Henri Dumas, créateur et auteur de Témoignage Fiscal, a écrit, en réponse à un ancien auteur quelque peu énervé : « En fait le pouvoir est toujours usurpé quand il n’émane pas de ceux qui ont les compétences. … la délégation de pouvoir est une escroquerie. Par contre l’organisation d’une société pour que les pouvoirs puissent s’exercer sans devenir hégémoniques est le seul et vrai travail que devraient assumer les politiques. Il ne s’agit ni d’anarchie, ni de pagaille, mais de discrétion et d’abnégation, les seules qualités respectables que devraient avoir les aspirants à la politique. »
Ces affirmations sont intéressantes parce qu’elles posent des questions importantes à propos de notre modèle de société ; et notamment :
-Qui est compétent pour exercer le pouvoir ?
-Comment doit s’exercer le pouvoir, quel équilibre des pouvoirs ?
-Comment justifier que le personnage présumé compétent soit celui qui convient pour diriger le pays ?
Qui est compétent ?
La France, depuis bien longtemps, dispose d’une organisation basée sur son administration et c’était déjà le cas sous l’ancien régime.
Le général De Gaulle a accentué cette tendance en voulant, à la Libération, améliorer ce champ de compétences avec l’organisation d’une formation spécifique pour les personnes qui s’occupent des affaires de l’Etat. Par ordonnance de 1945 a donc été créée l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) ; mais l’idée originale en revenait au … régime de Vichy qui avait créé l’éphémère école des cadres d’Uriage.
Donc, il n’y a pas de doute et si l’on s’en tient à la lettre du texte et aux intentions des gouvernants et le général De Gaulle fait figure d’icone à cet égard, nous avons les personnes compétentes !!!
Les anciens élèves de l’ENA ont d’ailleurs littéralement trusté tous les postes et le premier d’entre-eux, E Macron est lui-même un énarque ; tout comme Hollande, Chirac, Giscard, Jospin, Rocard, Fabius, Moscovici, Royal et tant d’autres … le premier haut fonctionnaire issu de l’ENA ayant accédé à la magistrature suprême étant Giscard en 1974.
L’exercice du pouvoir – délégation de pouvoir ou démocratie directe
La délégation de pouvoir pose le problème de l’exercice de la démocratie : Directe ou représentative.
Si la démocratie directe est envisageable pour les petites structures, elle apparaît être totalement inadaptée pour un Etat qui compte 68 millions d’habitants.
La démocratie représentative s’est donc imposée dès la création de la République et c’est en ce sens qu’a été écrite la constitution de la Vème république.
Les députés élus par les électeurs sont donc les représentants de ces derniers, l’article 3 stipulant : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. »
Une forme de démocratie directe est toutefois reconnue à travers le référendum qui n’est d’ailleurs plus utilisé par les hommes de pouvoir depuis que ceux-ci se sont rendus compte que le « peuple » ne votait pas comme prévu ou, autrement dit, que les électeurs n’approuvaient pas nécessairement les actions des gouvernants !
Néanmoins, il faut souligner qu’il existe en France une ambiguïté constitutionnelle résultant de la modification, en 1962, de la constitution de 1958 en vue d’organiser l’élection du président de la république au suffrage universel direct.
Cette modification a été voulue par le général De Gaulle, qui l’a fait confirmer par référendum du 28 octobre 1962, parce qu’il ne voulait pas dépendre du Parlement pour l’exercice de son pouvoir (à l’origine le président était désigné par les députés et sénateurs).
Du coup, les députés comme le président de la République sont issus du suffrage universel et peuvent revendiquer la souveraineté déléguée par le peuple.
Fatalement, se pose aujourd’hui la question de savoir lequel des deux, du président ou de l’assemblée nationale, qui sont de la même façon délégataires de la souveraineté populaire, est le plus légitime pour agir et diriger le pays notamment lorsque la majorité des députés n’est pas de la même couleur politique que celle du président ?
Ce conflit de légitimité reste à ce jour non résolu …
Le constat d’un échec flagrant
Les hauts fonctionnaires ont-ils dirigé le pays avec sagacité ces 50 dernières années ?
Visiblement, ce n’est pas le sentiment de la majorité de la population … mais on connait la versatilité de l’opinion publique.
Toutefois, l’examen des faits conforte cette opinion populaire car le pays est actuellement empêtré dans une situation budgétaire extrêmement périlleuse …avec 3.500 Mds€ de dette accumulée dont on sait qu’elle est à ce jour impossible à rembourser.
