le 3 janvier 2021
Dans sa dernière interview de l’année 2020 publiée dans L’Express du 23 décembre, le président Macron affirme : « Nous ne sommes pas un pays qui se réforme comme les pays anglo-saxons, scandinaves ou l’Allemagne, nous sommes un pays qui se transforme. Un pays très politique, perclus de passions contraires. C’est ce que j’aime profondément en nous. Cette tension créatrice ». On retrouve dans ces paroles un brin provocatrices et non dénuées de prétention, l’ancienne antienne de la singularité française. Un cliché invoqué par la plupart des politiques incapables de réformer ce pays. Car la France n’est pas forcément différente des autres. Bien sûr, elle a ses particularités, comme chaque pays au monde mais dont aucune ne justifie l’absence des réformes accomplies ailleurs avec succès, non seulement dans les pays cités par le président mais aussi au Canada, au Chili, en Australie ou dans l’Est de l’Europe…
L’Etat a failli à sa mission. Il est grand temps de le « transformer »
La France se « transforme » parce que les politiques n’ont pas le courage de réformer. Ou ne savent pas le faire. D’ailleurs, plus loin dans l’interview, le président livre, probablement sans s’en rendre compte, LA clé de notre grosse machinerie maison : « … Car seul l’Etat protège in fine et seul l’Etat réconcilie liberté et égalité. » Tout est lié à l’Etat, à la décision politique, à l’interventionnisme.
Les Français ont besoin d’être « protégés ». C’est la conviction intime de M. Macron. Dans cette même interview, il soutient que, grâce au deuxième confinement, « …nous sommes l’un des pays européens qui se porte le mieux face à cette épidémie à ce stade ». Faux, monsieur le président. Du moins si l’on en croit les chiffres (outils dont vous vous êtes beaucoup servi, pas toujours en toute bonne foi). Fin décembre, la France était le 5ème des 10 pays au monde comptant le plus de contaminations. Par rapport au nombre de ses habitants, elle déplore autant de morts que les Etats-Unis. Et aux Etats-Unis, beaucoup d’Etats n’ont pas confiné ou l’ont fait sur des périodes très courtes ou partiellement.
Lors de ses vœux, M. Macron a réitéré une partie de ces propos et insisté sur son expression favorite, « tous ensemble » afin de s’en sortir.
A l’IREF, nous ne faisons pas le même constat. Ce que nous avons trouvé de plus inquiétant en 2020 – nous l’avons dit et écrit plusieurs fois – c’est l’échec de l’Etat, pris complètement au dépourvu par la pandémie malgré son titre de champion du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques. Ce que nous avons constaté avec effarement, comme tous les Français, c’est le délabrement et les dysfonctionnements de notre système hospitalier, qui bénéficie pourtant du plus important budget parmi les pays européens. Un système bureaucratisé, gangrené par les 35 heures et par le nombre record de fonctionnaires non-hospitaliers. Cela commençait à se savoir, c’est devenu dramatiquement flagrant avec la crise, mais M. Macron n’en dit pas un mot. Nous, si.
Les politiques devraient s’inspirer du privé
A l’IREF, nous avons aussi fustigé l’incapacité des politiques à prendre les bonnes décisions au bon moment. Les masques et les gels ont manqué jusque bien après le début de la pandémie et qu’a fait l’Etat ? Il a imposé un monopole sur la distribution ces produits au lieu de faciliter la concurrence. Qu’ont fait nos gouvernants ? Ils ont accumulé les décisions hâtives et, pour pas mal d’entre elles, incompréhensibles. On n’a pas fini de commenter les fermetures de bars, de restaurants et de petits commerces qui avaient tout intérêt à prendre mille précautions, les entassements dans les grandes surfaces, les transports, voire dans des manifestations, où les contrôles étaient quasi impossibles.
Et nos décideurs se sont enferrés avec une belle constance, sans même remarquer que le secteur privé, lui, fourmillait d’idées et trouvait rapidement pléthore de solutions à la pénurie, en s’appuyant sur le marché et la concurrence.
Autre constat réconfortant : l’innovation tendue comme un ressort a répondu presque instantanément à la crise en fournissant les moyens, dans tous les pays du monde, de continuer à travailler et mener une vie sociale. Pêle-mêle, citons le télétravail, les réseaux sociaux, Zoom, les paiements à distance et sans contact, les commandes et les livraisons en ligne et, surtout, la mise au point de nombreux tests, de nouveaux médicaments et des vaccins. Ce sont des individus, des entreprises, le marché et la concurrence qui ont rendu tout cela possible.
L’État vous protège quand on vous injecte du rivotril en pleine détresse respiratoire.
L’Etat a protégé les Juifs quand ils les a envoyés dans des camps d’extermination polonais.
L’Etat a protégé les Japonais en leur jetant deux bombes nucléaires sur la figure.
Mais protégé de quoi au juste ?
Les chaînes énormes qui entravent notre pays ne sont pas prêtes de tomber et encore moins avec ce président fou !