L’Etat : cette abstraction qui nous tue

Le titre de ce billet induit la question fondamentale : jusqu’où pouvons-nous accepter l’inacceptable ? C’est-à-dire : quelles contraintes peut supporter l’homme que nous sommes tout en restant un homme ? Ou encore : à quel moment ce qui nous est pris est tel que ce qui nous reste ne nous permet plus d’être des hommes, des êtres vivants libres ?

Petit détail, j’ai oublié de préciser la différence, pour moi, entre un homme et un animal ou tout être vivant. Cette différence c’est la liberté, la conscience que l’homme en a, l’usage qu’il peut en faire.

Ce qui implique que, ne jouissant pas de la liberté, certains hommes n’accèdent pas au statut d’homme, soit de leur fait, soit du fait de leur environnement. Constat gênant, j’en conviens, mais il en est ainsi. Sans cette prise de conscience, son acceptation, nulle réflexion raisonnable n’est possible sur la condition humaine et ses contraintes.

Ceci posé, quels sont les éléments de liberté auxquels aspire l’homme. Je dirais : la liberté de vivre, la liberté d’aimer, la liberté de penser, la liberté de posséder.

Trois obstacles se dressent devant celui qui aspire à jouir de ces libertés dans sa course existentielle : l’environnement naturel, les autres, lui-même.

Les autres, ce sont eux qui nous intéressent dans ce billet.

Ils peuvent être des obstacles individuels, voire des groupuscules, constants ou ponctuels.

Génétiquement l’homme fonctionne en meute. Face aux difficultés, ou pour atteindre certains objectifs, il se regroupe naturellement.

Ce reflexe collectif n’a en réalité qu’un but : pallier la faiblesse naturelle des hommes face à la nature, obtenir par l’effet de groupe une force globale d’équilibre, voire de combat ou de domination.

Naturellement, ces épisodes collectifs sont conjoncturels et ponctuels, ils s’effacent lorsque le but pour lequel ils se sont créés est atteint. Leur objectif est toujours positif. Il n’est pas d’effet de regroupement ayant pour objectif avoué une perte, une régression.

L’Etat

Lorsque ces regroupements sont structurés globalement, que leur structure s’impose à nous sans possibilité de lui échapper, qu’ils ont la prétention de nous inclure de force dans leur structure, ils se font alors appeler : l’Etat.

C’est là que les choses se corsent.

La pérennité de ce type de regroupement lui ôte la ponctualité des regroupements naturels et, conséquemment, la clarté de l’objectif poursuivi.

On peut dire à partir de ce moment là que le but devient une abstraction.

C’est le point pivot quand le réflexe grégaire qui nous regroupe n’a plus un objectif ponctuel, simple, naturel, mais au contraire un objectif constant, abstrait, prétendument à définir en cours de route.

On peut alors affirmer que l’Etat lui-même est une abstraction.

Il se passe à ce moment précis une chose extraordinaire, alors que jusqu’ici l’idée de regroupement ne voyait le jour qu’au service d’individus regroupés pour affronter une difficulté, le regroupement qui se fait appeler Etat a la prétention d’imposer aux hommes qui le composent de le servir, sans pour autant s’engager à leur apporter en retour un avantage visible, déterminé.

Dans ces conditions, d’où vient le fait que des Etats existent ?

Mauvaise question : l’Etat n’existe pas.

Ou plutôt, il n’existe pas d’Etat issu de la volonté unanime de ceux qui les composent, contrairement à ce qui se passe pour les regroupements spontanés et ponctuels initiés par les hommes pour pallier à leur faiblesse face à la nature.

L’Etat est une vue de l’esprit imposé par une minorité de dominants.

Une abstraction basée sur un mensonge qui consiste à récupérer le reflexe grégaire des humains en affirmant que sa pérennité ainsi formulée va permettre d’éviter les contraintes liés à des regroupements successifs fatalement accompagnés de leur part d’improvisation et de surprise.

Les dominants à la manœuvre, après avoir affirmé posséder un mandat — toujours douteux, qu’il vienne de Dieu ou des urnes – considèrent qu’ils peuvent utiliser la force pour contraindre à rester dans le groupe constitué qu’ils appellent “Etat”  tous ceux qui ont le malheur de se trouver à leur portée.

Nous voilà inclus, sans doute contre notre gré, dans un groupe qui n’a ni objectif précis, ni de ce fait de durée déterminé, mais qui va exiger de nous une limitation de nos libertés.

Ce groupe, l’Etat, a la prétention de pouvoir disposer de nos vies en cas de guerre décidée par lui, de nos biens qu’il pense mieux gérer que nous, de nos pensées dans les secteurs où il considère que les siennes doivent être uniques.

Ces libertés — qui font de nous des hommes — ainsi amputées, valent-elles les promesses que nous font les dominants avant de nous en priver ? Assurément la réponse est non.

Et que dire quand ils nous en dépossèdent sans même nous proposer quoique ce soit en échange. Ce qui n’est pas rare, chez nous ou ailleurs.

L’Etat, qui pourrait avoir une raison d’être uniquement en tant que groupement conjoncturel de défense face à des agressions injustifiées, est une abstraction scandaleuse dans sa réalité de tous les jours.

Chacun de nous paie du prix de ses libertés la facture de cette ineptie, de cette machine à servir les dominants qui la gèrent.

Aujourd’hui il n’est pas incongru de se poser objectivement la question : devons-nous nous débarrasser de cet abstraction qu’est Etat, qui tue nos libertés fondamentales pour le seul bénéfice de ses seigneurs, qui nous ramène au rang d’esclave par rapport à eux ?

Je vous laisse juge en ce qui vous concerne, pour moi c’est clair, l’Etat, en sa forme actuelle, cette abstraction qui nous tue, doit disparaître. Et, pas pour plus d’Etat, mais pour plus de libertés individuelles et très peu d’Etat.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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