On est donc contraint de constater que notre haute fonction publique a mené sciemment le pays au bord de la faillite.
La compétence n’est donc pas suffisante …
Que s’est-il donc passé : volonté populaire ou défaut de démocratie ?
Le haut fonctionnaire, qui était au départ un agent d’exécution, est devenu insidieusement et progressivement un décideur politique tout en pouvant redevenir par miracle un agent d’exécution quand cela apparaît nécessaire : on a donc une confusion des genres source de toutes les dérives … avec des conflits d’intérêts évidents notamment lorsqu’une décision politique de nature à porter atteinte aux hauts fonctionnaires se trouve prise car on sait que ces derniers feront tout pour la bloquer.
Car, le pouvoir est aussi une lutte de pouvoirs !
En fait, comme une pieuvre, les hauts fonctionnaires n’ont cessé d’étendre leur pouvoir dans tous les domaines (administratif, politique, économique) et ils sont devenus aujourd’hui le véritable pouvoir alors qu’ils ne sont pas assujettis aux aléas des élections puisque, quel que soit le résultat de celles-ci, ils sont toujours là et décident.
Ne nous leurrons pas les ministres ne sont au mieux que des porte-parole de l’administration qu’ils représentent …
Le développement de ce système a eu 2 conséquences essentielles :
-La haute fonction publique a d’abord pensé augmenter son pouvoir et protéger ses intérêts plutôt que les intérêts du pays …ce que l’on appelle ici-bas, l’esprit de corps !
Car la haute fonction publique fonctionne par corps (ENA, X-mines, Ponts …) chaque corps mobilisant toute son énergie pour préserver ses prés carrés !
-la haute fonction publique vit dans un système artificiel et ultra protégé qui est basé sur les meilleurs postes professionnels, les meilleurs avantages sociaux, les meilleures rémunérations ; le tout basé sur la spoliation des biens d’autrui sous forme d’impôt !
En outre, cette constatation en amène d’autres …
Un haut fonctionnaire sera-t-il capable de réformer et de prendre les mesures nécessaires ?
Il est largement permis d’en douter dans la mesure où le haut fonctionnaire, du fait même de son statut, n’engagera jamais aucune action contre ses pairs : toujours l’esprit de corps.
En outre, les hauts fonctionnaires sont issus d’un système marqué par l’étatisme ; et ce sont effectivement des étatistes convaincus qui, non seulement, ignorent totalement les règles économiques de marché, mais estiment que celles-ci doivent, de toute façon, se plier à la toute-puissance de l’Etat stratège !
Pour eux, l’Etat doit rester le maitre en toutes circonstances et ils ont imposé leurs vues dans tous les domaines ; y compris au détriment d’une population qui n’a, bien souvent, pas eu d’autre choix que subir !!
Toutefois, il apparaît évident que, pour l’instant, l’essentiel de la stratégie de l’Etat est d’accabler la population d’impôts au-delà de toute raison et de toute justification afin de maintenir, à toute force, ce système en place qui est si favorable à ses acteurs issus … de l’ENA et des grands corps !
Cela signifie donc clairement qu’il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé le problème pour espérer le résoudre !
Le problème est que leur emprise est telle que, sauf à adopter une réforme abrogeant le statut de la fonction publique, ces hauts fonctionnaires incompétents et si couteux sont absolument inexpugnables !
Election, certificat de compétence ?
On sait, avec certitude depuis 2017, qu’une élection permet de porter au pouvoir à peu près n’importe qui à partir du moment où le candidat dispose, comme cela a été le cas en 2017, d’une infrastructure et des ressources suffisantes. E Macron a pu ainsi être élu sans avoir fait la preuve de quoique ce soit et alors qu’il n’avait, de surcroit, jamais rempli aucun mandat électif !
Or, tout le monde sait désormais qu’E Macron, qu’il faut voir plus comme le représentant de la haute fonction publique et chargé, en tant que tel, de défendre ses intérêts, que celui des français qui l’ont élu, a mené le pays au bord de la faillite par une politique insensée de distribution d’argent gratuit (le fameux koikilenkoute) … à seule fin de s’épargner la grogne populaire dont il redoute les effets !
Donc, une élection n’est pas un brevet de compétence …
Et l’abnégation ?
