour (sic) « préserver le pouvoir d’achat du personnel » et par des avantages sociaux très supérieurs au droit commun. Certaines dispositions généreuses (temps de travail et récupérations, retraite et licenciement) et les avantages en nature contribuent également aux surcoûts et alimentent l’accroissement permanent de la masse salariale.

La Cour relève 22 écarts à la convention collective nationale (CCN) audiovisuelle, représentant un surcoût total de 61,9 M€ alors que le temps de travail des personnels techniques et administratifs est « nettement en deçà des principes fixés par la CCN ». Conclusion : on travaille peu à France Télévision !

– Un niveau d’activité planifiée sous-évalué et déconnecté du réel avec des doublons (France Bleu/France3) qui engendre une sous-activité des personnels et qui se traduit par une planification des temps de travail en deçà du temps contractuel.

-Des efforts de modernisation et de rationalisation qui se heurtent à l’immobilisme des syndicats mettant en avant « la spécificité de l’audiovisuel public et la sauvegarde des emplois ».

– Le nombre important de jours de grèves, bien qu’en baisse jusqu’en 2023, en réaction à deux réformes : celle des retraites, et la mise en œuvre du projet TEMPO dans le réseau France 3.

-L’échec de Salto (ou plutôt le fiasco), la plateforme par abonnement lancée conjointement avec TF1 et M6 pour concurrencer Netflix et qui n’a abouti à rien ! Durant sa période d’exploitation commerciale, Salto a cumulé 244,3 M€ de pertes dont 81,7 M€ ont été supportés par France Télévision au titre de sa quote-part.

Analyse critique de l’analyse de la Cour des Comptes :

La Cour évoque, sans réelle conviction mais avec lucidité, certaines dépenses pour le moins excessives :

-Un recours intensif au taxi. 44 000 courses en 2022 alors que leur usage est normalement restreint à un créneau 22h30 et 6h00 (heures où il n’y a pas de métro ou de bus). Seulement, cette règle n’est … pas respectée car les transports en commun sont indignes pour les employés de France Télévision ! Les frais de taxi et voiture avec chauffeur s’élèvent à 3.8 millions € par an soit, pour 251 jours ouvrés dans l’année, une moyenne impressionnante de 15.139 € de taxi par jour !

-L’utilisation des cartes de paiement dites corporate (1 314 cartes bancaires ont été utilisées pendant l’exercice 2024 pour un montant de 6,4 M€), ce qui représente une dépense moyenne de 4.870€ par carte sans que l’on sache à quoi ces dépenses se rapportent …

-l’existence de « cartes carburant » qui couvrent les frais de carburant, parking et entretien de véhicules dont le montant s’élève à 150.000€ par mois (France Télévision utilise environ 2.000 véhicules) avec un plafond possible d’utilisation à hauteur de 120 litres de carburant par jour qui semble totalement disproportionné par rapport à la consommation normalisée des voitures modernes.

– la masse salariale s’élève à 658,5 M€ laquelle correspond à une moyenne de 73.000€ annuels par salarié soit environ 6.000€/mois. Outre leur niveau élevé, les salaires apparaissent relativement concentrés : 15,5 % des salariés concentrent 28,3 % de la masse salariale et 31 cadres perçoivent plus de 200.000€ par an (mais on ne connaitra pas leurs noms) !

Ce que ne dit pas la Cour des Comptes c’est que ce niveau de salaire, en progression constante est très largement supérieur à la moyenne nationale et correspond au salaire des 9% des français les mieux payés ! À France télévision, on travaille peu mais … on gagne bien !

-Les Frais de réception, de déplacement et de missions se sont élevés à 46M€ par an soit, pour 251 jours ouvrés, la coquette somme de 183.000€ par jour ce qui n’exclut pas le coulage et les frais majorés voire carrément bidons ! Les seules années où il y a eu une diminution significative ont été 2020 et 2021 années de séquestration de la population pour cause de Covid !

-les frais d’hôtel s’élèvent à pratiquement 20M€ par an ce qui représente quand même 80.000 € par jour ; toujours pour 251 jours ouvrés.

-l’attribution de voitures de fonctions pour une cinquantaine de cadres de France Télévisions, véhicules affectés pour l’essentiel sur les sites parisiens.

Par contre, la Cour ne parle pas :

-du recours inexpliqué et couteux à la sous-traitance notamment avec la société Mediawan alors que France Télévision dispose d’un personnel nombreux,

-du choix contestable de la création de France info TV totalement inutile et très couteux.

– de la dérive idéologique de France Télévision alors qu’il est devenu évident que le groupe déborde de sa mission de service public pour adopter la posture du journalisme militant de gauche, woke,  climatiste, avec la complicité de l’Arcom. Il n’a d’ailleurs échappé à personne que ce système de radio télé d’Etat est le temple de la gauche bien-pensante pour ne pas dire du gauchisme idéologique et le tropisme gauchiste de France info est tellement évident qu’elle a été surnommée bolcho info !

