Mon plan d’économies !

Mon plan d’économies !

Toute personne ayant l’expérience de la politique sait qu’on n’y arrivera pas. Je veux dire : à baisser nos dépenses et à rétablir nos finances. Il suffit de lire ou d’écouter les médias pour le comprendre. Si quelqu’un lance l’idée de diminuer les dépenses de l’Etat, il ne faudra que quelques secondes pour qu’une voix péremptoire vienne s’indigner et lance : « Alors vous voulez moins de policiers pour lutter contre l’insécurité ? ». Ou bien encore : « Moins de professeurs dans les écoles, moins d’infirmières dans les hôpitaux ? ». Et ainsi de suite, comme disait Tchékhov, qui parlait de l’éternelle Russie, celle qui pourtant allait finir par disparaître dans le communisme.

C’est évident, on  n’y arrivera pas. Alors il viendra un moment où la catastrophe financière sera là et où tout sera bouleversé. Mais là non plus, on n’y arrivera pas, car il faudra évacuer les ruines et essayer de reconstruire quelque chose. Bon courage ! Tout devrait donc nous conduire à prendre immédiatement les mesures qui redresseront nos finances. Et il n’y en a pas d’autres que de dépenser moins. Et de le faire sans trier les victimes de la purge. Puisque ce sont les dépenses de l’Etat qui sont en cause, c’est elles qu’il faut couper, sans distinction de ministère. Car si l’on commence à exonérer certains (en vertu des grands principes ou des bons sentiments, comme le chantait Guy Béart), on finira par exonérer tout le monde et la catastrophe se produira comme prévu.

Aucune mesure d’économie n’a pu réussir sans qu’elle soit appliquée à tous. C’est la loi du groupe. Ou la psychologie des foules, ce qui est la même chose. A celui qui aura la charge d’appliquer cette politique, on dira : « Vos mesures sont injustes. » S’il veut réussir, il devra répondre : « Oui, je le sais, et je suis aussi indigné que vous, mais je n’ai pas le choix. Il en va de la survie de la France. » Si on le chasse, un autre viendra, qui échouera. Puis un autre et un autre encore, qui finira par réussir. Ainsi va l’histoire des peuples et des nations.

Bon, alors quelles économies ? Il faudra être simple, et même simpliste. Donc faire comme le ferait la catastrophe. On fixe un pourcentage de baisse des dépenses, et on l’applique à tout le monde. Cela donne une feuille d’impôts au bas de laquelle figurera la somme « d’avant », affectée d’un chiffre précédé de la baisse appliquée, mettons par exemple : moins 10 %  du plan de sauvegarde. Le calcul est simple à faire. Nos dépenses publiques sont de 58 % de la production nationale. Celles de l’Allemagne de 48 %. Nous n’avons pas un amour immodéré de nos voisins d’Outre Rhin, mais nous avons la même monnaie et la même banque centrale. Nous ne devons pas faire plus mal qu’eux.

Pour arriver à 48 % de dépenses publiques, nous devons économiser 10 points de PIB, soit 260 milliards d’euros sur nos 1600 milliards de dépenses et arriver ainsi au chiffre requis. En moins de deux ans, l’essentiel aura été fait, c’est-à-dire que nous aurons été remis à niveau. Dans un contexte de concurrence internationale, il faudra évidemment aller plus loin, mais nous serons sortis du piège mortel où nous nous débattons et nous pourrons poursuivre nos progrès.

Est-il possible à nos politiciens de persuader la nation de faire cet effort. J’en doute. Bien entendu, l’extrême gauche hurlera comme d’habitude, mais une majorité de gens raisonnables soutiendra cet effort de sauvegarde. A condition qu’un vrai leader se dégage et prenne cette politique à son compte. Là encore, c’est la règle. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas la prévalence du chef, elle s’impose encore aux peuples. Quitte à ce que le chef ne se maintienne pas trop longtemps dans sa fonction, cela reste un choix nécessaire. Alors qui ?

Des derniers présidents de la Ve République, nous n’avons pas un souvenir éblouissant. Du président actuel, non plus. Parmi les impétrants pour le prochain mandat, seul David Lisnard paraît pouvoir porter une telle solution. Mais ne fermons pas la porte, parfois quelqu’un de nouveau apparaît. L’essentiel est que d’abord un vrai débat s’ouvre dans l’opinion. La responsabilité des médias est engagée. On ne leur demande pas de parler de cela en permanence, mais d’ouvrir leurs colonnes et leurs antennes à des penseurs de bon aloi que n’aveugle pas l’idéologie. Les premiers vrais penseurs de l’humanité se sont manifestés à Milet, en Ionie, il y a vingt-six siècles. Ils n’ont pas eu de vrais successeurs, tant les religions et les idéologies  ont encombré les cerveaux. Il serait temps que nous en revenions aux leçons de la Grèce antique !

De tous les contacts que j’ai eus avec les Français au cours des dernières années, je garde un souvenir optimiste. Je n’en dirais pas autant des hommes politiques ou même des intellectuels. On a le sentiment d’une nation coupée en deux, comme le sont aujourd’hui les Etats-Unis. Dans ce dernier pays, on déménage pour n’avoir plus à supporter des gens qui vous détestent et que vous finissez vous-même,  à cause de cela, par détester. Par bonheur, la coupure français ne semble pas passer au sein du peuple, mais entre celui-ci et les élites (ou prétendues telles). La situation n’est donc pas si grave que cela. Le tout est donc de parler au peuple et non aux seules élites. On doit pouvoir y arriver !

Claude Reichman

 

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