Compte tenu de l’extrême médiocrité de nos hommes et femmes politiques, on sait que si l’on ne devait s’attacher qu’à leurs compétences, la plupart d’entre-eux seraient immédiatement déchus de leur(s) mandat(s)
Or, en France, ce n’est visiblement pas le cas et la situation est aggravée par le fait que si certaines professions nécessitent d’avoir un casier judiciaire vierge, cette exigence n’existe absolument pas à propos de nos politiciens dont une quantité phénoménale a déjà eu affaire à la justice.
Et, ce n’est évidemment pas un hasard …
Avec lucidité, on sait que l’entrée en politique d’individus à la compétence plus ou moins douteuse suit plutôt le schéma « se servir sans scrupules » que « servir avec abnégation» ; ce qui explique la quantité assez stupéfiante de politiciens, y compris hauts fonctionnaires, qui ont été condamnés par la justice.
La moralisation de la politique apparaît donc être une étape indispensable afin d’éliminer tous les margoulins et malhonnêtes de la politique.
Or, la volonté de moralisation de la vie publique, tant prêchée par F Hollande lors de son mandat calamiteux entre 2012 et 2017 (à la suite du scandale Cahuzac), n’a jamais abordé cet aspect, pourtant essentiel, de la question ; ce qui permet donc à des délinquants avérés d’occuper des postes à responsabilité et de représentation locale et nationale … ce qui est pour le moins stupéfiant !
Il fallait moraliser mais sans gêner les collègues ; on ne s’est donc attaqué qu’à la partie la plus scandaleuse du problème !
Nécessité d’un homme fort ?
W Churchill, Premier Ministre du Royaume Uni et prix Nobel de littérature, qui avait une habitude consommée de l’exercice du pouvoir, avait affirmé avec conviction que la démocratie était le pire des régimes politiques à l’exclusion de tous les autres !
Le dernier dictateur anglais était O Cromwell en 1640. Il n’y en jamais eu depuis … à la différence d’un pays comme la France.
Combien avons-nous eu de dictateurs et « d’hommes forts » qui n’ont pas tous agi pour le bien du pays ?
Cela signifie que la nécessité d’un homme fort, si ce n’est un dictateur, est peut-être souhaitable pour certains mais n’est nullement indispensable ; il faut d’abord et avant tout un système politique équilibré avec de multiples contrôles destinés à éviter les dérives du pouvoir.
Or, le régime politique français, s’il est bien une République, n’est finalement qu’une démocratie très limitée avec un déséquilibre, parfaitement voulu, des pouvoirs et une absence de réel contrôle.
Il a toujours été affirmé que la Vème République organisait une monarchie élective … ce à quoi on peut ajouter : Avec une oligarchie toute puissante et totalement incontrôlable !
Démocratie et équilibre des pouvoirs
Avec lucidité, lord Acton avait pu affirmer que si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument !
Cela signifie que le pouvoir exercé sans contrôle et sans contre-pouvoir mène inéluctablement à la dictature !
Or, le pouvoir hégémonique exercé par la haute fonction publique mène inéluctablement à ces dérives … sans que la compétence de ses membres entre en ligne de compte !
Il n’est finalement qu’à se demander qui sont ces individus qui s’opposent à toute réforme à ce sujet pour … comprendre la nature du problème !
En conclusion, on comprend que la direction des affaires de l’Etat n’est pas seulement une affaire de compétence et d’abnégation.
Fatalement, il apparaît extrêmement peu probable, sauf à renouveler l’expérience de 1789, de pouvoir se débarrasser de notre haute administration et de la haute fonction publique, qui bloquera toute réforme de nature à lui porter atteinte, tant elle s’est incrustée dans tous les rouages du pays (administration, politique, économie à travers les postes de direction des grandes entreprises publiques et privées).
Bien cordialement à tous !
104 vues
d’où mon interjection :
une démocratie sans contrôle est un leurre.
Réduire au maximum les contacts avec l’administration, faire de la résistance passive à défaut de résistance active, ne jamais perdre une occasion de remettre les fonctionnaires à leur place : celle de médiocres. Refuser de communiquer avec l’administration par internet ou téléphone, juste du courrier, ne jamais leur faciliter la tâche.
Bercy n’est pas invincible souvenez vous pour les plus anciens : 1981 Miterrand et la redevance sur les magnétoscopes, un flop monumental, les contribuables ne declaraient pas. Tout commence par une prise de conscience.
