Le capital : une obsession malsaine.

Pour toute personne démocrate et libérale, c’est-à-dire qui respecte les personnalités, leurs intégrités morales et matérielles, mais qui accepte que la majorité exprime une vérité collective qui s’imposerait pour gérer le groupe sans aliéner le respect des personnes, l’époque actuelle est redoutable.

En même temps, rien que la difficulté pour résumer, comme j’ai essayé de le faire ci-dessus, ce que serait la démocratie libérale de façon claire et compréhensible pour tous (raté ici en ce qui me concerne…), laisse entrevoir les antinomies du problème.

Et, quand on perçoit que 90 % de la population de la France n’imagine l’utilité du capital que pour aller se goinfrer d’achats chez Lidl ou Hermès selon ses affinités, c’est le désespoir qui s’empare de celui qui reste lucide.

Qu’au surplus cette majorité croit en l’État, et pense que celui-ci — sans doute dans les imaginations un sage vieillard en toge, barbe et couronne de fleurs — leur doit cet apport en capital, grâce sans doute à la machine à fabriquer les billets dont il serait l’opérateur béni… on croit rêver.

Oserai-je quelques comparaisons ? Qui ne sont pas raison, comme chacun le sait…

Par exemple.

En ce qui concerne l’instruction, certains considèrent le Bac comme un objectif essentiel. Ils ont évidemment complètement tort.

L’instruction ne réussit qu’à ceux qui sont avides de connaître, le Bac ne les concerne pas, simple passage de vérification. Cette avidité de connaissance va les inciter naturellement à aller plus loin, à participer à la recherche de connaissances nouvelles, à leur accumulation au bénéfice de tous.

Mais les aficionados du Bac en ont une telle obsession qu’ils ont fini par le prendre pour une preuve de l’intérêt pour la connaissance dont nul ne devait être privé. Donc ils ont donné le Bac à 90 % des prétendants. Je ne vous rappelle pas le fiasco, ce serait trop facile comme argumentation…

Conclusion : ce qui compte, c’est la connaissance, qui ne se développe que chez ceux qui ont les qualités qu’elle impose, qui appartient in fine à tous, quel que soit celui qui la découvre ou la possède exclusivement pour un temps. Ce n’est pas une récompense éphémère, fût-elle sous la forme d’un diplôme officiel.

En ce qui concerne le capital, la situation est identique.

Le capital n’a rien à voir avec les billets que l’on peut craquer le samedi, ou qui peuvent manquer terriblement dans la poche de certains. Le capital est l’addition cumulée des biens de chacun, déduction faite des dettes de chacun ou de tous.

Ce capital est essentiel à l’économie : c’est folie de le distribuer entre les mains de ceux qui ne savent ni le garder ni le faire fructifier.

Tout comme avoir le Bac ne fait pas de nous un acteur de la connaissance, partager arbitrairement et recevoir une part de capital ne fait pas de nous un acteur économique pertinent.

La distribution du Bac n’a pas rendu la connaissance équitable, elle l’a ruinée durablement.

La distribution du capital aura les mêmes effets, mais avec des conséquences encore plus graves.

Un groupe peut vivre inculte — certes tristement — mais aucun ne peut vivre ruiné. Qu’on le veuille ou non, sans capital, pas d’économie. Et sans économie, il ne reste que le dénuement.

Il a fallu que les enseignants donnent le Bac pour comprendre et subir les conséquences, il faut que les Français dispersent le capital et harcèlent ceux qui savent le faire fructifier pour qu’ils comprennent qu’aucun pays ne peut se développer sans capital.

À la décharge de la population, il faut prendre en compte les tricheurs qui brouillent la perception de la capitalisation.

Les tricheurs de la connaissance, ceux qui en font un simple usage social, une prétention, qui ne l’ont que face à ceux qui en sont dépourvus.

Les tricheurs en capital, qui l’accumulent sans vergogne en en trahissant les règles liées normalement au service rendu, au respect du client, des engagements pris, etc…

Non seulement, dans notre société, ces tricheurs ne sont pas inquiétés, mais ils arrivent à faire croire qu’ils sont la connaissance, qu’ils sont le capital. Alors qu’à ceux-là il suffirait de demander comment ils ont acquis leur connaissance, ce qu’ils ont apporté eux-mêmes à la connaissance générale ; aux autres, d’où vient leur capital, de combien ils l’ont fait fructifier, comment ils en ont créé un nouveau.

Et non de ne regarder que leur apparence, en croyant qu’elle est la réalité et en trépignant de jalousie à leur encontre. Les faussaires ne méritent pas l’ombre d’un regard : ils sont éphémères et inexistants, ils n’ont que l’importance qu’on leur accorde…

Bien à vous.

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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