La question qui se pose est donc bien de savoir en quoi des chaînes de télé d’Etat seraient les garantes de la démocratie alors que l’on constate une dérive idéologique de l’institution car, véritable relai du pouvoir, l’idéologie gauchiste y est omniprésente avec, de surcroit, un matraquage écologique omniprésent. J’ai constaté très récemment, chez une amie, (je n’ai pas la télé) que les prévisions météo avaient été rebaptisées « prévisions météo climat » comme si l’on pouvait prévoir le climat … à une échéance de 8 jours !

Les dirigeants de France Télévision ont aussi déclaré refuser d’inviter toute personne susceptible de tenir un discours climato-sceptique et ils sont soutenus sur ce point, en toute illégalité, par l’Arcom qui évidemment déborde de son rôle. On se souvient du licenciement abusif de Philippe Verdier pour ses propos et son livre non conformes à la ligne politique de France Télévision.

Il est désormais notoire que France Télévision ne respecte pas son devoir de neutralité et encore moins le pluralisme politique qui devrait être la norme de tout service public payé par les impôts de tous ; et tout cela en totale impunité !

– d’une enquête parlementaire en cours à propos de pratiques contractuelles douteuses concernant Nathalie Darrigrand, directrice de France 5 de 2016 à 2019. En effet, il semblerait que cette ancienne dirigeante des programmes de France 5 ait « signé un certain nombre de contrats pour des sommes conséquentes de plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros avec la société de production Together de Renaud Le Van Kim, un proche de Delphine Ernotte». Ces contrats, payés par l’argent public, étaient destinés à produire du contenu pour des émissions comme C ce soir ou C Politique. Or, on a appris que Madame Darrigrand avait ensuite été licenciée de France Télévisions, qu’elle avait obtenu des indemnités de licenciement, que l’on soupçonne d’être très élevées, pour ensuite être embauchée à la tête de ces mêmes émissions de production avec lesquelles elle avait signée pour le compte de France Télévisions puis de prendre la direction de la société de production Together quelques mois plus tard.

Charles Alloncle, le rapporteur UDR de la commission d’enquête, précise que si ces faits étaient avérés, on se situerait au minimum dans le cadre d’un conflit d’intérêts majeur ; voire même dans le cadre d’un véritable pacte de corruption justifiant des poursuites pénales.

Conclusions :

On comprend, à la lecture de ce rapport, que France Télévision fonctionne comme une administration avec un personnel pléthorique, mais avec des avantages particulièrement couteux (salaires très élevés, avantages sociaux et professionnels divers (taxis, voitures de fonction …) qui ne sont absolument pas financés par l’entreprise.

On a affaire à un mastodonte d’Etat financé par l’impôt pour délivrer la propagande d’Etat et, pour que le personnel soit en faveur du système, on le paie très au-delà de sa valeur et de ses compétences selon l’adage « on ne mort pas la main qui vous nourrit » ; même si l’argent en question est celui du contribuable qui n’a évidemment … pas voix au chapitre en la matière !

Le rapport de la Cour est édifiant … ce sont essentiellement gabegies, gros salaires et dépenses somptuaires à tous les étages ; le tout avec vos impôts c’est à dire avec de l’argent qui ne coute rien !

L’entreprise publique perd de l’argent mais rémunère grassement ses très nombreux salariés; salariés si souvent prêts à fustiger les ultra riches alors qu’ils font bien partie de la partie la mieux payée de la population salariée française !

Les salariés de France Télévision ont en fait réussi à mettre en place, par le biais de pressions constantes sur le pouvoir politique, dont on sait qu’il est un très mauvais gestionnaire, un véritable communisme c’est à dire la possibilité pour eux de bénéficier de salaires très supérieurs à la moyenne grâce à la spoliation fiscale exercée sur les autres. En URSS on appelait ces gens-là des apparatchiks !

Madame Ernotte, qui accomplit actuellement son 3ème mandat de présidente, n’a visiblement pas vu son mandat renouvelé pour ses compétences puisqu’elle a mené le groupe France Télévision au bord de la faillite. C’est donc bien pour une autre raison et il s’agit au minimum de complicité idéologique avec le pouvoir ; voire de servilité … ce qui pourrait expliquer le fait qu’elle ait décidé d’engager des poursuites judiciaires pour dénigrement à l’encontre du groupe Bolloré (Cnews, Europe  1 et le JDD) qui se trouvent, comme par hasard, être des opposants à la macronie …

Ainsi donc, les employés de France Télévision peuvent remercier le contribuable pour les généreuses contributions qui leur permettent de vivre si bien mais … ils ne le feront pas car ils n’ont aucun complexe à cet égard ; persuadés qu’ils sont de remplir une mission d’information voire d’éclairage de la pensée et de la conscience populaires !

La seule solution lucide à cette gabegie d’argent public est la privatisation de France Télévision ; évidemment au grand dam de ses salariés qui vivent si confortablement de l’argent des autres. Néanmoins, cette privatisation apparait largement compromise sauf à … licencier les 2/3 du personnel ; ce qui est l’assurance de s’exposer à des mouvements de grève dont les salariés de France Télévision ont d’ailleurs une habitude consommée !

La télé publique est un fromage … bien gras et c’est le contribuable qui fournit la crème !

Bien cordialement à tous !

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, diplomé de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage ma vie entre la France et la Grèce. Pour moi, le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

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