Ce n’est pas le pouvoir qui est en cause me semble-t-il, mais l’abus de pouvoir.
A méditer Michel Serres, philosophe français 1/09/1930 – 1/06/2019 =
-« Si tu as un pain et moi un euro, et que j’utilise mon euro pour acheter ton pain, à la fin de l’échange, j’aurai le pain et toi l’euro. Cela semble être un équilibre parfait, n’est-ce pas ? Au début, A possède un euro et B un pain ; ensuite, A a le pain et B a l’euro. C’est une transaction juste, mais purement matérielle.
Maintenant, imagine que tu possèdes un poème de Verlaine ou que tu connais le théorème de Pythagore, et que moi, je ne connais rien de tout cela. Si tu me les enseignes, à la fin de cet échange, j’aurai appris le poème et le théorème, mais tu continueras à les posséder également. Dans ce cas, il ne s’agit pas seulement d’un équilibre, mais d’une véritable croissance.
Dans le premier exemple, nous avons effectué un échange commercial ; dans le second, nous avons partagé des connaissances. Alors que les biens matériels se consomment, la culture, elle, se diffuse sans limites. »
-Michel Serres résumait sa philosophie : « On ne se sauve un pays, une société , une entreprise, que par le savoir, l’investissement bien plus sûr que le compte en banque ».
-Pour une personne, une classe sociale, une famille ou une nation, l’avenir c’est la société de la connaissance . Quel dommage que cette belle philosophie ne soit pas inscrite en grandes lettres au fronton des écoles publiques et privées.
-Michel Serres est décédé avant d’avoir réussi à convaincre les ministres français de l’éducation nationale et les enseignants que le savoir est plus important pour les hommes et leurs enfants que les billets de banques.
La France fabrique son propre déclin ! Emmanuel Todd, écoutons le=
https://www.youtube.com/watch?v=cLHmwDY6stc
L'”ANCIEN AUTEUR quelque peu énervé”
(PUISQU’IL S’AGIT DE
Sébastien MILLERAND
EN SOUS-TEXTE),
et qui a déjà été traité, tour à tour
et précédemment sur ce blog, de :
“BRANDOLINI-BARATIN” (PAR DOMINIQUE PHILOS)
et de “CROYANT” aux “hypothèses irréalistes et décalées” (PAR HENRI DUMAS) ;
CET “ANCIEN AUTEUR”,
qui vous a TOUS lus, approuvés, cités et défendus
(ayant même appelé Monsieur Philos : “L’Athénien extra-lucide”,
dans un jour d’expansion lyrique qu’il regrette déjà),
et que vous méprisiez SANS LE DIRE,
tant qu’il a collaboré à votre travaux,
L’ANCIEN AUTEUR énervé, donc,
VOUS DIT SOLENNELLEMENT :
“MERDE” !
ET IL AJOUTE QUE LE PLAN DU LIVRE,
VOULU ET ATTENDU
PAR MONSIEUR DUMAS,
(RECUEIL DE SES MEILLEURS BILLETS)
QU’IL COMPTAIT
OFFRIR ET SOUMETTRE
à L’AUTEUR D’ICI SEPTEMBRE
(JOLIE SURPRISE, EN EFFET !)
A FINI “EN LAMBEAUX DE PAPIER”
à LA BROYEUSE !
IL VOUS PRIE DE CROIRE,
POUR CONCLURE,
EN L’EXPRESSION DE SA
TOTALE INDIGNATION !
Bonjour,
Quels que soient vos griefs envers Henri DUMAS, inutile de hurler ( écriture majuscule) pour réagir aussi violemment et sans nous expliquer calmement de quoi il retourne. Je me faisait des croyants chrétiens une autre idée, notamment concernant la tolérance et le respect du prochain. Quant à l’humilité du simple pécheur, on n’en trouve pas trace?
Je ne me risquerai pas à vous accuser d’intolérance, mais force est de constater qu’elle se répand dans notre monde à la vitesse grand V et que ça ne laisse pas augurer d’un avenir serein, calme et apaisé si même des chrétiens en apparence convaincus s’y mettent!
Bien à vous.
“Fatalement, il apparaît extrêmement peu probable, sauf à renouveler l’expérience de 1789, de pouvoir se débarrasser de notre haute administration et de la haute fonction publique,”
Le “fatalement” de cette dernière phrase résume bien ce que risque d’être l’avenir de la France: CE PAYS EST FOUTU selon les conclusions de H16!